En Algérie, les salafistes veulent “nettoyer” les villes côtières des bars et des lieux de débauche”!

En Algérie, les salafistes veulent “nettoyer” les villes côtières des bars et des lieux de débauche”!

n-ECHOUROUK-CABALE-large570.jpg« Purifier » les Wilayas côtières des lieux « de débauche, de vice… et des bars ». Tel est l’objectif d’une campagne qui débute ce vendredi, selon le journal Echourouk.

Sans surprise, on retrouve le chef du « Front de la Sahwa, éveil des mosquées » (non-agréé), Abdelfatah Hamadache, au cœur de cette nouvelle « hamla » (campagne) contre « les bars et les lieux de débauche » dans 14 wilayas côtières d’Algérie. Une initiative « d’associations, de partis, de comités de quartiers et de personnalités nationales » qui veulent « nettoyer le pays »!

Mais, hormis, la Sahwa qui n’est pas un parti agréé, l’article ne cite le nom d’aucun autre parti participant à cette « campagne de purification » visant, selon Hamadache, « à nettoyer le pays des lieux de débauches et des maisons de rendez-vous qui se propagent dans les différentes wilayas du pays ».

Les associations citées dans l’article sont au nombre de trois et pour les personnalités, elles se limitent à Hachemi Sahnouni, un ancien dirigeant du FIS. Par contre, note le journal qui semble enthousiaste, les comités de quartiers sont la « force de frappe » contre les débits de boissons et les « lieux de débauche ».

Implication de cadres influents

Hamadache, dont les appels en tout genre n’ont jamais mobilisé au-delà d’un petit carré dans son quartier de Belouizdad, à Alger, affirme que la campagne cible plus de « 5.000 maisons de rendez-vous et de lieux de débauche dans les grandes villes côtières ».

Des chiffres qui seraient le résultat « de statistiques et d’études de terrain » qui auraient été réalisées par les gens de la Sahwa. Selon le cheikh salafiste, les « maisons de rendez-vous poussent comme des champignons dans des quartiers de la capitale comme Alger centre, Hydra, Delly Brahim, Télémly ». Même les « quartiers populaires » n’y échappent pas, s’est-il indigné, sans « compter les hôtels ».

La campagne vise à mobiliser les « habitants qui ne doivent pas se taire devant ces pratiques et à les inciter à porter plainte auprès de la police ». Selon lui, il est difficile de « mettre fin à ce phénomène en raison de l’implication de cadres et des gens influents qui soutiennent les bars ».

Les soutiens

Dans le domaine associatif, Hamadache peut compter sur Nadia Dridi, présidente de l’Association nationale pour la promotion et la protection de la femme et la jeunesse algérienne, qui appelle à commencer la campagne « par certains grands salons de thé dans des hôtels et des quartiers huppés qui sont devenus des lieux du commerce du sexe ».

Elle affirme qu’il faut médiatiser le « phénomène » afin de « dévoiler les gangs qui exploitent les femmes et ses difficultés pour entretenir des bordels non réglementés.

« Cela commence par des salons de thé gérés par des femmes soutenus par des personnalités influentes agissant dans la discrétion ». Elle a appelé également à « combattre la pratique du « racolage » qui nuit à la femme algérienne et à nos traditions ».

Le président de l’association des consommateurs d’Alger (Apoce), Mustapha Zebdi, est cité dans l’article, comme soutenant la campagne contre les débits de boissons dans les quartiers résidentiels. Selon lui, il y a des points de vente de boissons alcoolisés sur la voie publique qu’il faut éliminer. Il évoque une provocation ouverte « contre la foi islamique et l’intégrité des personnes car boire du vin, comme ne pas jeûner durant le ramadhan, ne peuvent se faire de façon publique sous le regard des autres ».

L’ancien dirigeant du FIS, Hachemi Sahnouni apporte son soutien à la campagne à condition qu’elle « reste pacifique » . Sellami Abdelhafid de l’Association Alger la Blanche – qui a appelé à l’expulsion des réfugiés subsahariens de la capitale algérienne – a annoncé son soutien à la « campagne ».

Les opposants

La seule parole contradictoire vient en fin d’article et elle est le fait d’Abdelkrim Abidat, du Conseil national des associations pour la sauvegarde de la jeunesse, qui estime qu’il s’agit d’une opération politicienne.

Abdelkrim Abidat affirme qu’il n’y a pas de maisons closes en Algérie et les appels à les combattre ne sont rien de plus qu’une « carte politique que certains veut exploiter à leur propres fins. »

Il relève que les bars activent dans un cadre légal et qu’en tout état de cause le « citoyen à le droit de choisir entre aller à la mosquée ou dans un bar » en relevant qu’il existe des règlements qui s’appliquent pour l’ivresse sur la voie publique.