L’austérité fait déja du chemin, Le plan anti-crise est lancé

L’austérité fait déja du chemin,  Le plan anti-crise est lancé

Le Sénat sera-t-il dissous?

Le Sénat sera-t-il dissous?

Annoncée à demi-mot, l’austérité est pourtant une réalité. La méthode «soft» de Sellal va-t-elle gagner?

Après plusieurs mois d’hésitation, des mesures d’austérité tombent en cascade. En effet, selon des sources très proches du gouvernement, «les wilayas sont appelées à annuler la quasi-totalité des dépenses non engagées dans le cadre de la politique d’austérité mise en place par le gouvernement pour faire face à la crise».

Cette information a été largement confirmée par plusieurs cadres administratifs et responsables politiques dont Louisa Hanoune, Athmane Mazouz, Soufiane Djilali et Ali Benflis. A Tizi-Ouzou, par exemple, rapporte TSA, «la directive de Monsieur le Premier ministre, relative au report à l’exercice 2016 de toute opération d’acquisition de véhicules, est confirmée, y compris pour celles dont les crédits ont été déjà inscrits au titre du budget de 2015». La même source indique que «cette mesure devra s’appliquer également, sauf accord préalable de monsieur le Premier ministre, aux projets de marchés portant sur l’acquisition de véhicules ayant fait l’objet d’un visa délivré par la Commission des marchés publics compétente et qui n’ont pas fait l’objet d’un engagement ou d’un paiement». On peut lire également dans la directive du Premier ministre qui a été, faut-il le signaler, envoyée à toutes les wilayas, que «l’ensemble des projets n’ayant pas fait l’objet de notification d’ordre de service est gelé, y compris ceux financés au titre des comptes d’affectation spéciale». Le Premier ministre aurait également instruit les administrations et les entreprises publiques de réduire les dépenses allouées aux fournitures de bureaux, aux cadeaux de fin d’année, aux collations, etc.

Sur un autre volet, on constate que des projets sectoriels de grande envergue, annoncés dans le sillage de la campagne électorale de la présidentielle de 2014 ont été reportés pour des dates non encore précises. C’est le cas, entre autres, des 10 CHU dont cinq devaient être entamés en octobre 2015 et dont le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, vient d’annoncer le report sous pretexte que les offres des soumissionnaires seraient surélevées, ce qui est une première dans les annales de la passation des marchés publics en Algérie. «Le secteur est loin d’être affecté par l’austérité. Si ce projet tarde encore à être lancé, c’est parce que l’offre financière des entreprises et groupes retenus reste trop élevée. Nous avons décidé de geler toutes les offres et d’engager des négociations avec les entreprises concernées en vue de les faire baisser», a-t-il expliqué. Pourtant, urgence parmi tant d’autres, ces cinq hôpitaux prévus dans les wilayas de Tizi Ouzou, Alger, Tlemcen, Constantine et Ouargla, sont grandement attendus par les populations de ces régions dont les structures de soins subissent une pression infernale permanente.

L’autre point sensible que le plan d’austérité non déclaré du gouvernement touche, c’est celui des dispositifs d’aide à l’emploi et d’insertion professionnelle. En effet, bien que non assumé par les autorités publiques, le fonctionnement de ces dispositifs est pratiquement à l’arrêt depuis la chute des prix du pétrole. «Ces formules seront maintenues. Il n’y a pas de projet d’abandon de ces dispositifs, mais plutôt leur orientation vers le secteur économique. La Fonction publique reste le principal destinataire de ces placements, au moment où le secteur économique doit être ciblé», a déclaré M.Chaâlal, responsable de la communication au ministère du Travail. Mais, sur le terrain, il est devenu depuis quelque temps, très difficile, voire impossible, y compris pour le entreprises économiques privées et publiques, de recruter par les biais de ces dispositifs.

Ainsi, en plus des mesures visant un meilleur ciblage des subventions contenues dans la loi de finances complémentaire de 2015 et la loi de finances de 2016 mais qui n’ont pas encore été rendues publiques de crainte de susciter des contestations populaires, le gouvernement prend chaque jour une batterie de mesures, celles citées plus haut entre autres, pour faire face à la crise. Mais sachant ces mesures impopulaires, le Premier ministre prend le soin de les emballer dans un optimisme qui ne semble pas très convaincant, y compris parmi les partis qui soutiennent le président de la République, à commencer par le RND qui n’arrête pas de suggérer plus d’audace dans le discours gouvernemental.

Décidément, rose dans le discours du gouvernement et noire dans la réalité, telle est la situation du pays. «Le gouvernement ne dit pas la vérité au peuple», cette remarque ne provient pas d’un simple citoyen mais d’un ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui est aussi directeur de cabinet du président de la République. En effet, après avoir répété à plusieurs reprises qu’il n’irait pas vers un plan d’austérité, Abdelmalek Sellal a entamé la mise en oeuvre de son plan anti-crise qui s’inscrit pleinement en porte à faux avec ses déclarations. «Nous n’irons jamais vers des mesures d’austérité. Nous avons les moyens de sortir de la crise que vit le pays», a-t-il relevé à plusieurs reprises. Dans les coulisses, néanmoins, on réfléchit déjà à la meilleure manière de donner l’exemple avant d’annoncer ouvertement un quelconque plan d’austérité. L’équation est difficile mais, d’ores et déjà, on semble avoir trouvé la solution: la suppression du Conseil de la Nation comme gage de sincérité et de volonté politique du gouvernement. Mais le peuple, pris dans l’étau d’une crise chaque jour plus angoissante et «les improvisations d’un gouvernement en mal de légitimité politique», constat que l’opposition et nombre d’experts martèlent sans cesse, va-t-il adhérer aux parades du gouvernement?