Il a épinglé l’opposition et critique l’offre de Ouyahia, Saâdani tire à vue

Il a épinglé l’opposition et critique l’offre de Ouyahia, Saâdani tire à vue

saidani.jpgAmar Saâdani est sorti de ses gonds

Brutal dans ses propos, le secrétaire général du FLN n’a ménagé personne. Tous ceux qui ont fait l’actualité cette semaine ont eu droit à ses critiques.

Quarante huit heures après la sortie médiatique d’Ahmed Ouyahia, qui a créé l’événement ces jours-ci, Amar Saâdani rompt le silence. Le secrétaire général du FLN qui a animé une conférence de presse hier à l’hôtel El Aurassi n’a pas fait les choses au hasard. Bien au contraire, le timing a été bien calculé. Sinon, pourquoi avoir attendu deux semaines après la tenue du congrès pour s’exprimer. N’est-il pas le début des rivalités entre les deux leaders chefs des partis de la coalition? s’interrogent les observateurs de la scène politique.

Le ton adopté par le chef de file du parti majoritaire l’illustre clairement. Amar Saâdani est sorti de ses gonds pour régler ses comptes avec ses concurrents sur la scène politique. Réconforté par le soutien de la hiérarchie, M.Saâdani n’a pas du tout été tendre dans ses propos. Agressif, le secrétaire général n’a épargné personne. Interpellé sur la lettre envoyée par le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, le conférencier dira que «cette lettre ne constitue, en aucun cas, une violation de la Constitution». Une manière de renvoyer en bloc les lectures faites par l’opposition. «C’est dans nos traditions, à chaque occasion ou événement, nous transmettons une lettre de remerciements au chef de l’état- major pour les exploits réalisés par cette institution», a-t-il soutenu en guise de justification.

M. Saâdani attendait certainement ce moment pour tirer à boulets rouges sur l’opposition qui a vivement critiqué ce geste. «Ceux qui critiquent la lettre de Gaïd Salah sont ceux qui ont appelé à l’intervention de l’armée lorsque le président de la République était hospitalisé au Val-de-Grâce. Ce sont Soufiane Djilali, Hamas et Benflis qui ont demandé l’application de l’article 88 de la Constitution pour provoquer un coup d’État mais Gaïd Salah avait refusé que l’armée intervienne. Il a refusé le coup d’État, contre la légalité constitutionnelle», a-t-il rappelé.

L’ancien président de l’APN ne s’est pas arrêté là. Il a bien pris le soin de tailler une réponse pour chacun. Il a commencé par l’ancien secrétaire général du parti, Ali Benflis. «Je pensais qu’il serait le dernier à parler du FLN vu qu’il était à la tête», a-t-il affirmé en estimant qu’«il n’a pas le droit de parler du parti puisqu’il n’est plus militant». Pour Saâdani, «M.Benflis n’est même pas habilité à parler en tant que chef de parti puisque son parti n’est pas encore né. Le conférencier s’est attaqué par la suite au président du Rassemblement de la société pour la paix, Aderrezak Makri qui, selon ses dires, a perdu complètement la boussole. «On ne peut pas travailler avec un parti qui se réclame tantôt islamiste, tantôt de gauche, il est partout et nulle part», a-t-il décrié avant d’ajouter: «Nous n’avons jamais parlé des lettres qu’ils ont reçues des islamistes et des ONG».

Saâdani a même épinglé Louisa Hanoune envers laquelle il a fait preuve d’un manque de respect. «Louisa parle de violation de la Constitution alors qu’elle était la première à avoir violé la Constitution en constituant un parti sectaire», a-t-il asséné en l’appelant à rectifier l’appellation de son parti avant de parler de la Constitution.

Ce n’est pas tout. «C’est Louisa qui a été voir Gaïd Salah pour lui demander l’intervention de l’armée et ce n’est pas moi», a-t-il tenu à souligner sur un ton ironique. Sa dernière flèche il l’a réservée à Soufiane Djilali qu’il qualifie «d’élève qui s’est révolté contre son maître». Le secrétaire général du parti a défendu vivement le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah. «Depuis la venue de Gaïd, on ne fait plus les présidents en Algérie, ils sont élus», a-t-il affirmé en faisant allusion à la déclaration de son collègue du RND. Saâdani n’a même pas épargné ses alliés des critiques. A propos de la proposition de coalition faite par Ahmed Ouyahia, il répond carrément par la négative.

«La coalition dont parle Ouyahia est encore prématurée», a-t-il dit avant d’ajouter «nous n’acceptons pas que le FLN soit un wagon mais il doit être la locomotive». Etant parti majoritaire, le patron du FLN veut lancer son propre projet. «Nous appelons à la constitution d’un front national de soutien au président d’abord, qui est une initiative du FLN. Ce front regroupera l’ensemble des partis et associations qui ont soutenu le président», a-t-il expliqué. Selon Amar Saâdani, «le pôle de Ouyahia viendra après la constitution du front». Saâdani refuse de donner son accord sans condition. «Nous avons deux conditions pour y prendre part: il faut que le FLN soit la locomotive, parce qu’on est la majorité et il faut que l’alliance soit autour de lois, de projets, de débats et non des personnes ou d’autres entités.» Enfin, Saâdani s’est mis dans le rôle de donneur de leçons pour la presse à laquelle il reproche le manque de professionnalisme. Décidément, l’homme du FLN se permet tous les excès