Investissements à l’étranger,Le fantôme Sonatrach

Investissements à l’étranger,Le fantôme Sonatrach

6666666.jpgcombien s’élève donc les investissements de Sonatrach à l’étranger et que rapportent-ils ? Une question bien embarrassante qui continue à susciter moult interrogations. Même à la direction de la communication de Sonatrach, les gens restent évasifs et fuyant la question. Pour seule réponse Sonatrach estime que « certaines opérations sont en phase de développement telles que le projet Camiséa, au Pérou et d’autres projets en exploitation qui prennent beaucoup de temps et d’investissements.

Apart le chiffre avancé par les anciens dirigeants de Sonatrach qui aurait consacré 1,6 milliard de dollars pour le développement de ces activités à l’international pour la période 2009/2013, aucun autre chiffre ni informations ne viennent étayer la légèreté de l’argumentaire, particulièrement sur la problématique du rapatriement des devises qui s’élèveraient à quelque 440 millions de dollars en 2009

L’opacité qui entoure ces investissements est telle que même la commission des finances et du budget de l’APN est incapable d’y répondre. Elle n’a reçu aucun rapport relatif aux résultats de ces investissements engagés par la Sonatrach à l’étranger. Et des investissements, l’entreprise algérienne des hydrocarbures en a contracté

Plusieurs projets ont été lancés entre 2000 et 2009 et continuent à être entourés de secret. Sonatrach est présente en Espagne à travers divers projets et structures, dont celui de Tarragone. Ce projet, réalisé en partenariat avec BASF, consiste en la construction et l’exploitation d’une usine de production de propylène appelée BSP Propanchem. Un peu plus loin, au Portugal, la Sonatrach est en partenariat, grâce à des actions à hauteur de 2,235 %

Les actions concernent EDP. Le coût de cet investissement serait de 341.870.701 euros. Par ailleurs, l’entreprise possède une participation de 25% dans trois centrales électriques à cycle combiné appartenant au groupe portugais EDP, à savoir Soto 4, Lares 1 et Lares 2. Ce projet serait, lui aussi, toujours en cours de réalisation

L’engagement de Sonatrach s’est étendu jusqu’en Amérique latine. Au Pérou, Sonatrach est présente à hauteur de 10% dans le projet de développement du champ de Camisea, un projet intégré concernant la production, l’exploitation et la commercialisation de gaz naturel et de condensât. Situé dans le bassin d ‘Ucayali, à 530 km à l’est de Lima, se trouve le champ de Camisea dont les réserves s’élèveraient à 8,24 TCF en gaz et 482 millions de barils de condensât

La Sonatrach participe aussi à hauteur de 21,18%, dans le consortium (Tecgas Camisea SA, Tecgas NV, Huntoil, Grana y Montero, SK Corporation, Pluspetrol, Tractebel) retenu par L’Etat péruvien pour la réalisation et l’exploitation d’un réseau de transport et de distribution d’hydrocarbures

Ce réseau comprend deux canalisations mises en place entre le champ de gaz de Camisea, situé au sud-est du Pérou, et les villes de Lima et Callao, sur la côte péruvienne où un gazoduc d’une longueur de 715 km reliant Camisea à Lima est prévu pour transporter, dans une première étape 6,5 millions de m3/jour et atteindre ensuite 13 millions de m3/jour. Un autre oléoduc entre Camisea et Pisco, sur 550 km, assurera le transport de GPL et de condensât d’une capacité de 50 000 barils/jour extensible à 70 000 barils/jour

Un projet dont on ne sait presque rien, en Egypte, l’Algérie et à travers Sonatrach, s’engage dans la réalisation d’une première expérience de l’offshore profond et y participe à hauteur de 20%, depuis juillet 2007.

Le partenariat est conclu avec StatoilHydro dans la province gazière du Delta du Nil. Ce projet consiste en un forage et un programme sismique étalé sur 4 ans. La Sonatrach est omniprésente dans le chapitre investissements étrangers.

Cela l’emmènera, d’ailleurs, à regarder du côté Libyen avec laquelle elle conclura un autre partenariat permettant à Sonatrach d’opérer dans le projet EPSA IV sur le bloc 95/96 situé dans le bassin de Ghadamès, à la frontière algéro-libyenne, au pays du Colonel Mouammar Kadhafi grâce à un contrat de partage de production à travers un consortium Sonatrach International Petroleum Exploration & Production (Sipex), Oïl India Ltd (OIL), Indian Oïl Corporation (IOC) et la Compagnie libyenne de Pétrole (NOC)).

Toujours en Libye, l’entreprise que dirige M. Nordine Cherouati opère sur fonds propres dans le bloc 65, dans le bassin de Ghadamès depuis janvier 2005. En Tunisie, la Sonatrach entreprendra, à travers sa filiale Numhyd, un autre partenariat avec ETAP visant l’exploration et la production d’hydrocarbures.

Cette aventure à la Robinson cruisoé mènera l’entreprise algérienne à pousser son exploration jusqu’au Niger, où Sonatrach est présente depuis 2005 et active dans l’exploration au niveau du périmètre de Kafra, sur une superficie de 23 737 km2, à la frontière algéro-nigérienne. On retrouvera encore Sonatrach au Mali. Elle est présente grâce à son autre filiale Sipex Mali. Le géant algérien des hydrocarbures s’investit sur le bloc 20 du Bassin de Taoudenni.

Dans la recherche et l’exploitation des hydrocarbures. La compagnie algérienne prendra part à 25% du capital formé avec l’italien ENI et l’australien Baraka Petroleum Ltd que lie un contrat de partage de production dans les blocs 1, 2, 3, 4 et 9 du même Bassin de Taoudenni. Cette fois-ci, c’est en Mauritanie qu’on retrouve Sonatrach grâce à son partenariat avec la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH).

L’opération consiste en l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures découverts dans les blocs Ta-01, Ta-30, Ta31 et Ta- 35 du Bassin de Taoudenni. Là encore, Sonatrach se liera au français Total par une participation à hauteur de 20% sur les blocs Ta7 et Ta8. L’ambition de la Sonatrach serait de réaliser pas moins de 30 % de son chiffre d’affaires international d’ici à 2015, mais cela reste une rude tâche.

A preuve du contraire, les résultats sont peu probants hormis la découverte de pétrole en Libye qui permet un enthousiasme. Les champs du Pérou produiraient actuellement 5.000 barils/jour en attendant de développer l’autre gisement péruvien dont la capacité serait estimée à 10 000 barils/jour. L’on se rappelle l’histoire des placements dans le fonds d’investissements américain Russel.

Réalisés aux Etats-Unis par l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, qui avait annoncé le chiffre d’un milliard de dollars et sur lequel Sonatrach aurait gagné 600 millions de dollars. Ce capital placé aurait « été restitué » et aurait même permis « un gain de 600 millions de dollars » sur cet investissement, faisant gagner à Sonatrach plus de 60% sur ces fonds, d’ailleurs « restitués ». Un autre sujet digne d’intérêt et qui mérite d’être approfondi en toute transparence.

Azzedine Belferag