Elle est entrée au panthéon, Germaine Tillion: l’éternelle militante

Elle est entrée au panthéon, Germaine Tillion: l’éternelle militante

P150528-16.jpgGermaine Tillion en Algérie durant la guerre de Libéraion

Germaine Tillion s’engagera rapidement contre le fait colonial, dénonçant la torture pratiquée par l’armée coloniale en Algérie.

Hier en France, le président François Hollande a exalté «l’esprit de Résistance» lors de l’entrée au Panthéon de quatre figures marquantes du combat contre le nazisme.

Deux femmes et deux hommes ont ainsi été honorés, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz ainsi que Pierre Brossolette et Jean Zay.

Tous ont rejoint des auteurs comme Voltaire et Hugo, des hommes politiques comme Jean Jaurès et Jean Moulin, des scientifiques comme Marie Curie dans le temple laïque, situé au coeur même de Paris, dans ce quartier latin qui couvre l’antique Lutèce.

Si cette cérémonie est de nature à émouvoir la France, dans sa vaste composante acquise à la «Journée nationale de la Résistance», elle ne peut également laisser indifférents les Algériens, s’agissant de l’ethnologue Germaine Tillion dont le combat en faveur de la justice et de la liberté aura toujours été d’une constance sans égale au point de lui faire prendre fait et cause pour le peuple algérien en lutte pour son indépendance.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002), nièce du général de Gaulle, et Germaine Tillion (1907-2008) avaient milité au sein du réseau de Résistance dit du «Musée de l’Homme», créé en juillet 1940, presque au moment même de l’entrée de l’armée allemande à Paris.

Arrêtées à des dates différentes, elles seront déportées au camp de Ravensbrück (Allemagne).

Si l’une s’est entièrement consacrée ensuite à l’association ATD-Quart monde dont le combat en faveur des démunis aura été considérable, l’autre, Germaine Tillion, s’engagera rapidement contre le fait colonial, dénonçant la torture pratiquée par l’armée coloniale en Algérie, rencontrant clandestinement Yacef Saadi et Ali la Pointe dans la casbah d’Alger, un 4 juillet 1957, apostrophant après, avec véhémence, le général Massu et poursuivant sans relâche son oeuvre humaniste en faveur d’une justice à rendre au peuple algérien et, avec lui, à tous les peuples opprimés.

En honorant Germaine Tillion et son combat aux côtés des causes justes, le président Hollande, par-delà la récupération relative aux attentats contre Charlie Hebdo, rend implicitement hommage aux femmes et aux hommes de son pays qui, courageusement, et surtout pour être en harmonie avec les idéaux de 1789, ont embrassé la cause du peuple algérien et n’ont pas craint de combattre à ses côtés, envers et contre tous.

L’Histoire ne leur a-t-elle pas donné raison?