Il recrute des milliers de combattants en quelques clics, La cyberguerre de Daesh désarçonne le monde

Il recrute des milliers de combattants en quelques clics, La cyberguerre de Daesh désarçonne le monde

P150224-17.jpgLa cyberguerre de Daesh désarçonne le monde

20.000 ou 50.000 individus «retournés» par l’«Etat islamique» est un chiffre ridiculement bas en comparaison des 6 milliards de personnes qui peuplent la planète, mais…

Après avoir diabolisé l’islam et les musulmans, les puissances occidentales, totalement désarçonnées par les méthodes de l’organisation autoproclamée, Etat islamique, semblent avoir opté pour une démarche différente de celle préconisée pour détruire El Qaîda. Certains spécialistes de la lutte antiterroriste estiment que la surprise des dirigeants occidentaux ne vient pas de la sauvagerie de Daesh. Ils savent très bien que les pratiques de cette organisation relèvent quelque part de la nature humaine et que leurs propres services spéciaux y ont eu recours à un moment ou un autre de l’histoire moderne de leurs pays respectifs. Ce qui inquiète les «stratèges» américains, britanniques et français, c’est la maîtrise des moyens de communication ultradéveloppés par les éléments terroristes.

Arme privilégiée des services de renseignements occidentaux lors du «printemps arabe», l’Internet est passé entre les mains des «communicateurs» de Daesh qui ont montré une expertise remarquable dans le maniement de cet outil de communication qui ne connaît ni limite ni censure. Aussi, l’ «Etat islamique» existe par ces frontières, mais surtout à travers une véritable offensive vraisemblablement très bien conduite par des experts qui donnent l’impression de très bien savoir ce qu’ils font. Chaque exécution est synonyme pour Daesh d’un coup médiatique de portée mondiale. Les médias classiques qui tentent d’arrêter la «bête» à travers des commentaires négatifs ou horrifiés face à ses «productions audiovisuelles» procurent plus de sens à son action et lui donnent l’occasion d’entrer dans la vie de toute l’humanité, après avoir conquis le «cybermonde».

Les experts antiterroristes occidentaux ont donc compris l’inutilité de combattre Daesh par les armes, l’image ou la parole. Chaque forme d’action renforce l’organisation et attire vers elle plus d’arpètes des cinq continents. Même si l’on peut considérer que 20.000 ou 50.000 individus «retournés» par l’«Etat islamique» sont des chiffres ridiculement bas en comparaison des 6 milliards de personnes qui peuplent la planète, ils représentent beaucoup pour cet Etat qui s’offre une armée de kamikazes disséminée dans les cinq continents.

Lorsque Obama disait que son administration n’avait pas encore adopté une stratégie de lutte contre Daesh, il ne croyait pas si bien dire. Ses conseillers avaient compris la complexité de la situation créée par l’organisation terroriste. Ladite stratégie qui semble bourgeonner à Washington, Alger, Riyadh et dans quelques autres capitales, apporte une réponse tout aussi «novatrice» que l’attaque de Daesh.

Les Américains qui, faut-il le souligner, tâtonnent toujours, s’alignent pour l’instant sur le discours de l’Algérie par rapport au traitement des crises sécuritaires. La seule réaction militaire ne saurait être la solution. Sur les dossiers libyen, malien et, peut-être dans un futur proche, syrien, la tendance est à la priorisation du dialogue politique entre les belligérants non-terroristes. L’idée est d’affronter la menace terroriste avec un Etat viable et crédible.

Mais cela ne règle pas la question de la cyberguerre que mène Daesh à l’humanité entière. L’Algérie préconise, pour y faire face, un traitement des questions sociales et économiques des catégories de personnes fragiles. L’Algérie appelle cela la déradicalisation.

Les Américains ont «acheté» l’idée, mais accepteront-ils de faire un bout de chemin avec le reste du monde ou s’empareront-ils de l’idée pour en faire un usage unique, très américain qu’ils imposeront au reste du monde? Pour l’heure, la quasi-totalité des capitales admettent la nécessité de changer de méthode de lutte antiterroriste, c’est déjà un pas vers l’avant.