Khenchela : Emeutes dans une daïra au sud de la wilaya

Khenchela : Emeutes dans une daïra au sud de la wilaya

03_865469123.jpgDes émeutes ont éclaté, hier, dans la daïra de Chéchar, située au sud de la wilaya de Khenchela, après que la population eut constaté l’arrêt des travaux de préparation de l’assiette devant servir à la construction d’un nouvel hôpital.

Les jeunes notamment qui se sentent exclus et marginalisés en raison de l’absence de toute prise en charge de leurs préoccupations, ont investi les rues de la ville pour saccager commerces et sites administratifs.

Les forces de l’ordre ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les émeutiers.

Jusqu’à la mi-journée d’hier les affrontements se poursuivaient. Si les jeunes de Chéchar ont exprimé violemment leur ras-le bol, la colère est lisible également sur les visages et dans les réactions des plus âgés qui ne comprennent pas les raisons de l’arrêt des travaux d’un projet vital pour une région déshéritée et sans ressources.

L’argument tiré par les cheveux avancé serait le refus des services de l’hydraulique de la daïra de Chéchar de déplacer leurs installations situées sur le terrain réservé au projet de l’hôpital.

Les autorités locales ont assez de pouvoir pour obliger n’importe quel service public de se soumettre à la décision d’autant plus qu’il s’agit d’un projet d’utilité publique.

Samedi dernier, les notables de Chéchar ont sollicité le wali de Khenchela pour leur fournir des explications quant au sort du projet du nouvel hôpital, mais le premier responsable de la wilaya a royalement ignoré cette requête qui aurait pu éviter à la ville une violence de plus.

Ce projet d’hôpital devait soulager l’ancien établissement situé au centre ville, trop étroit pour répondre aux besoins d’une population grandissante.

La vox populi parle ouvertement d’un «détournement» caractérisé du projet de l’hôpital au profit d’une autre daïra, en l’occurrence Babar.

C’est du moins la thèse qui a provoqué la réaction violente des habitants de Chéchar qui ne supportent plus leur statut de laissés-pour-compte des calculs qui se trament dans la wilaya de Khenchela entre notables de deux tribus puissantes, les N’memcha et les Amamra, qui, selon les autres communauté tribales de Khenchela, s’accaparent tous les projets y compris ceux destinés aux daïras et communes de Chéchar, Khirane, El Oualdja et Djellal…

Au moment où les habitants de Chéchar attendaient avec espoir la promotion de leur daïra en wilaya déléguée avec tout ce que ce rêve apporte comme possibilité de développement, elle s’est réveillée hier sur une nouvelle qui a fait déborder le vase d’une colère et d’un désespoir généralisés.

Le secteur de la jeunesse est le plus sinistré dans cette daïra qui semble vivre dans un autre âge.

De jeunes diplômés universitaires sont livrés à eux-mêmes et ne rêvent que de harga.

En attendant l’opportunité d’une évasion à risque, certains jeunes s’enfoncent chaque jour davantage dans la consommation de drogue et autres stupéfiants pour noyer leur misère et oublier leur réalité insupportable.

Au-delà des difficultés quotidiennes des populations à subvenir à leurs besoins, l’APC, bloquée depuis plus d’une année, en raison de différends personnels et tribaux entre les membres du conseil, a vu samedi dernier l’installation d’un nouveau conseil, sans que cela ne puisse avoir d’effet sur la commune en raison des luttes intestines persistantes.

Chéchar est une daïra essentiellement agro-pastorale qui ne bénéficie d’aucun projet sérieux et viable devant mettre en valeur les potentialités pastorales et agraires de la région.

Pourtant, en dépit de son relief accidenté et difficile, elle recèle un couvert végétal pastoral qui nourrit les meilleurs moutons d’Algérie et des essaims d’abeilles qui donnent le meilleur miel au monde.

Cette citadelle de la révolution qui a sacrifié plus de trois mille de ses meilleurs enfants pour l’indépendance du pays, paye aujourd’hui le prix de la mauvaise gestion des autorités locales et les calculs tribalistes qui demeurent des paramètres clefs, aussi bien dans les compétitions électorales que dans les planifications et l’octroi de projets de développement.

Abdelkrim Ghezali