Industrie automobile algérienne : Beaucoup reste à faire

Industrie automobile algérienne : Beaucoup reste à faire

vehicules_852952_679x417.jpgDepuis l’indépendance, l’Algérie a lancé de grands projets économiques pour mettre en place une assise industrielle dense. Une bonne partie de la rente pétrolière a été réinvestie dans les projets de développement économique.

Cependant, en dépit des réalisations importantes (routes, métro, autoroutes, universités, usines, etc.) menées en grande partie grâce à la manne pétrolière et gazière, l’économie algérienne, passant par divers stades de turbulences, n’arrive toujours pas à trouver ses repères et à tirer les leçons des échecs précédents. L’Etat peine à adopter une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures, basée sur l’industrie, entre autres, et pourquoi pas une véritable industrie automobile.

«L’absence d’une industrie de fabrication de voitures particulières en Algérie à ce jour montre l’évidence de l’inaptitude quasi congénitale des dirigeants successifs de ce pays depuis l’indépendance, à promouvoir la moindre industrie automobile, alors que la nation n’est pas dépourvue d’atouts dans ce domaine : une position géostratégique favo-rable, au carrefour de l’Europe de l’Afrique et du Moyen-Orient, des ressources naturelles et humaines appréciables et un marché qui a crû sans cesse au point d’exploser dans les années 2000», a souligné fort à propos, Abderrahmane Iddir, ingénieur des mines, auteur du livre L’industrie algérienne, bilan et perspectives

3,21 milliards de dollars d’importations

Constat - Le marché algérien compte parmi les plus importants de l’automobile de l’Afrique du Nord.

Les chiffres des Douanes algériennes relèvent que la valeur des importations des principaux concessionnaires automobiles qui activent sur le marché algérien durant le 1er semestre 2014 a atteint 256,47 milliards (mds) de dinars (3,21 mds de dollars). Le nombre de voitures importées par une quarantaine de concessionnaires a également connu la même tendance baissière, mais plus prononcée, soit 25%, passant ainsi de 322 058 à 240 931 véhicules, durant la même période de comparaison, précise le Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS) des Douanes. Les mesures prises par le gouvernement pour assainir le marché de l’automobile et rationaliser les importations afin de mettre fin à l’anarchie et aux incohérences qui le caractérisent depuis 2007, commencent à donner leurs résultats. En effet, les nouvelles mesures arrêtées par la loi de finances 2014 pour réglementer l’activité des concessionnaires automobiles ont fait l’objet d’un arrêté ministériel, signé par le ministre de l’Industrie et des mines, Abdesslam Bouchouareb et publié au dernier Journal officiel. Cet arrêté vise essentiellement à fixer les conditions d’exercice de l’activité d’importation et de commercialisation de véhicules de tourisme ou utilitaires, ainsi que les engins roulants selon les modalités arrêtées par l’article 52 de la loi de finances 2014. Les concessionnaires automobiles sont, désormais, tenus de n’importer que les marques de véhicules mentionnées dans leur cahier des charges, selon cet arrêté publié au Journal officiel n° 49. Les services habilités du ministère de l’Industrie doivent communiquer à ceux, concernés, des ministères des Finances et du Commerce, la liste des marques commercia-lisées par les concessionnaires. Ces derniers sont également tenus de réaliser un investissement dans l’activité industrielle et / ou semi-industrielle portant notamment sur la fabrication d’ensembles et / ou sous-ensembles de pièces destinées à l’industrie automobile.

L’investissement doit être réalisé dans un délai maximum de trois (3) ans, et ce, à compter du 1er janvier 2014 pour les concessionnaires qui sont en activité. Pour les autres concessionnaires, l’investissement doit être réalisé dans un délai maximum de trois (3) ans à compter de la date d’octroi de l’agrément définitif.

L’investissement peut être réalisé par le concessionnaire lui-même ou en partenariat avec des opérateurs nationaux ou étrangers activant dans les secteurs liés à l’automobile, selon les critères fixés par le cahier des charges. Les concessionnaires automobiles n’ayant pas réa-lisé l’investissement conformément à l’article 52 de la loi de finances 2014 sont soumis au retrait de l’agrément par les services habilités du ministère chargé de l’Industrie. Ces mesures interviennent dans le cadre de l’opération d’organisation et d’assainissement de cette activité. Ces derniers mois, une dérégulation du marché a été observée et une prolifération de revendeurs non agréés, agissant en toute illégalité, a été constatée sur les bordures des routes et dans les parkings des cités, renforçant ainsi la spéculation et le secteur informel.

Farid Houali