Il y a cinquante ans ,Krim Belkacem Signait à Evian,Les accords qui ont libéré l’Algérie

Il y a cinquante ans ,Krim Belkacem Signait à Evian,Les accords qui ont libéré l’Algérie

P120319-14.jpgKrim Belkacem, chef de la délégation du FLN, aux négociations d’Evian, annonçant officiellement la finalisation des discussions avec le gouvernement français

La journée du 19 mars n’est pas fériée. Elle n’est même pas une fête nationale. C’est à peine si elle est consacrée Journée de la victoire.

Il y a cinquante ans, jour pour jour, naissait l’Algérie. Le 18 mars 1962, l’Algérie combattante et la France coloniale signaient à Evian la fin de la Guerre d’Algérie. La signature de ces accords a conduit à l’indépendance du pays, le 5 juillet 1962. Pour les historiens, ces accords ont été un compromis historique entre deux peuples. Ils avaient scellé définitivement le sort de plus de sept années de guerre, mettant également fin à 132 ans de colonisation, à la faveur d’un référendum d’autodétermination consacrant l’intégrité territoriale, l’unité du peuple algérien et l’indépendance totale du pays. 50 ans plus tard, c’est tout juste si cette date est évoquée dans les manuels scolaires algériens. La journée du 19 mars n’est pas fériée, elle n’est pas une fête nationale. C’est à peine si elle est consacrée timidement Journée de la victoire. Pourtant, le peuple algérien venait d’accomplir ce qu’aucun autre peuple au monde n’avait pu réaliser. L’Algérie venait d’arracher une victoire ayant consacré les principes énoncés dans la Déclaration du 1er Novembre 1954. C’est ainsi que l’on a considéré que ces Accords n’étaient pas seulement un moyen de mettre un terme à une guerre extrêmement dure de plus de 7 ans, mais aussi, il s’agissait d’une occasion pour montrer d’une façon éclatante que l’Algérie était devenue adulte en traitant d’égal à égal avec la cinquième puissance coloniale dans le monde. «Les fellagas, quand ils verront un tapis vert, on leur fera signer tout ce que l’on voudra», promettait le diplomate suisse, Olivier Long, chargé par son gouvernement de gérer les approches entre Français et Algériens. La France s’est appuyée sur cette erreur d’appréciation, montrant une totale méconnaissance des Algériens et de leur psychologie. C’était l’ultime erreur d’appréciation de la France car dans ce chapitre, elle en commit depuis le projet d’assimilation défendu bec et ongles par Ferhat Abbas. Mais 50 ans plus tard, il convient de faire une halte, un bilan des acquis et des ratages de cette marche qui a débuté depuis 1962. Libérés du joug colonial, les Algériens ne partaient pas seulement à la recherche d’une prospérité mais d’une identité anéantie par les différents colonisateurs qui se sont succédé en Algérie depuis des millénaires. Le développement de l’Algérie se voulait alors renaissance, se voulait rédemption et rectification puisque le passé tout aussi glorieux a montré qu’il recelait des ferments d’échec.

Echec oui, le mot revient avec instance à l’occasion de ce cinquantenaire des Accords d’Evian et de l’Indépendance. Doit-on aujourd’hui penser l’Algérie avec ou contre la France? 50 ans après notre indépendance on se retrouve face à ce dilemme. Un terrible paradoxe auquel la classe dirigeante algérienne n’a pu apporter de réponse.

Les Accords d’Evian transmettaient à l’État algérien un héritage de guerre, un butin culturel. Il a été broyé par les rouages du clanisme en éliminant les partisans d’une authentique République algérienne. Plus que jamais, amorçant ce cinquantenaire chargé de symbolique, si plein de fractures tragiques et d’espoirs parfois trahis, on a l’impression que la rhétorique de nos gouvernants est une sorte de chansonnette lointaine. Une rengaine qui reflète un système de pensée périmé, d’un disque rayé et d’un logiciel dépassé.

La génération de la guerre, celle qui a libéré le pays, celle qui a détruit le colonialisme et qui lui a survécu, n’a cédé que très peu de place à la génération de l’après-Indépendance. Erreur fatale qui a coûté cher au pays qui, 50 ans plus tard, voit sa jeunesse se jeter à la mer, s’immoler par le feu et fuir le pays vers d’autres horizons. Mais pour transposer une phrase célèbre: il semble que la construction d’un pays soit devenue une chose très sérieuse pour qu’elle soit confiée à une génération dont la tâche était de détruire… le colonialisme.