Les « réclusionnaires » de la rue

Les « réclusionnaires » de la rue

pauvre.jpgNés pour devenir mendiants, ces enfants, otages d’une situation qui les dépasse, sont exploités par leurs propres parents, voire loués à des réseaux d’escroquerie. Ces enfants occupent, aujourd’hui, les rues.

Les enfants qui mendient est un fléau de société, un drame au quotidien, une triste réalité. Comment ces enfants finissent-ils dans la mendicité et qui sont ces adultes qui se servent de bambins pour demander la charité. Nous avons tenté de le savoir à travers ce petit reportage.

Aujourd’hui, beaucoup d’enfants sont victimes d’une forme d’esclavagisme dictée par une situation sociale des plus pénibles.

Nous nous sommes donc rapprochés de ces enfants afin de savoir comment ils vivent au quotidien et ce qu’ils pensent de leur situation.

Notre périple a commencé en plein cœur de la capitale, plus exactement à la place Audin, où de nombreux enfants font la mendicité. Samedi 28 février 2015, l’heure indique 9h30 lorsque les premiers enfants accompagnés de leurs mamans débarquent dans les artères d’Alger. Ils arrivent majoritairement par train. Certains viennent même de Blida ou de Thénia, alors que beaucoup sortent de leurs maisons rudimentaires, à l’aube, depuis les communes de l’est d’Alger.

Quelques-uns sont carrément déposés par des véhicules. Il s’agirait de clandestins du voisinage, soulignent des policiers. En arrivant à Alger, entre autres au Boulevard Hassiba-Ben Bouali, Didouche-Mourad, devant les marchés et devant les gares ferroviaires, des centaines de femmes prennent place pour entamer leur journée, en compagnie de leurs enfants exploités pour la « bonne » cause. Farid, c’est le prénom de cet enfant âgé de 6 ans, est assis à côté de sa maman et de sa petite sœur

Charazed, âgée de 4 ans. Le visage pâle avec des cernes sous les yeux, Farid paraît déjà très fatigué pour son âge. Les approchant, nous avons demandé à Farid d’où ils venaient ? Arrivant difficilement à s’exprimer, il a quand même répondu à notre question : « Je viens tous les jours de S’mar.

C’est maman qui veut ce n’est pas moi. Moi, je voudrais rester avec mes amis pour jouer au ballon. On prend tôt le matin le train, chaque jour, pour venir à Alger. « Avec un ton agressif, sa maman demande alors à son fils de rester près d’elle, de peur que nous apprenions ce qui se cache en réalité derrière cette histoire. Posant la même question à la mère, celle-ci, âgée d’une quarantaine d’années nous demanda, : « S’il vous plaît pourriez-vous me laisser, moi et mes enfants, tranquilles. «

Yasmine, est devenue mendiante à la fleur de l’âge

Portant le hijab, Maysa, 12 ans, est devenue mendiante dès son plus jeune âge. L’aînée de sa famille, elle n’a jamais mis les pieds à l’école. Triste vie pour cette fille qui, quotidiennement, prend un bout de carton pour s’asseoir et sollicite quelques pièces des passants pour.

De l’argent qui va servir à acheter de la nourriture, nous révèle-t-elle. Habitant à Dergana, Maysa fait régulièrement la navette entre Dergana et Tafourah (Alger). Elle ne supporte plus cette vie, mais depuis que son père est mort, voilà six ans déjà, elle est contrainte d’assumer la responsabilité de ses deux petits frères et de sa petite sœur.

Les enfants réfugiés « investissent » dans la mendicité Aux côtés des enfants algériens, les enfants syriens, maliens et nigériens squattent les rues et places de la capitale mais aussi celles d’autres villes du pays.

L’Etat algérien, par la voix de la ministre de la Solidarité, a promis une prise en charge de ces réfugiés dans de brefs délais. Et effectivement des centaines de réfugiés ont été reconduits aux frontières. Toutefois beaucoup ont réussi à passer à travers les mailles du filet. Aujourd’hui, ils occupent encore le terrain, notamment dans les gares. La station ferroviaire d’Agha, à Alger, est un cas de figure flagrant.

« Mais que fait l’Etat ? « , demande une femme à un agent de sécurité. Cette dernière s’interroge sur l’absence de l’Etat face à cette situation attristante. Les tramways d’Alger ne sont pas en reste.

De jeunes Syriennes avec leurs enfants, parfois leurs bébés, sillonnent les wagons du tramway pour collecter de l’argent. Le phénomène touche aussi le trançon Alger-Boumerdès, au niveau de l’autoroute de Boudouaou. Des enfants syriens, tenant des des affiches avec des écrits, interpellent les automobilistes.