Enseignement de l’arabe dialectal dans le cycle primaire : Benghebrit met fin à la polémique

Enseignement de l’arabe dialectal dans le cycle primaire : Benghebrit met fin à la polémique

rr.jpgC’est une véritable avalanche de critiques qui s’est abattue la semaine dernière sur la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit. Les réseaux sociaux, les parents d’élèves, des syndicats de l’Éducation et même des parlementaires se sont acharnés contre la ministre qui aurait, selon des rumeurs ayant circulé, annoncé l’introduction de l’enseignement de la langue arabe dialectal dans le cycle primaire. Pour la responsable, ceci est un «chahut inacceptable».

La langue arabe est une ligne rouge que le ministère de l’Éducation ni personne d’autre ne devrait atteindre. C’est ce qu’a déclaré le porte-parole de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF), Sadek Ziri, qui considère que l’enseignement du dialecte algérien dans le cycle obligatoire serait un retour en arrière.

Pire, pour Sadek Zirir, cette décision, qui a été par la suite démentie par la ministre de l’Éducation, est une atteinte au fondement de la nation. Il ajoute que s’il y a d’efforts à fournir dans ce sens, ça serait avec la langue Tamazight qui doit être généralisée dans toutes les écoles du territoire national. Il serait également sensé de faire de même pour l’anglais qui doit être amélioré et encouragé.

Par contre, le Conseil des lycées d’Alger (Cla) semble bien apprécier l’idée. Pour ce syndicat, il est nécessaire que la langue mère devienne la langue de l’enseignement surtout au préscolaire.

«Il y va de l’intérêt de toute une nation. Il y va de l’intérêt de tous les Algériens, sur tous les plans : économique, social, recherche», peut- on lire dans un communiqué rendu public hier.

Une telle transition, poursuit-on, bien que nécessaire, pour qu’elle soit efficace, doit se faire en douceur si on ne veut pas encore perdre quelques dizaines d’années dans le va-et-vient entre l’arabe classique et le français. Le CLA estime dans le même cadre d’idées que dans tous les cas, tôt ou tard, la langue mère finira par s’imposer par elle-même comme langue de l’enseignement. En attendant, ce sont des milliards de dollars de dépenses, en rapport avec un système éducatif en crise, inefficace et improductif, qui partent en fumée chaque année.

Pour sa part la première responsable du secteur de l’Éducation, Nouria Benghebrit, a qualifié, jeudi à Laghouat, la rumeur de chahut inacceptable.

La ministre, qui s’exprimait sur les ondes de la radio locale, a indiqué que la langue arabe reste la première langue d’enseignement, adoptée dans l’enseignement des autres matières, soulignant, à ce propos, que la Constitution est claire sur la question.

Il appartient de faire preuve de sagesse et de s’occuper davantage des questions pédagogiques, a affirmé Benghebrit, avant de faire état de suggestions formulées par des spécialistes participant à la conférence régionale d’évaluation de la mise en œuvre de la réforme scolaire, appelant à tenir compte, de façon progressive, du background linguistique de l’enfant.

La ministre de l’’ducation nationale a estimé, par ailleurs, que l’étude des contenus du manuel scolaire a laissé apparaître une place insuffisante accordée au patrimoine national, et émis pour cela le souhait de réserver davantage d’éclairage, sur le plan éducatif, à ce patrimoine, dont la poésie populaire.

Comment concevoir la dimension algérienne, si le secteur de l’Éducation n’investit pas sur l’aspect innovateur véhiculé par les langues arabe et amazighe, s’est-elle interrogée.

Ania Nait Chalal