Importation de véhicules, Sellal et Benyounès veulent sévir

Importation de véhicules, Sellal et Benyounès veulent sévir

amara-benyounes-mpa.jpgLe Premier ministre et le ministre du Commerce

Toute l’astuce était d’enclencher une importation massive de véhicules, entre la date de l’annonce de cette loi par le ministère de l’Industrie le 31 mars et sa mise en vigueur et sa publication au Journal officiel le 15 mars dernier.

Sans citer de noms, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pointe du doigt les agissements douteux de certains concessionnaires automobiles. Ces derniers ont procédé à l’ouverture de domiciliation bancaire pour importer des véhicules avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation. «Certains concessionnaires automobiles, filiales de constructeurs étrangers, avec la complicité de banques commerciales privées ont procédé à des domiciliations bancaires d’importation durant la période du 23 mars au 9 avril de volumes de véhicules sans rapport avec la moyenne enregistrée pour la même période de 2014, évaluée à 613 millions d’euros» indique-t-il dans la lettre qu’il a adressée en date du 22 avril au ministre des Finances et au gouverneur de la Banque d’Algérie.

Le fait est que cela a été possible, dans la mesure où ces concessionnaires avaient l’information de la mise en place d’une nouvelle réglementation, d’un nouveau cahier des charges relatif à l’importation de véhicules. Elle prévoit, entre autres, la conformité aux normes internationales des véhicules qui doivent entrer en Algérie. Toute l’astuce était d’enclencher une importation massive de véhicules, entre la date de l’annonce de cette loi, par le ministère de l’Industrie le 31 mars et sa mise en vigueur et sa publication au Journal officiel le 15 mars.

Il faut savoir que l’Abef avait signifié aux banques la suspension des domiciliations d’importation de véhicules le 09 mars. Mais cela n’avait pas empêché ces concessionnaires de trouver une banque privée qui avait accepté de leur ouvrir des lignes de crédits dans ce sens.

M.Sellal le dit bien dans sa lettre «une banque commerciale privée a procédé à l’ouverture d’une lettre de crédit à un concessionnaire qui a fermé son compte auprès d’une autre banque qui, par respect de la nouvelle réglementation, lui a refusé l’ouverture de la ligne de crédit». Il va sans dire, que ces manoeuvres procurent à leurs initiateurs, une avance et un confort commercial important, et dénote d’une concurrence hautement déloyale. Le fait qu’ils contournent la nouvelle réglementation, leur donne la possibilité de constituer des stocks de véhicules et de se placer dans une position plus avantageuse que leurs concurrents. Ceci étant, le ministère de l’Industrie chargé d’élaborer la nouvelle réglementation sur l’importation de voitures, avait prématurément annoncé l’entrée en vigueur de cette loi. C’est précisément cette annonce qui a poussé les concessionnaires à accélérer leurs importations. Par ailleurs, le Premier ministre a signifié par le biais de la même lettre, aux ministres des Finances, Mohamed Djellab et au gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, de «prendre les mesures nécessaires, dans le strict respect de la nouvelle réglementation, pour une maîtrise de l’importation de véhicules neufs et combattre toutes formes de manoeuvres visant son contournement».

De son côté, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, s’est prononcé de façon ferme ce dimanche, lors d’une conférence de presse en marge du lancement de la campagne «consommons algérien», sur ces agissements des concessionnaires. Il rappelle que les lois de la République existent et qu’elles seront appliquées avec toute la rigueur. Il précisera qu’en face de ces tentatives de contournement de la nouvelle réglementation, le gouvernement favorise la consommation du produit national et qu’à ce sujet, il est bien décidé à réduire les importations. Et ce, en dépit de la requête émise par l’association des concessionnaires automobiles, adressée au Premier ministre, pour l’obtention d’une période probatoire de 12 mois, afin de régulariser toutes les importations lancées avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation.