Hamiz, Au bazar de la contrefaçon

Hamiz, Au bazar de la contrefaçon

00371electro_menager.jpgJeudi, nous avons effectué une virée au bazar du Hamiz, royaume des produits ménagers et électroménagers de la capitale, où nous nous sommes fait passer pour des clients à la recherche d’un chauffage à gaz.

Cette virée nous a permis de constater de visu que les chauffages de contrefaçon et de sous-marques chinoises aux normes de sécurité improbables sont vendus librement. Des appareils que d’aucuns appellent «le tueur silencieux». En effet, à chaque saison hivernale sont enregistrées des pertes en vies humaines à cause de ces appareils contrefaits, chauffages et chauffe-bains confondus. Leur présence sur le marché n’est-elle pas une preuve de la passivité des pouvoirs publics qui les laissent passer entre les mailles des filets de la douane et des services de contrôle du commerce ?

Dès notre entrée dans un magasin de vente de produits ménagers et électroménagers, nous avons demandé au vendeur à voir les chauffage à gaz. Sans gêne aucune, il nous a répondu : «Vous en voulez un d’origine ou taiwan ?» A notre question de savoir pourquoi il vendait des chauffages contrefaits, il nous a répondu tout de go : «Ce n’est pas moi qui les importe, moi je ne fais que les commercialiser».

Il a alors commencé à énumérer les marques et les prix des produits dits d’origine avant de donner ceux des produits imités. Ainsi par exemple, le chauffage Lincar (italien) est cédé à hauteur de

40 000 DA alors que le produit imité est vendu à 15 000 DA. Mais la «star» de ces chauffages est incontestablement le français

De Longhi. C’est le chauffage le plus prisé par les foyers algériens en raison de sa qualité. Par expérience, je peux affirmer que «la majorité des foyers sont équipés de cette marque», nous révèle le marchand. Les prix de ce chauffage varient entre 15 000 et 18 000 DA pour l’original, alors que la «copie» va de 10 000 à 14 000 DA. Mais il reste, en ce qui concerne cette marque, qu’«il est très difficile de faire la différence entre l’original et le produit imité, car c’est pratiquement les mêmes à quelques détails près. Il faut être expert pour voir la différence».

Dans un autre magasin, le vendeur nous a dit en toute franchise : «Je ne vends pas de chauffages contrefaits.» Sauf qu’au moment où nous lui demandions s’il remettait un certificat de garantie, il répondit qu’il n’en avait plus, alors que leurs prix nous ont laissés pantois, tout simplement parce qu’ils sont aux mêmes prix que les produits imités du magasin d’à côté. Nous avons essayé de vérifier la marque à l’intérieur. Elle y était, mais sur la tôle non, ce qui nous a laissés douter sur l’origine de ces appareils.

«Un tiers des produits vendus sont contrefaits»

Contacté, le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulanouar nous a affirmé que le tiers des produits vendus en Algérie sont contrefaits. Ce qui nécessite, selon notre interlocuteur, une prise de conscience urgente, et ce, dans le but de sauver le consommateur algérien d’un danger certain. Il pointe du doigt les services de contrôle, absents sur le terrain, ce qui a favorisé l’inondation du marché algérien de produits contrefaits dans tous les domaines. Pour notre interlocuteur, c’est au consommateur d’être vigilant, en attendant mieux.

H. B.