ENTV n’a pas diffusé les vidéos et les images des agressions sur le bus de l’équipe nationale

ENTV n’a pas diffusé les vidéos et les images des agressions sur le bus de l’équipe nationale

13045_104648709550706_100000167313559_127195_6714580_n.jpgLa question brûlait les lèvres ce week-end : pourquoi donc la télévision nationale n’a pas montré les images de ce scandaleux traquenard tendu aux Verts à leur sortie de l’aéroport du Caire ?

Des quatre coins de l’Algérie, on se demandait, à juste titre d’ailleurs, où étaient les caméras de l’ENTV.

Face à ce black-out savamment entretenu, les Algériens étaient réduits à épier les sites internet des médias étrangers et quelques images balancées sur YouTube. C’est tout de même de leur équipe nationale qu’il s’agit ! Evidemment, le bouche à oreille et radio-trottoir ont fait des ravages en l’absence d’une information crédible et surtout en temps réel à même de rassurer les Algériens sur la santé des joueurs agressés.

Au pays, nos compatriotes ont eu droit à un flot ininterrompu de rumeurs et d’échos sur le sort des Verts, qui n’étaient pas tous rassurants. Bien au contraire. Mais à l’ENTV, qui a pourtant dépêché une armée d’envoyés spéciaux, l’écran noir était le seul décor de ce film d’épouvante à la veille d’un vendredi 13…

On pensait alors qu’il n’y avait aucun média pour témoigner de ce comportement hors jeu – sans jeu de mots – des Egyptiens du fait que l’agression n’était pas prévue. Mais voilà que les Algériens découvrent, ébahis, qu’une chaîne française a eu le « scoop » en live ! Se pose alors la question de savoir qui a autorisé les médias étrangers à jouir de ce privilège d’accompagner notre équipe nationale. Et de garder les yeux sur… les Verts ? La Faf a-t-elle vendu l’exclusivité à Canal+ ? Motus et bouche cousue.

Pendant ce temps, les joueurs dissertaient sur l’incident dans les médias audiovisuels, français notamment, leur offrant la primeur, alors que les Algériens d’ici se tenaient encore le ventre. Les téléphones mobiles de Mansouri, Antar Yahia et Matmour, censés être fermés en cette veille de match, ont tout de même retenti à l’appel des journalistes du Monde, du Figaro et d’autres journaux d’ailleurs.

Les confrères algériens sur place, eux, ne pouvaient que constater, à distance, les dégâts… Les dégâts à distance Ici au pays, « A Dieu ne plaise », priaient en chœur tous les férus des Verts en cette sombre nuit de jeudi.

France 24, Canal+, I-télé, France 2 ont montré en temps réel les images de l’attentat du Caire. Et que propose l’ENTV à ses millions d’Algériens rivés sur leur écran ? La conférence de presse du ministre égyptien de la Jeunesse, en compagnie de son homologue algérien, El Hachemi Djiar, tout sourire, pérorant sur la fraternité algéro-égyptienne ! Juste après, il a été servi aux téléspectateurs de l’Unique un Abdelkader Hadjar, ambassadeur d’Algérie au Caire, se prélassant sur un sofa en compagnie d’un officiel égyptien et échangeaient, tout heureux, des maillots flanqués des couleurs des deux pays.

Trêve de colère, la « oukhoua » (fraternité) reste de rigueur. Il fallait donc zapper cette ENTV qui montrait ces officiels trop détendus, comme si de rien n’était. Tout se passait comme si, une fois le châtiment passé, c’était le grand amour. « Qui aime bien châtie bien », ce proverbe s’applique admirablement à cette posture de nos responsables, battus dans les coulisses et en dehors du terrain et qui semblent jouer la coupe du fair-play… Sur ce plan, force est de souligner que la bataille a été perdue.

De même que cette propension de nos joueurs à avoir les yeux rivés sur les médias européens et parfois à toiser nos journalistes pose un sérieux problème.

Fallait-il se brancher sur une chaîne française ou lire un journal de l’Hexagone pour s’enquérir du moral des troupes de Saâdane ? Ziani, Matmour, Mansouri et les autres doivent se départir de ce complexe. Ils doivent savoir définitivement qu’ils sont Algériens, qu’ils jouent pour l’Algérie et surtout pour procurer de la joie aux Algériens avant tout. Ce week-end en tout cas, ils ont été hors du coup. Espérons qu’il seront, cet après-midi, dans le coup.

Par Hassan Moali