Intervention de l’ANP à l’étranger, l’Algérie a déjoué tous les pièges

Intervention de l’ANP à l’étranger, l’Algérie a déjoué tous les pièges

2014-anp_sahra_229468400.jpgLa doctrine de l’Algérie de ne jamais intervenir dans les affaires internes des pays voisins, constitue la principale pomme de discorde entre Alger et les puissances occidentales.

La puissance de frappe de l’Algérie, sa stabilité politique, sa position géostratégique et son influence en Afrique, font d’elle, aux yeux des puissances occidentales, une recrue de choix pour camper le rôle de «puissance-relais» au service des ambitions politiques des Etats-Unis dans toute la région de l’Afrique du Nord. Le projet ne date pas d’aujourd’hui et a même été présenté aux responsables algériens par les différents patrons de l’Africom et aussi par d’autres capitales acquises aux desseins US dans la région, à l’image de la France et de la Grande-Bretagne. Il est établi, dans l’agenda des puissances occidentales, que la gestion «technique» des conflits régionaux doive revenir à des pays-pivots, appelés à engager des troupes au sol, soutenues par l’aviation de l’Otan. Cette option est une réalité en Asie centrale où les drones américains se font relayer sur le terrain par l’armée pakistanaise, qui traque les taliban.

En Afrique subsaharienne, le Tchad consent volontiers à jouer le rôle de «petit» gendarme pour traquer les terroristes de Boko Haram au Niger et au Nigeria, voire au Mali où les troupes de ce pays ont été sur les premières lignes lors de la guerre contre les terroristes au Mali. Seulement, ce pays, pour volontaire qu’il soit ne jouit pas des mêmes avantages que l’Algérie, dont l’importance aux yeux des puissances occidentales est assez remarquable pour stabiliser durablement la région.

L’épisode malien

Si Alger est d’accord avec les Occidentaux sur la nécessité d’une puissance régionale qui imposerait la stabilité dans la région, elle diverge sérieusement sur la manière d’obtenir cette même stabilité. La doctrine de l’Algérie de ne jamais intervenir dans les affaires internes des pays voisins, de favoriser systématiquement le dialogue inclusif en cas de conflit et d’éviter toute internationalisation des crises, constitue la principale pomme de discorde dans les approches géostratégiques entre Alger et les puissances occidentales.

Cette différence tient certainement à la volonté de redessiner la carte géopolitique du Monde arabe, selon une approche autoritaire qui ne tient pas compte des intérêts des peuples de la région. La «puissance-relais» aura la mission au mieux, d’appliquer les directives, au pire, réparer militairement les dommages causés par les dérapages en rapport avec la stratégie conçue à Washington et ailleurs en Occident.

Ce schéma n’est pas une vue de l’esprit. Il a bel et bien été mis en oeuvre en Asie centrale, au Moyen-Orient et au Maghreb. La décision de faire jouer à l’Algérie le rôle du «petit» gendarme ne relève pas, non plus, de la fabulation.

Dans la crise malienne consécutive à l’invasion de son territoire par les terroristes, affiliés à Al Qaîda, l’Armée algérienne était quasi publiquement invitée à engager des troupes pour chasser les éléments d’Aqmi et du Mujao des villes maliennes occupées. Le déploiement guerrier imaginé, puis mis en place par la France, devait l’être par l’Algérie, si l’on tient compte des déclarations des responsables du Quai d’Orsay et du département d’Etat US, à l’époque des faits. La chose était avancée, comme si l’Algérie ne pouvait faire autrement que de prendre part à l’action militaire au Mali. Le piège était presque parfait. Le simple énoncé d’une possible solution négociée inter-malienne avant d’engager les hostilités était banni des discours des dirigeants français, notamment.

L’option militaire devenait tellement évidente qu’il était presque «indécent» de l’éliminer. Face à cette grande pression, l’Algérie a tenu le coup et apporté sa contribution à l’effort de guerre à partir de son territoire, sans déroger à sa doctrine.

Cette pression exercée sur l’Algérie n’était pas la première. Déjà, lors des pilonnages des milices libyennes fidèles à El Gueddafi par une coalition en plein «printemps» arabe, les allusions à la nécessaire implication de l’Algérie se faisaient très insistantes. Les décideurs occidentaux, surtout français, exerçaient une forte pression par médias interposés.

L’on n’est même arrivé à ce que des titres algériens aient été associés à une campagne très insistante où l’on sentait une sorte de chantage à la «révolution». On avait la nette impression et Bernard-Henri Lévy le faisait bien ressortir, que l’on menaçait l’Algérie de troubles internes, dans le cas où elle refuserait de mettre la main à la pâte.

Plus récemment, les coalitions qui se sont formées entre pays arabes et occidentaux, pour lutter contre Daesh en Irak et en Syrie, ensuite pour traquer les Houtis au Yémen, ont toutes fait des propositions à l’Algérie.

Guerre d’usure

Des appels du pied, accompagnés de pressions discrètes destinés à faire faire à l’Armée algérienne, ce «premier pas» en dehors de frontières du pays. Sur toutes les questions qui l’ont concernée de près ou de loin, la diplomatie algérienne a plaidé pour la non-ingérence et préconisé des plans de paix inclusifs. Elle a réussi à faire admettre son point de vue sur le dossier malien, elle est en passe de «boucler» la question libyenne, imposant, de fait, sa vision de la gestion des conflits et partant, contribuer à démilitariser l’Afrique du Nord. Il reste, néanmoins, que les victoires diplomatiques de l’Algérie ne sont pas forcément la fin des pressions étrangères pour l’amener à s’impliquer militairement à l’étranger. Les USA, la France et la Grande-Bretagne tentent toujours d’entraîner l’ANP à jouer un rôle actif dans la région du Maghreb et du Sahel. Il serait naïf de penser que les puissances occidentales ont baissé les bras.

Il serait tout aussi illusoire de croire que l’Algérie puisse céder un jour. D’ailleurs, s’il existe un seul sujet qui fait l’unanimité au sein de la société et de la classe politique nationale, c’est bien la non-ingérence de l’Armée nationale populaire dans des conflits à l’étranger.