Le vent de la protestation et de retour, Les médecins résidents vont mal

Le vent de la protestation et de retour, Les médecins résidents vont mal

Greve_medecins-ferment_leurs_portes_lundi.jpgLe taux de participation au mouvement de protestation a atteint les 80%

Et pourtant, ils ne demandent rien, ils veulent juste une bonne formation qui leur permettra d’exercer leur métier convenablement.

Le chapitre de la grève au sein de la santé reprend ses droits. Après quatre ans de suspension des mouvements de protestations, les médecins résidents jettent leurs stéthoscopes. Ils ont entamé hier une grève de deux jours à l’échelle nationale dans le but d’arracher ce qu’ils estiment être leur droit: la qualité de la formation. De l’est à l’ouest du pays, tous les hôpitaux ont été paralysés. Ils ont tenu des rassemblements pacifiques au sein de leur établissement tout en assurant un service minimum.

Le taux de participation au mouvement de protestation a atteint les 80%, selon le secrétaire général du Syndicat des médecins résidents.

Cette protestation intervient au lendemain du nouveau projet de la loi sur la santé. En effet, les jeunes médecins qui ont répondu à l’appel de la grève ont dénoncé une «formation médiocre, les modalités d’évaluation, les maîtres enseignants qui ne remplissent point leur mission de formateurs… et d’autres points».

«Le but de cette grève est d’interpeller la tutelle à se pencher sur le problème pédagogique qui se pose depuis quatre ans», souligne le secrétaire général du Syndicat des médecins résidents, le Dr Amin Mazit, en mettant l’accent sur les motifs de leur mouvement. «Aujourd’hui, on ne peut plus rester dans cette médiocrité. Il faut savoir que le cursus de résidanat se passe en auto formation, ce qui n’est pas normal, notamment qu’il ne répond pas à la qualité de soins», en regrettant, dans le même contexte, que «les propositions faites à la tutelle soient restées sans aucune réponse». Il a précisé, dans ce sens qu’ils ont appelé la tutelle à améliorer leur formation et les modalités de l’évaluation, du fait qu’elle ne répond à aucune norme.

Concernant le service civil, le même interlocuteur s’est dit déçu. «On s’attendait à ce qu’il y ait une suppression de l’obligation du service civil qui est imposé aux seuls médecins spécialistes», a-t-il regretté en ajoutant dans ce sens: «Nous considérons ça comme anticonstitutionnel, nous sommons égaux en droits et en devoirs.»

S’agissant du taux de suivi, le secrétaire général souligne une mobilisation impressionnante.

«Le taux de suivi est estimé à 80% dans l’ensemble des hôpitaux du territoire national. Certains hôpitaux ont enregistré un taux de 100% de réponse».

De son côté, le Dr Mimouni Salah, médecin résident du sud du pays, regrette la situation misérable de nos hôpitaux dans le sud du pays. «Au Sud, les médecins se retrouvent seuls, avec leurs compétences comme seules armes. Mais comme la formation fait défaut, les médecins se retrouvent face à des patients sans bagages et savoir.

La situation est juste paradoxale», souligne-t-il en regrettant encore une autre fois que la mauvaise qualité de la formation soit à la base de la défaillance du secteur de la santé.

Pour la plupart des grévistes, la qualité de la formation est leur principale préoccupation. Pour sa part, le Dr Bentorki, estime que la pratique est une sorte d’encadrement qui doit être gérée par le médecin lequel doit être assisté par ses supérieurs censés être constamment à ses côtés dans le cadre théorique ou pratique. «Nous sommes dans la sanction et pas dans l’accompagnement des jeunes médecins. Il faudra accompagner les médecins résidents en les formant, afin qu’ils soient spécialisés». Elle souligne dans le même sillage que l’activité pratique est évaluée par les supérieurs qui travaillent avec le résident et du coup, c’est une évaluation qui est superficielle et arbitraire. Pour de nombreux observateurs, le vent de la protestation est légitime, notamment qu’il vient confirmer l’amère réalité de nos hôpitaux.

Le constat est accablant. Nos diplômes n’ont aucune valeur, les universités algériennes sont écartées de tout classement, pas même comparable aux universités des pays voisins, la faculté de médecine est absente du classement des top100 des universités africaines. Les médecins résidents parlent de triche, de vente de diplômes et d’autres faits divers ne devant pas se passer dans un lieu de savoir.

Les services concernés ne devraient-ils pas plutôt s’intéresser à ce niveau en chute? Mais, hélas, il semble que le désir d’une bonne formation ne sera qu’un rêve lointain, face au silence des services concernés…

Réagissant à lagression dune infirmière

Les paramédicaux protestent à Bouira

Près de 200 paramédicaux, médecins et des employés de létablissement public de la santé de proximité (Epsp) de Bouira ont tenu hier un sit-in devant leur direction pour protester contre la violence dont a été victime une infirmière de la polyclinique de Oued Dhous, a-t-on constaté. Cette action de protestation a été initiée par le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) pour condamner « énergiquement lagression dune infirmière enceinte sur son lieu de travail », a expliqué, à lAPS, Limam Habel, membre du bureau de wilaya du SAP. Linfirmière en question a été agressée, lundi dernier, à coups de poings par un citoyen pour des raisons inconnues. « La victime se trouve dans un état grave, et est toujours sous surveillance médicale », a-t-il fait savoir. Les manifestants appellent « les autorités locales ainsi que le ministère de la Santé à prendre des mesures fermes pour lutter contre la violence et assurer la sécurité des employés du secteur ». Des agressions verbales et physiques contre des médecins et des infirmiers ont plusieurs fois été signalées dans des structures de santé à Bouira, où « le fléau risque de prendre de lampleur devant labsence de mesures de sécurité », sinquiète un des protestataires.Le directeur de la santé de la wilaya, Boukherchoufa Saïd, a, pour sa part, déploré le fait que « des citoyens osent commettre des agressions à lintérieur des établissements sanitaires ». « Lagresseur doit être sévèrement puni pour son acte ignoble », a-t-il martélé, assurant que sa direction allait renforcer les mesures de protection du personnel de la santé dans la wilaya.