In-Salah: la phytothérapie, un mode de médication en vogue.

In-Salah: la phytothérapie, un mode de médication en vogue.

Les boutiques de médecine alternative, phytothérapie et aromathérapie à In-Salah (750 km Nord de Tamanrasset) suscitent un large engouement de clients en quête de plantes à usage thérapeutique pour prévenir et guérir les maladies.

La phytothérapie et l’aromathérapie sont prisés pour de pathologies, qu’elles soient graves ou bénignes, sur recommandations de l’entourage, sans se soucier d’éventuelles complications et effets secondaires pouvant être provoqués par ces préparations.

Pour de nombreux citoyens d’In-Salah approchés par l’APS, la phytothérapie constitue « un retour à la nature », notamment en matière de traitement de certaines maladies graves, et que ces herbes ont toujours été de « bons remèdes » pour leurs vieux parents, dont certains, disent-ils, « ne s’étaient jamais rendus dans les structures de santé et officines pharmaceutiques ».

La plupart des herboristes et phytothérapeutes d’In-Salah, dans le Tidikelt, affirment que leurs « officines » sont sollicitées par toutes les catégories sociales et pas seulement par les personnes âgées.

Ils assument, outre la vente des produits, la prescription de pseudo-ordonnances thérapeutiques et la vulgarisation des vertus, mode d’emploi et posologie des mixtures à base d’herbes et de plantes, selon les cas des malades, dans l’espoir d’un rapide soulagement de leurs douleurs et d’un rétablissement, sans avoir à recourir à la médecine moderne.

La région qui comptait, dans un passé récent, un nombre limité de personnes, expérimentées, qui se sont fait une spécialité dans la préparation de mixtures thérapeutiques contre différentes pathologies passagères et bénignes, connait aujourd’hui une prolifération de spécialistes en phytothérapie, installés dans plusieurs coins stratégiques de la ville.

Les prescriptions varient d’un herboriste à un autre. Certains recourant à des préparations usitées et ayant donné leur preuve, d’autres se référant à des ouvrages et écrits, anciens ou modernes, sur la médecine alternative.

                           Des « cliniques » à domicile se sont fait une clientèle

Plusieurs femmes de la région du Tidikelt accueillent des malades chez-elles pour leur apporter une aide thérapeutique, notamment des cas « désespérés ».

L’une d’elles, Mme N. Sihami, ayant reconverti son domicile en « cabinet médical », a affirmé que des préparations de plantes prophylactiques ont donné lieu à des résultats « magiques » sur de nombreux cas de malades, dont des femmes souffrant de stérilité, des cas de tumeurs, de fractures et de maladies infantiles.

Jouissant d’une expérience en phytothérapie, car promue de l’institut technique de l’agronomie saharienne de Timimoune où elle a développé des connaissances en matière de compositions biologiques des végétaux, leurs effets et bienfaits sur le corps humain, elle estime que le recours à la médecine alternative est due parfois à la difficulté de diagnostiquer leur maladie par les médecins.

Pour Mme Rokia, une quadragénaire d’In-Salah rencontrée dans cette « clinique traditionnelle » à domicile, « la fin justifie les moyens ».

« Face à la gravité de la pathologie, le malade recourt à tous les moyens’’, et que « certaines se tournent vers les plantes naturelles dès lors qu’elles y perçoivent une lueur d’espoir de guérison ».

                                   La médecine moderne, un tout autre avis          

En dépit de la convergence d’opinions sur l’efficacité de la phytothérapie dans la protection contre certaines maladies, des médecins et pharmaciens rencontrés à In-Salah restent fondamentalement opposés au recours à la phytothérapie, s’appuyant sur l’argument qu’un mauvais usage des plantes peut entraîner des complications sur la santé.

A ce sujet, le Dr Abdelkrim Saadaoui, médecin généraliste, a mis en garde contre le recours inconsidéré à la phytothérapie, ne s’appuyant pas sur des bases scientifiques correctes et qui, selon lui, risque de mettre en danger le malade et aggraver sa situation, en l’absence de formation en la matière et par méconnaissance des plantes pouvant contenir des matières toxiques et dangereux.

Pour cela, les médecins appellent les herboristes à se doter de connaissances médicales et scientifiques sur les plantes naturelles pour bénéficier de leurs bienfaits et en faire un bon usage.