Il répond à ses détracteurs, Sadi : “Ils veulent occulter le rôle de la Wilaya III”

Il répond à ses détracteurs, Sadi : “Ils veulent occulter le rôle de la Wilaya III”

saidi_767486559.jpgSuite à la question relative à la polémique autour de Messali Hadj et de l’autosaisine du parquet d’Alger qui s’y est invitée, Saïd Sadi ne s’est pas laissé prendre au jeu.

C’est à travers un livre qui sortira avant avril prochain que Saïd Sadi compte répondre à ceux nombreux, historiens, universitaires et autres, qui se sont acharnés, notamment depuis début janvier, à lui reprocher d’avoir écrit un livre et d’avoir, au cours de ses conférences publiques, revisité et critiqué, suite à des questions posées, les parcours de certains hommes politiques.

Quoique particulièrement attendues, après la valse de réactions volontairement polémistes à propos de certains avis émis sur trois personnalités historiques, mais que Saïd Sadi affirme n’avoir pas prononcé dans les termes rapportés par certains médias, les deux conférences animées, hier, à Souk El-Tenine et au TRB, dans la wilaya de Béjaïa, par l’auteur du livre Amirouche : une vie, deux morts et un testament, ne se sont pas écartées de leur objet.

Quand bien même la question relative à la polémique autour de Messali Hadj et de l’autosaisine du parquet d’Alger s’y est invitée. Saïd Sadi ne s’est pas laissé prendre au jeu de la polémique. Il a déploré, d’ailleurs, que le contenu de son livre soit occulté et que les attaques ciblent sa personne. “C’est une affaire qui est en justice. Je n’ai pas de commentaires à faire”, a-t-il coupé court, précisant, toutefois, qu’“il y a ce que j’ai dit, et je l’assume. Ce que j’ai dit est sur ma page facebook. J’ai littéralement transcrit ce que j’ai dit à partir de l’enregistrement. Ce qui s’est écrit relève du délit de presse”. C’est depuis Souk El-Tenine où, répondant à l’invitation de l’association socioculturelle de Sahel-Lotha, il a animé le matin une conférence sous le thème “Culture du refuge à la culture de combat”, que Saïd Sadi avertissait, devant une salle pleine à craquer, qu’il ne se laissera pas entraîner sur le terrain d’une telle polémique.

Néanmoins, il aura tout le loisir d’épingler ses détracteurs durant sa conférence intitulée “Culture et histoire : les défis d’aujourd’hui” animée au TRB, dans une salle archicomble. Saïd Sadi commence par noter que : “Le climat créé par les attaques des affidés du pouvoir, ou de ce qu’on peut finalement considérer comme des intellectuels organiques du système, et l’insurrection citoyenne révélée par l’adhésion enregistrée lors des rencontres organisées contre la confiscation du champs mémoriel, représentent une matière de première main pour la compréhension des enjeux qui se jouent dans le pouvoir et la société”.

L’auteur de Amirouche : une vie, deux morts et un testament  note également que cinq ans après la première édition du livre, personne parmi l’aréopage des universitaires et des critiques n’a pris la peine de contester le contenu factuel du livre. “Mieux, je ne crois pas savoir qu’un critique ou un universitaire ait pris la peine de prendre langue avec les témoins que j’ai interviewés pour faire préciser un propos ou un événement ; ce qui eut été sain et utile car ces acteurs, qui sont aussi des hommes âgés, peuvent avoir été pris en défaut sur tel ou tel aspect de leur narration. On aurait pu aussi décider de vérifier l’authenticité des documents produits, et cela aurait enrichi le débat et, peut-être même, permis de trouver d’autres sources qui pourraient contribuer à mieux lire une épopée qui nous concerne d’autant plus que le système politique qui régit le pays fonde sa légitimité sur le monopole de l’histoire.”

