L’assassinat d’hervé gourdel coïncide avec le 9e anniversaire de la loi, La “réconciliation” à l’épreuve de Daech

L’assassinat d’hervé gourdel coïncide avec le 9e anniversaire de la loi, La “réconciliation” à l’épreuve de Daech

2014-daech_129614963.jpgNeuf ans après son adoption par un référendum populaire, la Charte pour la paix et la réconciliation, si elle a pu obtenir des résultats probants à travers notamment la reddition de plus de six mille terroristes et la récupération de plusieurs armes, n’en demeure pas moins controversée.

Le bilan de sa mise en application est loin de faire l’unanimité. Entre ceux qui jugent “le bilan positif”, à l’image de Me Azzi, président de la cellule d’assistance judiciaire pour l’application des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ou encore de Me Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, lesquels prônent des mesures complémentaires pour clore la page de “la tragédie nationale”, et ceux qui considèrent qu’elle a eu pour effet de briser les ressorts de la résistance populaire, le débat est loin d’être clos.

Et le débat se pose aujourd’hui avec plus d’acuité à la lumière de la nouvelle conjoncture marquée par la recrudescence des actes terroristes dont le dernier en date est la décapitation du guide français, Pierre-Hervé Gourdel, un acte qui signe l’allégeance du groupe auteur du crime à la nébuleuse Daech. Hier, encore, deux militaires ont été tués dans la région de Sidi Bel-Abbès. En avril dernier, une quinzaine de militaires ont péri en Kabylie.

Pour ne citer que les actes rapportés par les journaux privés. Dès lors, l’on s’interroge si la Charte pour la paix et la réconciliation nationale n’a pas aujourd’hui montré ses limites. Faut-il continuer à faire les “yeux doux” à des hommes qui viennent d’installer une succursale du syndicat international du terrorisme ?

La Charte, à travers le démembrement des corps de résistance, comme les GLD et la police communale, conjugué au discours sur “la paix revenue” du pouvoir, n’est-elle pas en train d’installer la société dans une espèce de “démission”, à telle enseigne aujourd’hui que le terrorisme est perçu comme une “affaire” entre les services de sécurité et les islamistes armés ? Faute d’une politique audacieuse qui s’attaque au terreau qui alimente le terrorisme, comme l’école, la mosquée, la télévision ou encore la pauvreté, ne sommes-nous pas, avec l’apparition de Daech, face aux risques d’une résurrection du terrorisme ?

En tout cas, l’objectif assigné à la Charte par le président Bouteflika en 2005, lorsqu’il proclama “plus jamais ça” est loin d’avoir éradiqué le terrorisme. Les ingrédients à l’origine de son apparition sont toujours en place. Et l’amnésie s’occupe du reste. Mais pour les autorités qui alternent la politique du bâton et de la carotte dans la lutte antiterroriste, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale n’est pas sujette à discussion.

Mieux : alors que Farouk Ksentini plaide pour une amnistie générale, un ballon-sonde probablement qui n’a pas eu l’effet escompté, Abdelmalek Sellal, lui, est favorable à sa constitutionnalisation. “Si un consensus est établi parmi les partis politiques, la société civile et les personnalités nationales participant aux consultations sur la révision de la Constitution, le gouvernement parachèvera le processus de réconciliation nationale”, avait soutenu, en juin dernier devant les parlementaires, Abdelmalek Sellal. “La réconciliation nationale s’inscrit dans la durée.

Elle ne se limite pas au recouvrement ou à l’octroi de certains droits, mais c’est une question sociocivilisationnelle qui nous permettra de remédier définitivement à certaines situations”, a-t-il dit.

Karim Kebir