Instruction de Sellal pour les déclarations de patrimoine, Ces procès et déballages qui embarrassent le gouvernement

Instruction de Sellal pour les déclarations de patrimoine, Ces procès et déballages qui embarrassent le gouvernement

2014-Abdelmalek_Sellal_a_Mila_771388738.jpgL’impact des procès pour corruption en cours d’instruction dans les tribunaux et des grands déballages publics de ces derniers jours sur l’image du gouvernement est forcément négatif. Ce dernier semble en avoir ressenti les effets. Aussi, tente-t-il de faire montre de poigne, en sommant les commis et cadres de l’État de faire leur déclaration de patrimoine.  

Alors que la cour d’Alger se préparait à juger l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, se fendait d’une instruction dans laquelle il recommande aux membres de son gouvernement et aux hauts commis de l’État d’établir leurs déclarations de patrimoine et de les déposer auprès des institutions et organismes habilités à les réceptionner.

En somme, la Cour suprême pour le président de la République, les présidents des deux Chambres du Parlement, le président du Conseil constitutionnel, le président de la Cour des comptes, les ambassadeurs, les walis, les magistrats et l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC) pour les élus locaux et les hauts fonctionnaires.

Le Premier ministre a, en effet, par lettre n°96/PM du 18 avril 2015, instruit les membres du gouvernement à l’effet d’entamer l’opération de remise à l’ONPLC des déclarations de patrimoine relatives aux agents publics définis par le décret présidentiel n°06-415 du

22 novembre 2006.

L’instruction en question a été accompagnée d’une note d’organisation n°04/15 à l’ONPLC. La note, datée du 19 avril 2015, définissait les modalités pratiques de mise en œuvre de l’instruction. L’instruction du Premier ministre s’assimile à un rappel aux commis et hauts cadres de l’État de s’acquitter d’une obligation légale. Elle donne donc à déduire que des manquements à cette obligation légale ont été constatés. Car, sinon, il n’y avait pas lieu de recourir à l’instruction. Sans préjuger de son application, le texte ainsi pris par le Premier ministre renseigne sur la préoccupation qui affecte le gouvernement des suites des affaires de corruption qui sont étalées sur la place publique.

Il s’est assurément senti plus que jamais interpellé, tant est négatif l’effet que produisent les déballages publics sur son image. Par sa réaction, intervenue au moment où la justice traite de grosses affaires comme celle de l’autoroute Est-Ouest ou encore le procès en appel de l’affaire Khalifa, le gouvernement opère une opération de marketing politico-publicitaire à travers laquelle il poursuit d’apparaître dans l’attitude d’un Exécutif qui veille à la mise en branle des instruments légaux de lutte contre la corruption.

Ce message, qui défile en filigrane, est destiné aussi aux gouvernements et opinions étrangers qui suivent fort certainement la curiosité des chancelleries, sinon le Net aidant, les déballages et les déroulés des procès sur la corruption. À plus forte raison quand des ministres font l’objet d’accusations de conflits d’intérêts.

La secrétaire du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, ne cesse de pointer du doigt deux membres du gouvernement en exercice, osant même les  défier d’aller devant un tribunal, détenant, affirme-t-elle, des preuves de ses accusations. Les déballages arrivent au moment où le gouvernement Sellal, qui n’est point gâté par la conjoncture économique, doit faire avec l’austérité budgétaire.

S.A.I.