La crise « nous remet » au travail

La crise « nous remet » au travail

62192b4bd0adbf5eb06699045d1319b2.jpgIl a fallu attendre que la crise vienne frapper de plein fouet l’économie algérienne pour que le gouvernement se décide enfin à récupérer les 60 milliards de dollars d’impôts impayés depuis quatre ans.

Il aura fallu attendre une baisse des recettes pétrolières et la chute vertigineuse du prix du pétrole -moins 50% depuis trois mois-pour que l’Etat engage une politique d’austérité pour le moins curieuse. Des économies de bout des chandelles sont aujourd’hui demandées aux différentes administrations publiques.

De plus, le gouvernement est décidé à recouvrer les 60 milliards d’impôts impayés (créances fiscales des entreprises et des administrations) depuis des années, soit les recettes annuelles du pays. L’explication de cette décision du gouvernement vient du fait que le pays commence à souffrir sérieusement de la baisse des cours du pétrole, lequel représente sa principale source de revenus. Il s’agit d’une manne qui pourrait renflouer les caisses du Trésor public.

Autant de données qui conduisent à tirer la sonnette d’alarme et à se dire qu’une posture nouvelle est absolument nécessaire pour que, avec le cours du baril de pétrole en baisse, l’Algérie ne s’enfonce pas dans une crise financière qui pourrait secouer tout l’édifice économique du pays. Depuis plus d’une décennie, les gouvernements successifs se sont adonnés à une politique dépensière (augmentations de salaires, subventions tous azimuts des produits de première nécessité, achat de la paix sociale, etc. Pourtant l’Algérie dispose de tous les moyens pour devenir un pays émergent.

Les moyens existent, la volonté politique moins

L’Algérie dispose de toutes les ressources et avantages (humains, matériels, énergétiques, et financiers) susceptibles de la propulser au rang de pays émergent, mais faute d’avoir su les mettre à contribution, le pays reste toujours confiné dans le rôle peu honorable de pays en voie de développement.

Pour en sortir, il aurait fallu que les plus hautes autorités en place aient réellement la volonté d’exprimer concrètement un discours politique volontariste et mobilisateur appuyé par la mise en œuvre de profondes réformes économiques et sociales.

La longue dynamique de réformes entamée à la fin des années 1980 fut ainsi stoppée net au moment où elle commençait, de l’avis de nombreux experts, à porter ses fruits : les privatisations ont été annulées, les investisseurs étrangers n’ont plus droit d’être majoritaires dans le capital des sociétés qu’ils viendraient à créer en Algérie et le secteur privé national soumis à un surcroît de procédures bureaucratiques qui n’incitent plus à la promotion d’investissements productifs.

Toute la machine économique s’est ainsi subitement grippée et rien n’a été fait pour remédier à cette dangereuse situation pourtant connue de tous et à de nombreuses occasions portées à l’attention des plus hautes autorités du pays par de nombreux canaux, parmi lesquels des syndicats patronaux et certains experts en la matière. La remontée des prix du pétrole a commencé à partir du début des années 2000 pour se situer, durant plus de cinq ans, au niveau de 120 dollars le baril.

Et durant tout ce temps, l’Etat a continué à verrouiller le champ économique à travers des décisions qui sont loin d’avoir obtenu le consensus souhaité. A titre d’exemple, la nouvelle feuille de route imposée aux concessionnaires automobiles en est la parfaite illustration. Donner encore un délai de 18 mois pour se conformer au nouveau cahier des charges est aberrant. Tout comme pour le secteur du médicament, le gouvernement a fermé les yeux. En plus, la corruption a gangréné tous les secteurs d’activité.

L’année 2015 qui arrive risque d’être agitée pour l’économie en Algérie. La situation financière du pays est très mauvaise et ne devrait pas s’améliorer dans l’immédiat, d’autant qu’aucune réforme de grande ampleur n’est prévue en terme économique. Cette situation met à nouveau en cause l’économie algérienne dans son ensemble et pointe la nécessité de réformes.