Les filières agricoles face aux velléités de malversations, Zones d’ombre autour de la fièvre aphteuse

Les filières agricoles face aux velléités de malversations, Zones d’ombre autour de la fièvre aphteuse

fievre-aphteuse_851195_679x417.jpgEn dépit de tous les moyens, colossaux soient-ils, engagés par l’Etat pour sa structuration, le secteur agricole n’en finit pas avec les pratiques opportunistes qui le rongent avec tout ce qu’elles entrainent en malversations et corruption. Ce fléau vient à nouveau de se confirmer à l’ombre de l’épidémie de fièvre aphteuse qui a frappé la filière élevage durant cet été.

Alors que le ministère de l’agriculture et du développement rural a mis en place un dispositif réglementaire devant encadrer les opérations de gestion de ladite crise et les procédures d’indemnisation des éleveurs ayant été touchés, les indus opérateurs du secteur n’ont pas tardé à surgir de l’ombre pour en tirer profit d’une manière occulte. Les premiers mis en cause ne sont autres que des vétérinaires exerçant à titre libéral qui ont été nombreux, dans plusieurs régions du pays, à faire preuve de complaisance à l’égard des éleveurs en mal d’honnêteté.

Des inspections vétérinaires à travers plusieurs wilayas du pays ont fait état de dizaines d’éleveurs qui sont en possession de certificats sanitaires fictifs signés par des cabinets vétérinaires privés et ce, dans l’intention de se faire indemniser sur de prétendus bovins qu’ils auraient perdus dans le sillage de cette épizootie de fièvre aphteuse.

Il a fallu, du coup, l’intervention du département d’Abdelwahab Nourri qui, par le biais de la direction des services vétérinaires, a rappelé à l’ordre ces spécialistes libéraux de la santé animale en leur faisant savoir que « l’inspection vétérinaire de wilaya est la seule habilitée à remettre aux éleveurs et aux transporteurs de bétail les certificats sanitaires, notamment lorsqu’une épizootie sévit dans le pays, comme c’est le cas de la fièvre aphteuse actuellement ». La première alerte a été donnée à la mi-septembre par l’inspection vétérinaire de Mostaganem qui s’est rendu compte de ces éleveurs, de plus en plus nombreux, déplaçant leurs cheptels avec des certificats sanitaires délivrés à titre indépendant. Mais, aussitôt les opérations d’indemnisation des cheptels touchés par l’épizootie commencées, de nombreux cas d’éleveurs se sont présentés auprès des directions des services agricoles et des chambres d’agriculture au niveau des wilaya, munis de certificats sanitaires pour prétendre à des indemnisations.

Dès lors, les services vétérinaires au ministère de tutelle ont instruit leurs structures locales pour ouvrir des enquêtes afin de déterminer « les tenants et aboutissants de la délivrance de ces certificats sanitaires et confirmer s’il y a eu des cas de complaisance dont des vétérinaires se seraient rendus coupables et pour quelle contrepartie », est-il écrit dans une correspondance à destination des inspections vétérinaires de wilayas. En tout cas, de nombreux cabinets vétérinaires privés à Tizi Ouzou, Boumerdès ou Alger n’ont pas caché qu’ils ont été sollicités par des éleveurs pour la délivrance de certificats d’abattage ou pour leur faciliter le dépôt des dossiers d’indemnisation auprès des autorités compétentes de wilaya, mais tout en écartant toute éventuelle velléité de malversation.

De prime abord, ces cas d’infraction à la législation de la santé animale ne font qu’entacher davantage la filière de la médecine vétérinaire qui demeure en quête de crédibilité qu’elle a du mal à retrouver. Faut-il rappeler à cet égard que la corporation en question est confrontée à un problème structurel non moindre sachant qu’elle n’a pas encore son conseil de l’ordre. Ainsi, les courants aux intérêts occultes ne ratent décidément aucune opportunité pour rebondir. Auparavant, ce fut lors des perturbations qu’a connues l’approvisionnement en poudre de lait que ces cercles, agissant dans l’ombre, ont surgi pour développer tout un circuit informel de distribution de lait frais et ils ont même incité des laiteries à frauder sur le dosage du lait pasteurisé en sachets.

Mourad Allal (L’Éco N°97 / du 1er au 15 octobre 2014)