Gestion des oeuvres sociales de l’Education

Gestion des oeuvres sociales de l’Education

Une radioscopie de l’implantation syndicale

Le dossier de la gestion des oeuvres sociales de l’Education nationale, cheval de bataille des syndicats autonomes depuis des années, est appelé à connaître des développements dans les semaines à venir.

En effet, suite à trois semaines de grève engagée par ces organisations syndicales, le département de Ben Bouzid semble céder sur ce plan. Mais pour la mise en place de la commission mixte devant gérer les oeuvres sociales qui représentent 17 % de la masse salariale de tout le secteur de l’Education, ce qui est énorme, le ministère a besoin d’une «radioscopie» de la représentativité syndicale au niveau de tous les établissements scolaires du pays. Dans ce sens, les chefs d’établissements scolaires ont été destinataires d’un courrier leur demandant de fournir des informations exactes sur l’implantation des syndicats dans leurs collèges et lycées respectifs.

Ils doivent fournir avant le 15 décembre courant des listings de tous les enseignants assumant des cours sous leur direction, en mentionnant leur statut, soit de stagiaire ou de permanent, en précisant surtout leur appartenance syndicale et pour attester cette affiliation, il leur est exigé de fournir le numéro de la carte syndicale que chaque enseignant porte. Ces données, surtout si elles seront exactes, vont permettre à la tutelle d’avoir une idée exacte sur l’ancrage de chaque syndicat. Selon plusieurs sources, la FNTE, relevant de l’UGTA, détenant jusqu’ici le monopole de la gestion des oeuvres sociales, a perdu beaucoup de ses adhérents lors de la dernière grève de trois semaines.

Primo, parce que ce syndicat, ligoté par le pacte social qu’il avait contracté avec le gouvernement, n’a pas pris part à ce mouvement de protestation, ce qui l’a décrédibilisé aux yeux du corps enseignant. Mais la situation organique de cette organisation, fonctionnant sur le mode de la désignation et la cooptation à la place de l’élection, a préparé le terrain à cette désertion.

D’autre part, l’examen de deux procès-verbaux sanctionnant la rencontre entre le ministre de l’Education et deux syndicats autonomes qui ont initié la dernière grève donne à constater l’écart existant entre les points de vue de ces syndicats concernant le dossier de gestion des oeuvres sociales. En effet, l’UNPEF refuse catégoriquement de participer à la gestion de cette manne comme il récuse sa gestion par une autre organisation syndicale. Pour lui, le rôle des syndicats doit se limiter au contrôle de la gestion de la manne des oeuvres sociales.

Ce syndicat réclame l’abrogation de la décision ministérielle n°94/158 et la mise en place d’une instance indépendante composée des «travailleurs du secteur» élus par leurs pairs. Moins précise est la position du SNAPEST qui, lui aussi, a rencontré le ministre le 24 novembre dernier, c’est-à-dire vingt-quatre heures après la réunion tenue entre le membre de l’exécutif et l’UNPEF. En dehors de l’abrogation de la décision ministérielle datant de 1994, exigée aussi par l’UNPEF, le SNAPEST propose la mise en place d’une commission mixte, composée de ses représentants et la tutelle pour plancher sur le dossier des oeuvres sociales. Ces divergences de point de vue entre organisations syndicales risquent de retarder le règlement d’un dossier autour duquel l’unanimité était établie depuis des années.

D’autre part, le ministre a demandé aux organisations syndicales et aux associations de parents d’élèves de lui fournir des propositions concrètes sur le rattrapage du temps scolaire à cause de la grève. La tutelle a fixé le lundi prochain comme date limite pour l’envoi de ces propositions. Ce qui laisse supposer que la question des rattrapages n’a pas encore été définitivement tranchée.

par Ziad Salah