Le spectre de la crise mine l’économie algérienne, Le Saut dans l’inconnu

Le spectre de la crise mine l’économie algérienne, Le Saut dans l’inconnu

arton4248-b5b4a.jpgL’économie nationale est essentiellement tournée vers l’import

Il faut parvenir à une masse critique de projets et de réalisations, car au point où en sont les choses, depuis la chute des prix du pétrole, l’Algérie a fait un saut dans l’inconnu.

L’Algérie, vit, ces derniers temps, au rythme d’une dynamique économique exceptionnelle. En quelques semaines, ce sont plusieurs gros contrats qui sont signés, des unités de production inaugurées, beaucoup de projets industriels et semi- industriels sont annoncés pour la fin de l’année en cours dans la filière mécanique. Le partenariat avec l’étranger est à l’honneur. Les cadres algériens proposent en Italie, en France, au Qatar… le principe du 51/49% sans aucun complexe et sont reçus avec bien plus de sérieux qu’avant.

Il est clair que la vision économique qui s’appuie sur la nouvelle stratégie industrielle a apporté un second souffle et mis en branle une dynamique que personne ne peut occulter. Seulement, cela suffit-il à garantir une croissance suffisamment importante et durable pour renverser l’équation du commerce extérieur qui fait de l’Algérie l’éternel client de la planète? Assurément pas. Et pour cause, plusieurs décennies après avoir décidé de porter le niveau d’exportation à plus de 2 milliards de dollars, l’économie nationale ne parvient toujours pas à décoller et reste à son niveau de grave dépendance des recettes des hydrocarbures.

Les économistes imputent cet état de fait à la structure même de l’économie nationale, essentiellement tournée vers l’import.

La grande proportion que prend le commerce informel dans le tissu commercial national aggrave cet état de fait et mine le développement du pays. Ce sont là, autant de verrous qui peuvent remettre en cause le succès de la stratégie industrielle. En effet, en ces temps de rareté de la manne financière avec les premiers déficits qui commencent à pointer du nez, les quelques années de marge dont dispose l’Algérie pour inverser la situation et devenir exportateur net, risquent d’être limitées, si rien n’est fait pour enrayer les grandes tares d’un système économique qui a largement montré ses insuffisances.

Cela pour dire que la sortie de crise n’est pas la seule mission du ministère de l’Industrie. D’autres départements, à l’image du commerce et de l’agriculture sont directement interpellés. Or, à voir l’évolution, à deux vitesses, de ces secteurs d’activité, il est clair que la logique des vases communicants mettra l’Algérie en situation de plus en plus difficile. Mais pareille perspective négative peut être évitée ou, à tout le moins, atténuée par un déploiement conséquent de la diplomatie économique. Celle-ci qui semble avoir ciblé au moins deux destinations que sont l’Italie et le Qatar, met en place une mécanique offensive, susceptible d’apporter quelques dividendes, malgré les défaillances criardes, en matière de commerce extérieur et de contrôle de l’activité interne, actuellement dominée par l’informel.

Il faut dire que le rapprochement économique avec l’Italie est un acte stratégique, autant pour l’aspect économique que politique. Il est entendu que le marché italien partage avec celui de l’Algérie beaucoup de similitudes. La dominance de la PME et de la très petite entreprise (TPE) dans l’industrie, la taille, tout de même, non négligeable de son économie «underground» et le caractère méditerranéen, constituent autant de points communs qui font que l’exemple de l’Italie, actuellement 9e puissance économique mondiale, est instructif à plus d’un titre. Si l’Italie a réussi à créer son propre label et imposer sa marque, malgré les «tares» de l’informel, il est tout à fait possible, pour l’Algérie de réussir sa mue, en s’aidant de l’expérience et l’expertise italienne. La récente visite du ministre de l’Industrie et des Mines dans ce pays, traduit la volonté de l’Algérie de «copier» un modèle de développement qui a fait ses preuves. Et la présence très importante d’hommes d’affaires dans la délégation ministérielle est la meilleure preuve que l’on n’est plus aux contacts préliminaires, mais bel et bien dans le vif du sujet. Il faut dire qu’en matière de «préliminaires», l’Algérie et l’Italie n’en ont pas besoin au regard de l’excellence des relations politiques qui ont vu l’Italie croire en l’Algérie, durant la décennie noire et y dépêcher son ministre des Affaires étrangères, au moment où le reste des capitales occidentales évitait Alger.

Avec le Qatar, l’Algérie engage des mégaprojets dans l’industrie, mais aussi dans le tourisme et les services. Les financements conséquents et le carnet d’adresses «impressionnant» de cet Emirat et l’écoute dont il jouit auprès des décideurs occidentaux, ouvrent à l’Algérie une réelle fenêtre sur la mondialisation et pourraient, le cas échéant, améliorer son image et gagner en visibilité, auprès des grandes compagnies qui font la décision à l’échelle planétaire.

Cette stratégie est certes assez bien engagée, mais une usine par-ci et une autre par-là, ne peuvent constituer la panacée. Il est urgent de faire dans la densification des expériences réussies. La multiplication des initiatives est impérative pour parvenir à une masse critique de projets et de réalisations, à même d’installer l’Algérie durablement sur la voie de la diversification effective de son économie, car au point où en sont les choses, depuis la chute des prix du pétrole, l’Algérie a fait un saut dans l’inconnu.