Didouche Mourad : Les oublis de l’histoire

Didouche Mourad : Les oublis de l’histoire

d0e-didouche-mourad.jpgIl est temps que le peuple algérien retrouve sa véritable histoire. Il doit tout connaître des faits et sacrifices de ceux qui ont lutté pour son émancipation, pour son droit à la dignité et la souveraineté, ceux qui ont œuvré sans relâche, pour la triple vérité : Historique, Humain et Morale.

Pour les hommes du PPA/MTLD, dont Didouche Mourad faisait partie, l’exaltation de la spécificité identitaire algérienne était une arme dans la lutte contre la domination coloniale. Ces grands hommes perpétuant le discours nationaliste révolutionnaire, développé depuis trente ans, avaient, face à eux, menée par la France, une politique de déculturation et d’aliénation, particulièrement prégnante au niveau religieux et au niveau linguistique. Face à cette politique, les nationalistes algériens se posèrent comme des historicistes exaltant leur spécificité culturelle en mettant, en particulier, l’accent sur tout ce qui distingue d’entre l’identité algérienne et française.

Didouche Mourad, est né le 13 juillet 1927 à El Mouradia (Alger) au sein d’une famille originaire du village d’Ibskriène de la commune des Aghribs en Kabylie.

Il effectue ses études primaires ainsi que le cycle moyen à l’école de la Redoute puis rejoint le lycée technique du Ruisseau à Alger.Homme lié au passé, au souvenir. Il est sociable à une vie intérieure intense.Il est surnommé Si Abdelkader.

La redoute actuellement El Mouradia est situé sur les hauteurs d’Alger, ou après l’indépendance, a élu domicile le siège de la Présidence de la République Algérienne. A la Redoute émergèrent de grands patriotes que l’on avait surnommé « les redoutables » ; l’éveil de la conscience nationale, a fait que pour eux le sport allait de pair avec l’action. Dès 1943, Didouche Mourad milite au Parti du Peuple Algérien (PPA), devenu par la suite Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD.).

Il participe ainsi à l’organisation des manifestations du 8 mai 1945, qui devait entraîner la répression sauvage des forces coloniales et ancrer l’idée chez le jeune Didouche que l’indépendance ne pouvait s’obtenir que par la lutte armée. Deux ans plus tard, tout en travaillant comme cheminot à la gare centrale d’Alger et militant de la CGT, il est nommé responsable des quartiers de la Redoute (El Mouradia), du Clos Salembier (El Madania), et de Bir Mourad Raïs.

Très tôt membre du mouvement des Scouts Musulmans Algériens (S.M.A.), véritable école du nationalisme ; il est l’un des fondateurs du RAMA, club omnisports de la Redoute ; il crée aussi en 1946 la troupe de scouts Al-Amal ,ainsi que l’équipe sportive « Al-Sarie Al-Riadhi » d’Alger. En 1947, il organise les élections municipales dans sa zone et se rend également dans l’Ouest algérien en vu d’organiser la campagne électorale de son Parti PPA/MTLD, pour l’assemblée algérienne.

Arrêté dans une rafle, il réussit à s’enfuir du tribunal. Suite à la dissidence de « Mr.Rehaïm » le 18 mars 1950, au démantèlement d’une grande partie du réseau, l’arrestation de 130 personnes et la découverte de ses responsabilités au sein de la structure, et après l’échec de l’administration française à le capturer, un jugement par contumace est prononcé contre lui, le condamnant à 10 ans de prison.

Il constitue en 1952, avec Ben Boulaïd, un noyau clandestin à Alger dont la mission est la fabrication de bombes en prévision du déclenchement de la Révolution armée. Lors de la crise de 1953-54 et l’opposition du Comité Central du PPA-MTLD à Messali El Hadj, il se rend en France avec pour mission le contrôleinterne de la Fédérationde France. À son retour à Alger, il intègre avec ces compagnonsle CRUA. L’un des organisateursde la réunion historique des « 22 » qui s’est tenue en juillet 1954, chez Elias Derriche, lui aussi fils de la Redoute et cadre Scouts, et c’est au cours de cette réunion historique que fut décidé le déclenchement de la lutte armée de libération Nationale. De cette réunion, émerge une direction collégiale composé de six membres dont Mourad Didouche fait partie ;il est nommé responsable de la zone II (Wilaya II). L’histoire a retenu qu’au cours du mois du juillet 1954, à l’initiative de son Président, Messali Hadj, le PPA/MTLD tint son congrès les 14-15 et 16 juillet 1954 à Hornu (Belgique), durantlequel, d’entre les décisionsprisent, celle du déclenchement de la lutte armée de Libération Nationale.

Suite à cela au mois d’Août 1954, se tint une réunion du PPA/MTLD à Birkhadem (Alger), durant laquelle les militants furent informés de la décision de Messali Hadj de déclencher la lutte armée de libération nationale avant le début de l’année 1955. C’est-à-dire au plus tard le 31 décembre 1954.C’est à cela, et avec précipitation, que Mohamed Boudiaf à la tête du C.R.U.A, craignant d’être dépassé par les événements, répondit en s’empressantd’organiserla réunion des « 22″en juillet 1954, pour prendre l’initiative du déclenchement de la lutte armée de libération, et d’en constituer la direction collégiale avec les même membre du CRUA qui l’ont initié, en y ajoutant Krim Belkacem qui n’a pas été convoqué à la réunion des »22″,parce quesuspecté d’être encore fidèle à Messali Hadj. Réuni à la pointe Pescade Chez Boukchoura, le groupe du CRUA, plus Krim Belkacem, devenus les dirigeants du combat de libération Nationale, prirent toutes les décisions qu’ils jugèrent utiles et efficaces au déclenchement de celle-ci n .