Le pourquoi des attaques

Saïd Sadi saisit les aboutissants des polémiques instruites autour de sa personne et de son livre. Cela, il le décèle à travers les profils de ceux qui sont sortis des bois. Il y a les héritiers du Malg, les premiers à sonner la charge.  “En substance, tous les écrits étaient sous-tendus par la mise en accusation de la contestation d’un dogme scrupuleusement observé dans le pays depuis 1962. Nous avons établi, une fois pour toutes, toutes les règles, et défini les éléments qui doivent figer l’histoire de la guerre de Libération, tout ce qui y déroge doit être assimilé à une trahison nationale.”

“C’est le message de mes détracteurs”, soutient Sadi. Il y a eu par la suite d’autres politiques dont les sorties sont dictées, explique encore Sadi, d’ambitions actuelles. Ceux-là, il les qualifie de supplétifs de la censure. “Dans la foulée de l’escouade des hussards qui sont montés au front, il y a d’autres politiques, dont certains cultivent des ambitions très actuelles. Les remarques ou les invectives portent sur deux registres : certains arguent que compte tenu de mon âge, je n’avais pas à traiter d’événements dont je n’étais pas acteur ; d’autres, rejoints par divers ‘observateurs’, insistent pour dire qu’un médecin ou un politique n’a pas à interférer dans le témoignage historique, domaine qui, selon eux, serait réservé aux seuls spécialistes de la discipline.” Pour battre en brèche cet argumentaire avancé par ses détracteurs, Sadi cite des exemples concrets de Tunisiens, de Marocains et de Français, des politiques, syndicalistes et journalistes et même des profanes, qui ont écrit sur l’histoire. “Le plus cocasse est que certains de ces responsables qui surjouent la partition de la condamnation de mon égarement hérétique ont, eux mêmes, écrit sur la même matière.”

La raison de ces charges sonnées contre lui procèdent, accuse Sadi, d’une volonté sournoise à réduire de l’apport de la wilaya III à la Révolution. “La Wilaya III ne devait en aucune façon se voir reconnue dans le rôle qui fut le sien dans le combat libérateur.” Saïd Sadi parle carrément de fracture intellectuelle, tant est que ce sont parfois des enseignants universitaires, qui encadrent donc les futurs chercheurs, qui se rendent aux raccourcis qu’il dénonce. S’il salue la prise de position de certains intellectuels qui ont dénoncé le procès qui lui est intenté comme étant une atteinte à la liberté d’expression, Saïd Sadi ne manque pas de relever chez des universitaires une hostilité subjective. “En effet, et sans hurler avec les loups, un second groupe d’universitaires, bien plus consistant que le précédent, se distingue par des commentaires où les précautions prises avant d’exprimer leurs réserves cachent mal leurs tentations de vérifier des préjugés connotés par une hostilité subjective qui, à l’occasion, vire à l’attaque personnelle.”  Dans ce lot, Sadi cite notamment Malika Rahal, Addi Lahouari.

Pour Saïd Sadi, tous les accusateurs partagent une même attitude : éviter de parler des faits rapportés dans le livre. “Tous les accusateurs ont évacué la seule chose qui méritait d’être tranchée ; les faits relatés et les documents produits sont-ils véridiques ou non ? Ils ont, sans exception aucune, fait l’impasse sur l’une des violences les plus traumatisantes de notre histoire de la guerre et l’après-guerre : la confiscation des restes de deux colonels de l’ALN au lendemain de l’Indépendance.”

Intimidations contre la direction du TRB

Le Café littéraire de Béjaïa, qui a invité Saïd Sadi pour une conférence à Béjaïa, a dénoncé, dans un communiqué public, les pressions et intimidations que les services de sécurité ont exercées sur la direction du TRB pour annuler ladite conférence. Les mêmes intimidations, ajoute le communiqué, ont visé le Café littéraire dont l’affiche a été arrachée. Le Café littéraire a dénoncé des pratiques qu’il a qualifiées d’oppressives.

S. A. I.