Le procès de l’assassinat du DGSN Ali Tounsi s’ouvre demain: l’énigme des quatre balles.

Le procès de l’assassinat du DGSN Ali Tounsi s’ouvre demain: l’énigme des quatre balles.

Le procès de l’assassinat du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le colonel Ali Tounsi, s’ouvre demain dimanche au tribunal criminel de la cour d’Alger.

L’accusé, ex-chef de l’Unité aérienne de la police, le colonel Chouaïb Oultache, en détention, est poursuivi pour homicide avec préméditation, guet-apens, tentative d’assassinat avec préméditation et port d’arme sans autorisation.

L’ouverture du procès, longuement attendue, coïncide avec le 7e anniversaire de l’assassinant du DGSN à l’intérieur de son bureau. Selon certains observateurs, le procès pourrait être renvoyé, vu la «spécificité» de l’affaire et le nombre des témoins et experts qui dépasse la quarantaine. Sept personnes se sont constituées partie civile dont les ayants droit, à savoir la veuve du défunt Tounsi, son fils et ses filles, ainsi que ses ex-collaborateurs, en l’occurrence le secrétaire particulier de la victime, l’ex-directeur de l’administration générale, Youssef Daïmi, et l’ex-chef de sûreté de la wilaya d’Alger, le commissaire divisionnaire Abderabou, blessé dans les mêmes circonstances.

                                                                  Les faits

Jeudi 25 février 2010. C’est la veille de la célébration de la fête du Maoulid Ennabaoui. Le défunt Ali Tounsi était dans son bureau, en prévision d’une réunion de travail avec ses collaborateurs notamment le DAG et le chef de la SW d’Alger, sur le projet de la modernisation de l’institution.

Le chef de l’Unité aérienne de la police, le colonel Chouaïb Oultache, chef également d’une commission technique chargée d’évaluer les besoins de la DGSN en équipements modernes, arrive au bureau. C’est l’un des plus proches collaborateurs du défunt, voire son ami. Il entre au bureau après avoir informé le secrétaire particulier. A l’intérieur du bureau insonorisé, personne ne peut témoigner de ce qui s’est réellement passé.

«Le défunt m’a qualifié de traitre, je n’ai pas supporté. J’ai tiré en l’air. Le DGSN s’est levé et s’est emparé d’un cutter. Je lui tiré trois autres balles au niveau du côté droit du thorax et une en l’air. Le DGSN est tombé du côté droit de son bureau mais je ne lui ai pas tiré dans la tête, ce n’est pas moi», a déclaré Chouaïb Oultache lors de son audition. Mais devant les enquêteurs, il a soutenu qu’il ne se souvenait de rien.

Selon l’expertise psychiatrique, le mis en cause jouissait de toutes ses facultés mentales lors des faits. ChouaïbOultache a déclaré avoir tenté de se suicider alors qu’il a été blessé par l’unité d’intervention à la jambe et l’épaule. Selon le rapport de l’expertise, le défunt Ali Tounsi a été retrouvé sur le ventre gisant dans son sang. Le secrétaire particulier du défunt a déclaré lors de son audition que le crime a été commis vers 10h45. «Je ne doutais de rien. J’ai appelé le défunt à plusieurs reprises pour lui rappeler l’heure de la réunion, mais il ne répondait pas. J’ai découvert le crime quand Oultache est sorti du bureau».

                      Les deux balles dans la tête,  plan d’attaque de la défense

La défense de l’assassin présumé conteste l’expertise des médecins légistes, des experts en balistique et des experts en physico-chimie du laboratoire scientifique et technique de la police.

«Chouaïb Oultache ne nie pas avoir tiré sur Tounsi. Il affirme avoir tiré dans la direction du bras qui tenait le coupe-papier avec lequel il l’avait menacé. Les deux balles tirées dans la tête de Tounsi, alors qu’il était encore en vie et gisait au sol, ne sont pas celles de notre client», affirme la défense.

Selon les avocats, les quatre balles supposées retrouvées dans le Smith &Wesson ne viennent pas de l’arme d’Oultache. « Nous avons la preuve. Il a tiré quatre balles, certes, mais en direction du bras de Tounsi. Il a touché le défunt au thorax, sur le côté droit, après avoir tiré un coup en l’air. Et lorsque son pistolet s’est bloqué, il ne restait qu’une seule balle», ont soutenu Me Mohand Tayeb Belarif et Youcef Dilem. Le procès, très attendu, se déroulera au tribunal criminel sous la présidence du magistrat Omar Benkharchi, un juge qui a eu à juger de grandes affaires, notamment de terrorisme.