Gestion des déchets hospitaliers : Le risque infectieux toujours omniprésent

Gestion des déchets hospitaliers : Le risque infectieux toujours omniprésent

anisti_732107098.jpgLa gestion des déchets d’activités de soins à risque infectieux en milieu hospitalier (DASRI), constitue un problème qui reste difficilement maîtrisable et ce, faute d’application rigoureuse des textes de loi promulgués.

Cette difficulté a été largement discutée hier, lors d’un colloque organisé à Alger. Cette rencontre, la première du genre, a permis de mettre en exergue la nécessité d’une prise en charge des déchets hospitaliers et de l’hygiène en milieu hospitalier car «les préjudices physiques qu’ils génèrent sont à l’origine de graves handicaps sans parler de la prise en charge financière et d’occupation des lits», dira le Dr. Ould Rouis, Hachemi président de l’Association nationale des laboratoires d’analyse médicale.

Selon lui, «le but de cette rencontre est de trouver une solution aux déchets hospitaliers qui constituent un véritable danger sur les personnes. Les laboratoires ont beaucoup de déchets, mais ne trouvent pas les moyens de les détruire d’autant que ces déchets ne peuvent pas être jetés dans les décharges publiques ou les brûler en dehors d’un incinérateur approprié», indique-t-il. Le danger en milieu hospitalier (maladies nosocomiales) concerne aussi le personnel de santé. «Ce dernier est exposé à l’infection bien qu’un programme de vaccination (hépatite A et B notamment) soit établi, mais c’est insuffisant, seule la prévention reste efficace, car le danger est omniprésent puisque des infections de tuberculose sont enregistrées et cela est dû à des analyses demandées aux patients et qui sont récoltées dans des boîtes qui ne ferment pas hermétiquement», affirme Dr. Ould Rouis.

Ce risque professionnel est également relevé par le Pr.Nafaï chef d’unité au CHU de Bab El Oued. Elle dira : «Le personnel des milieux de soins est particulièrement exposé aux risques infectieux professionnels par simple contact de malades contagieux, du fait d’une manipulation imprudente ou un non respect des règles d’hygiène». En effet, se laver les mains régulièrement avec un savon liquide, mettre les déchets des soins dans des bacs qui se ferment avant de les incinérer dans les 48 heures sont autant de dispositions en mesure de réduire le risque. Parmi les hôpitaux les plus respectueux des normes d’hygiène est incontestablement celui de Bainem. «Le combat du Pr. Amhis a porté ses fruits», témoigne le Dr. Ould Rouis. La société «Genin Médical» créée en 2005, sponsor de la rencontre, a été la première société en Algérie à s’intéresser à la problématique de l’élimination des déchets hospitaliers à risque infectieux. Elle s’est spécialisée dans le traitement thermique des DASRI par incinérateur sans odeur et sans fumée. Un traitement qui réduit la masse des déchets jusqu’à 702%.

UN SCHÉMA DIRECTEUR DE GESTION DES DÉCHETS DE SOINS

Avec 101 établissement de santé publics, 75 autres privés et 6271 praticiens privés et seulement 22 installations de traitement de déchets qui sont de véritables fours sans aucune norme, la mise en place d’un schéma directeur de gestion des déchets de soins s’est avérée nécessaire. Ainsi, la Direction de l’Environnement de la wilaya d’Alger et un bureau d’étude franco-algérien «Girus-Treize Développement Top Engineering» ont mis au point ce schéma qui a classé les déchets en trois catégories : infectieux, anatomiques et toxiques. «Pour les DASRI, en 2010, la quantité a atteint les 4000 tonnes. Alors que les anatomiques sont remis aux familles pour être inhumés. Au moment où les déchets toxiques dont la quantité est non estimée sont rejetées dans l’évier sans traitement préalable», expliquera Mme Zoulikha Aït Chaalal ingénieur en environnement auprès de la direction de l’environnement d’Alger. Pour ce qui est de la gestion actuelle, elle affirmera que «la réglementation algérienne sur la gestion des DAS n’apparaît pas complète. Elle doit être révisée et complétée.

Pour ce qui est du traitement actuel, les techniques de l’incinérateur in situ pratiquées ne sont pas adaptées et engendrent des risques en termes de pollution de l’air et du sol». De son côté, M. Benbetka, de Communication Evenmentiel, organisateur de ce colloque souligne la nécessité «d’encourager l’adhésion des gens de la santé et de l’environnement à des réseaux professionnels de branche, afin de faciliter l’accès à la formation d’hygiène et de gestion des DASRI ». Au terme des travaux de cette journée des retraités du secteur de la santé ont été honorés par la remise de cadeaux symboliques.