Guerre de Libération nationale : Des milliers de chouhada n’ont pas de tombes.

Guerre de Libération nationale : Des milliers de chouhada n’ont pas de tombes.

Des milliers de chouhada algériens «n’ont pas été enterrés», a affirmé jeudi à Bordj Bou-Arréridj l’historien Lahcène Zeghidi, soutenant que chaque centre de torture a été érigé sur un cimetière dans un pays qui a versé pour son indépendance un lourd tribut de plus de 10 millions de martyrs tombés au champs d’honneur durant 132 ans de colonisation sauvage.

«Le colonialisme français a adopté, dès qu’il a foulé le sol algérien, la politique de la terre brûlée faite de massacres collectifs, de représailles sauvages et d’exécutions sommaires au point que les restes de certains des symboles de la Révolution libératrice dont Aïssat Idir, Maurice Audin, Larbi Tebessi, Hamou Boutlelis et Abderrahmane Mira n’ont pas, à ce jour été trouvées,» a souligné Lahcène Zeghidi au cours d’une conférence animée au musée du moudjahid sous le titre «Les chouhada, des symboles sans tombes» devant une assistance de moudjahidine et d’étudiants.

Le conférencier a fait état de trois grandes générations de chouhada: La première est celle des martyrs des premières résistances populaires entre 1830 et 1880 durant lesquelles près de 500.000 Algériens étaient tombés au champ d’honneur. La seconde est celle du mouvement nationaliste où durant les seuls évènements de mai 1945 il y a eu plus de 45.000 martyrs.

La troisième génération de chouhada relève de la Révolution pour la libération du pays. A cela, il faut ajouter, affirme cet historien, plus de 800 villages rasés de la face de la terre, environ 18.000 crânes et squelettes humains transformés en savon et les victimes de pas moins de 12 millions mines anti-personnel répandus sur le territoire national.

Ces exactions, soutient-il, «sont toutes attestées par les témoignages des historiens français eux-mêmes.» Cette conférence s’inscrit dans le cadre de la 17ème semaine culturelle et historique qui vise à rendre hommage aux chouhada sans tombes, a affirmé, de son côté Mohamed Abad, président de l’association Machaâl Echahid, initiatrice de la manifestation.

Pour le même intervenant, «le recouvrement de la souveraineté nationale totale exige la récupération des 36 crânes de nos héros résistants conservés encore en France au Musée national d’histoire naturelle de Paris pour les enterrer dignement sur le sol de la patrie».