La France se souvient du massacre de Charonne !

La France se souvient du massacre de Charonne !

2015-02-charonne_181326018.jpgLa guerre d’Algérie a pris fin en 1962. Elle a duré huit ans et a laissé derrière une histoire qui revient souvent dans les mémoires et les plumes.

La mémoire de la guerre d’Algérie qu’on a longtemps appelé « événement d’Algérie », « guerre coloniale », « guerre fratricide », ou « guerre civile » est gravée à jamais. Les événements tragiques sont souvent d’actualité : la torture, le sujet des Harkis et celui des pieds-noirs et d’autres drames survenus particulièrement durant l’année 1962 qui a marqué la fin de la guerre.

Le 8 février 1962, un mois et huit jours seulement avant que l’on procède à la signature des accords d’Evian le 18 mars, a eu lieu le massacre de Charonne. Une tragédie que l’OAS (organisation de l’armée secrète) a perpétrée à Paris faisant neufs morts. Crée en 1961, cette organisation avait pour seul objectif de maintenir, à tout prix, l’Algérie française. N’ayant pas trouvé de moyens de le faire, ces fascistes de l’OAS décident donc de multiplier les attentats terroristes beaucoup plus en Algérie qu’en France. C’était une façon de faire de la pression sur le gouvernement français qui était probablement favorable à de nouvelles négociations avec le GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne). C’était aussi un moyen d’empêcher les négociations sur le cessez-le-feu, qui se sont déroulé à Evian entre fin de 1961 et début 1962.

« Un massacre d’Etat »

L’historien et écrivain Alain Dewerpe avait qualifié l’événement de « massacre d’Etat ». Selon lui il s’agit « d’une manifestation de militants et toutes obédiences confondues, de militants souvent durablement engagés dans la lutte anticolonialiste ».

« La manifestation de rue manifestation de rue n’est jamais qu’un rapport contractuel entre ses organisateurs en titre, le pouvoir, les forces de l’ordre, des groupes manifestants n’ayant pas négocié leur présence, d’éventuels contre-manifestants, le public, les médias… », écrit-il.

En effet, selon les faits, une manifestation pour la paix en Algérie a été programmée par des organisations et syndicats politiques de gauche. Le rassemblement composé essentiellement de jeunes, de femmes et d’enfants a eu lieu place de la Bastile d’où il a pris départ en direction de la place Voltaire.

Ils auraient été estimés à près de 20 000 manifestants. La protestation a pourtant été interdite par les autorités. Violemment réprimée, les forces de l’ordre ont tenté de disperser la foule. Ils ont fini par tabasser tout passager (femmes, hommes et enfants). Des dizains de milliers de personnes ont rejoint le boulevard de Beaumarchais, que les forces de l’ordre auraient cerné. Des heurts y ont éclaté.

Des témoignages rapportent que plusieurs personnes ont été jetées dans l’escalier par dessus de la grimpette de la bouche du métro. Des policiers ont aussi lancé des grilles en fonte sur les manifestants. Ces derniers cherchaient désespérément refuge à l’intérieur du métro de la station Charonne. Le bilan indiqué de ce massacre : neuf morts et 250 blessés. Des syndicalistes de la CGT et des militants du Parti communiste y ont trouvé la mort.

Mounir Outemzabt