Lancement de la réforme religieuse en Algérie

Lancement de la réforme religieuse en Algérie

large-mohamed-aissa-leve-lembargo-sur-les-mosquees-51731.jpgLe ministre algérien des Affaires religieuses Mohammed Aissa veut en finir avec le hold-up des extrémistes sur l’Islam.

« Dans un contexte de « révolution » au nom d’un islamisme radical, nous avons perdu nos repères et nos référents authentiques », a-t-il déclaré le 22 septembre lors d’un entretien accordé au quotidien El Watan. Il est temps, fait-il valoir, de « dépoussiérer l’Islam ancestral ».

« Nous avons oublié que nous appartenons à une civilisation qui a jailli de Cordoue, et nous nous sommes retrouvés dans une pratique bédouine de la religion. Cela n’amoindrit en rien la vie bédouine, mais l’Algérie appartient à la Méditerranée, très proche de l’Europe, et elle a été fortement influencée par l’Andalousie », a-t-il souligné.

Des propos qui ont trouvé un écho très favorable en Algérie et au-delà.

Le ministre est un homme d’une « envergure exceptionnelle », estime l’économiste et blogueur algérien Mourad Preure.

« Il se place réellement dans la perspective de Ibn Rochd et Djamal Eddine El Afghani. J’espère qu’on le laissera travailler. Il mérite tout notre soutien pour ce qu’il veut faire pour l’Algérie et pour cette religion qui nous est si chère », ajoute-t-il.

Sur son blog, Saoudi Abdelaziz souligne quant à lui que l’Algérie a payé un lourd tribut (plus de 200 000 morts et 20 000 disparus pendant une décennie de terrorisme) à l’extrémisme religieux.

« L’instrumentalisation de l’Islam a pris une telle tournure que la menace continue de planer », commente-t-il.

En Tunisie, les blogueurs saluent eux aussi le nouveau ministre algérien des Affaires religieuses pour la position qu’il adopte face à la pensée extrémiste.

« Enfin, l’Algérie semble comprendre le danger du wahhabisme et des Frères musulmans ! », écrit le blogueur Rachid Barnat pour « La troisième République tunisienne ».

« Le chantier sera long vu l’imprégnation de la société algérienne par le wahhabisme », souligne-t-il. « Espérons que la Tunisie saura vite récupérer elle aussi sa société des dégâts provoqués en son sein par les Frères musulmans », écrit-il.

Dans un article pour Algérie-Focus, Kamel Daoud, nominé du Prix Goncourt, souligne également « la prise de conscience du danger du salafisme satellitaire ».

« Là, on est dans l’intelligence : celle qui a manqué pour éviter les massacres des années 1990, l’émergence des sectes, la débilisation collective et la transformation de l’Algérie en une zone franche pour télé-sheikhs et prêcheurs du mal et de la haine », reconnaît-il.

Il salue la référence à Cordoue faite par le ministre, qui transmet l’image d’un Islam différent : un Islam qui ne tue pas.

Un tel Islam, écrit-il, n’a pas pour but un califat théocratique, mais la Cité universelle.

« Un mythe, dit-il, mais la croyance a aussi besoin de se fonder sur des mythes. »