Droudkel a créé un nouveau groupe terroriste

Droudkel a créé un nouveau groupe terroriste

Dourkdal.jpgL’émir national d’Aqmi (Al-Qaïda au maghreb islamique), en faisant appel à Khaled Chaieb, alias Lokman Abou Sakhr, natif de Béjaïa et réputé très proche de lui, tente de fusionner les deux groupes terroristes activant respectivement en Tunisie en en Libye afin d’accentuer les menaces et les attaques contre ces deux pays.

Décidément, la politique menée par la France au Sahel et au Maghreb, n’en finit plus de donner des conséquences à tout le moins catastrophiques sur tout le nord de l’Afrique.

C’est ainsi que nous apprenons, à en croire le média en ligne «Assarih», réputé proche des mouvements terroristes islamistes de par le monde, que l’émir national d’AQMI, Abdelmalek Droudkel, alias Abou Moussaâb Abdelouadoud, a décidé de fusionner les deux groupes terroristes qui activent en Tunisie et en Libye, respectivement Ansar al-Sharia et Katibat Okba Ibn Nafaâ, et de les placer sous les ordres d’un lieutenant très proche de lui, afin d’intensifier les attentats et les actes de sabotages contre ces deux pays.

Il s’agit de Chaieb, natif de Béjaïa. Comme Droudkel, Chaieb est un ancien étudiant en chimie devenu spécialiste en explosifs. Il tente aujourd’hui d’échapper à sa capture tout en recrutant et en entraînant des éléments pour ce nouveau groupe. Mais avant même la nouvelle de sa promotion au rang d’émir par Droudkel, Lokman avait été placé par le ministère de l’Intérieur tunisien sur la liste des terroristes «les plus recherchés» pour son implication dans le massacre de soldats tunisiens dans le Jebel Chaâmbi.

La dénomination de ce nouveau groupe n’a pas encore été communiquée. Il n’en demeure pas moins que la décision de Droudkel vient confirmer ce que les observateurs avaient déjà supputé, à savoir que le sud de la Libye, nouvelle «zone grise» planétaire, est devenu le lieu de repli, le véritable sanctuaire, de tous les terroristes islamistes qui, dans le temps, écumaient toute la vaste bande sahélo-saharienne. C’est, d’ailleurs, dans le sud de la Libye que le dangereux Mokhtar Belmokhtar, alias Belaâouar ou bien MBM, a trouvé refuge en compagnie de ses hommes, «Les Signataires par le sang», produits eux-mêmes de la fusion entre les enturbannés (les moulathamoune), et les éléments du MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest), réputé très proche des services secrets marocains. C’est également à partir du sud de la Libye qu’avait été planifiée et lancée la sanglante prise d’otages du site gazier de Tiguentourine.

Une situation de plus en plus compliquée

Une pareille situation, qui ne laisse pas d’être on ne peut plus préoccupante, est le produit direct de la politique suivie par la France dans toute la région. C’est en effet l’engagement indéfectible et direct de la France en Libye, qui a permis la défaite de Kadhafi et même son élimination physique, qui a transformé ce pays en une véritable fournaise à ciel ouvert, ouvrant au passage aux quatre vents les arsenaux libyens, dont une bonne partie est tombée entre les mains des terroristes, des contrebandiers et des rebelles touareg. Ces derniers, chassés par milliers par les milices armées libyennes, sous prétexte qu’ils auraient défendu le régime déchu, ont été forcés de chercher refuge dans leur pays d’origine.

Le MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad), a vu le jour suite à toutes ces pérégrinations. Ce mouvement, formé d’éléments lourdement armés et bien entraînés, mais aussi et surtout particulièrement déterminés, a défait en l’humiliant l’armée malienne régulière en quelque jours à peine, prenant possession au passage de la partie septentrionale de ce pays, c’est-à-dire les deux-tiers de toute sa surface. Le MNLA, épuisé par son combat contre l’armée malienne, a à son tour été défait par les terroristes et les islamistes du MUJAO, d’AQMI et d’Ançar Sharia. À ce moment-là, il était encore possible de trouver une solution politique à ce conflit. Il était possible de ramener vers le droit chemin les éléments armés « égarés » et/ou mal-informés, afin d’isoler les trublions radicaux et de les éliminer. Les terroristes les plus recherchés et les plus radicaux qui soient, à ce moment précis de l’histoire, étaient parfaitement localisés, à telle enseigne que même MBM, qui souffre du diabète, allait faire son injection chaque jour au dispensaire de Gao le plus normalement du monde. Mais il faut croire qu’une solution politique, et relativement peu coûteuse en vies humaines ne pouvait pas (vraiment) arranger les affaires de la France.

C’est ainsi que l’opération Serval a fini par brouiller toutes les cartes, car non seulement les terroristes islamistes n’ont pas été vaincus, mais en plus ils se sont radicalisés encore plus, avant de s’évanouir dans la nature. Insaisissables désormais, leurs menaces pèsent comme une véritable épée de Damoclès partout et tout le temps. Vue sous ce prisme précis, l’annonce de la naissance de ce nouveau groupe terroriste a de quoi inquiéter très sérieusement nos voisins de l’Est que sont la Tunisie et la Libye.

L’Algérie aussi à de sérieux motifs de s’en inquiéter puisqu’il lui est quasi impossible de sécuriser toutes ses frontières avec un risque 0. Au lendemain de l’attaque terroriste contre le site gazier d’In Amenas, le Premier ministre, dans une conférence de presse, l’avait directement admis en déclarant que même toutes les forces de l’OTAN réunies ne suffiraient pas à sécuriser toutes les frontières algériennes avec les pays voisins.

Kamel Zaïdi