Dans un enregistrement sonore diffusé hier par la chaîne saoudienne Al Arabya, le porte-parole d’Al Qaïda au Maghreb islamique a revendiqué le rapt de la ressortissante italienne, Maria Sandra Mariani, 53 ans, enlevée le 2 février dernier à Djanet par quatorze hommes armés.
Cette dernière a appelé, à travers cet enregistrement audio, le gouvernement Italien à venir à son aide. Maria Sandra Mariani, a révélé également qu’elle a été enlevée par le chef sanguinaire Abou Zeid, de la phalange Tariq Ibn Zeyad. Cependant, aucune revendication n’a été formulée par Al Qaïda au Maghreb concernant une éventuelle libération de l’otage italien.
Aqmi veut temporiser pour le moment et jouer sur les nerfs des autorités italiennes. De son côté, le ministère des Affaires étrangères italien a confirmé l’authenticité de l’enregistrement sonore, et accuse Aqmi de l’enlèvement de sa ressortissante. Pour rappel, le 2 février dernier, Maria Sandra Mariani a été kidnappé prés d’une agence du Ténéré, dans la wilaya de Djanet, par quatorze terroristes armés jusqu’aux dents. Elle a été enlevée avec trois autres Algériens, un cuisinier, un guide et un chauffeur. Ces derniers ont été libérés quelques heures après leur enlèvement. Quant à l’otage italien, il sera emmené vers le Niger, selon plusieurs sources. Depuis, cette Italienne est retenue par le groupe terroriste d’Abou Zeid, et ce, dans un endroit gardé secret. D’autre part, cet appel de Sandra Maria Mariani intervient alors que cinq autres otages français sont détenus par la même phalange Tariq Ibn Zeyad depuis plus de 150 jours. Ils ont été enlevés avec deux autres ressortissants africains, un Malgache et un Togolais. Ils travaillaient tous pour le compte d’Areva, une société française spécialisée dans le nucléaire, et sont des techniciens en uranium. Selon des sources proches de cette affaire, un espion français serait parmi les détenus. Il a été envoyé par le Quai d’Orsay pour une mission d’espionnage dans la région du Sahel. Son «enlèvement» reste un mystère dans cette région, selon des observateurs.
Avant lui, un autre espion français, Pierre Camatte, a été kidnappé par les terroristes d’Aqmi, puis «libéré» en contrepartie d’une rançon de 2 millions d’euros versée par Paris, et la libération de quatre salafistes détenus au Mali.
Ces enlèvements sont de véritables énigmes dans une région qui attire de plus en plus d’espions occidentaux. Y a-t-il un lien entre ces espions et les terroristes d’Aqmi ? Voilà une question qui mérite d’être posée. D’autre part, aucun ultimatum n’a été fixé par Aqmi aux autorités françaises pour la libération des leurs cinq ressortissants, si ce n’est une rançon de 1 million d’euros pour chaque libération d’otage.
Al Qaïda au Maghreb et le rapt des Italiens
Après les ressortissants français, ce sont leurs homologues italiens qu’Al Qaïda au Maghreb Islamique cherche à tout prix à enlever dans le vaste désert du Sahel. En effet, le chef d’Al Qaïda au Maghreb dans la partie Ouest du Sahel, en l’occurrence Abou Zeid, privilégie la piste italienne, d’autant plus que le gouvernement italien n’a jamais refusé de verser une rançon pour récupérer ses otages.
Le 18 décembre 2008, M. Cicala, 65 ans, accompagné de sa femme Philomène Kabouré, 39 ans, ont été enlevés par un commando armé appartenant à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), en plein désert mauritanien. Ces terroristes armés, plus d’une vingtaine, ont été envoyés par Abou Zeid pour kidnapper ces deux otages italiens. Quelques heures après, Rome avait mobilisé une cellule de crise afin de suivre l’évolution de la situation. Au bout de trois mois de négociations, les deux otages italiens seront libérés par Abou Zeid et ses sbires en contrepartie d’une rançon de 4 millions d’euros versée par les autorités italiennes aux terroristes. Le 2 février dernier, c’est Maria Sandra Mariani qui sera kidnappée par le même groupe terroriste, la phalange de Tariq Ibn Zeyad.
L’otage italien est toujours détenu dans le Sahel. Durant ces cinq dernières années, les ressortissants italiens sont devenus la cible privilégiée des terroristes d’Aqmi, notamment pour Abou Zeid. Au total, ce sont six Italiens qui ont été enlevés durant cette période. Le chef sanguinaire de la phalange Tariq Ibn Zeyad, Abou Zeid, est connu pour sa vision dévastatrice. C’est un terroriste très dangereux à qui on attribue les enlèvements dans la bande sahélo-saharienne. Il est le véritable «cerveau» des rapts d’Occidentaux dans la partie Ouest du Sahel, alors que la partie Est revient à l’autre chef terroriste, Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbés. Abou Zeid est aussi un planificateur des attentats terroristes dans la région du Sahel.
Il est le commanditaire de chaque action terroriste qui se produit dans cette vaste région d’Afrique. Mohamadou Zeid est connu pour ses revendications «abusives». A chaque enlèvement, l’homme réclame la libération des terroristes salafistes détenus dans les prisons des pays de la région, mais aussi de grosses sommes d’argent en euro, et parfois même le retrait des troupes armées des pays de l’Occident stationnées dans certains pays musulmans.
Sofiane Abi
