Développement et préservation du cadre de vie, Les zones industrielles, un mal utile pour les communes ?

Développement et préservation du cadre de vie, Les zones industrielles, un mal utile pour les communes ?

b1.jpgPrises en tenailles entre les impératifs du développement et la lourde mission de protéger les citoyens des risques de pollution d’origine industrielle, les communes font souvent face à ce dilemme, lorsqu’il s’agit des zones industrielles implantées sur leurs territoires, notamment au regard du risque de dégradation de l’environnement que ne manque pas d’induire inévitablement l’installation des entités économiques, dont nombre de gestionnaires font souvent fi des préoccupations écologiques.

Toutefois, en dépit de cet aléa et des expériences «malheureuses» vécues par les populations des grands pôles industriels de la wilaya que sont Arzew, Bethioua, Hassi Amer et Es-Senia, les communes, notamment rurales de la wilaya, n’ont cessé depuis le début des années 1990, particulièrement à la suite de la dissolution des entreprises publiques locales (EPL) et la grave crise du chômage que cette décision avait induit de revendiquer la création sur leurs territoires de zones industrielles.

L’objectif des élus de ces collectivités locales, à l’instar de ceux des communes de Benfreha, Boufatis et Hassi Ben Okba qui avaient dans le sillage de leur démarche multipliée les offres foncières par la création, notamment, de zones d’activités, était double à savoir: relancer le marché local de l’emploi et s’offrir par la même occasion un gisement fiscal susceptible de consolider leur trésorerie.

Préservation de l’environnement et logique économique, la difficile équation

Face à cette logique économique, la question de l’environnement se trouve, donc, objectivement reléguée au second plan aux yeux des élus, contraints de faire face à une crise chronique de l’emploi et aux impératifs du développement local, tributaire dans de larges mesures de la manne financière mobilisable par les pouvoirs publics à travers les instruments de financement que sont les PCD et les PSD (programmes communaux et sectoriels de développement) ou encore le budget de wilaya.

Cependant, force est de constater que le manque d’intérêt affiché par les décideurs locaux à l’égard de la «chose» écologique a eu des répercussions graves sur la qualité du cadre de vie des citoyens, comme cela est, notamment, le cas de la localité rurale de Hassi Amer où les émanations nauséabondes issues d’usines, comme les tanneries ou encore celles spécialisées dans la transformation du thon ont été à l’origine de mouvements de protestations constatées ces toutes dernières années. Pourtant, les élus locaux disposent d’instruments juridiques non négligeables à même de leur assurer de concilier la rentabilité financière, fort légitime au demeurant, et préserver le cadre de vie de leurs administrés.

Ce cadre juridique déjà énoncé en 1973 par le biais du décret n°73-45 du 28-02-1973 qui avait prévu la création de zones industrielles destinées à recevoir des projets d’investissement, avant d’être consolidé par des dispositifs d’appoint (1992), ou encore celui de 2006 (décret exécutif 06-198 du 06 mai 2006, définissant la réglementation applicable aux établissements classés pour la protection de l’environnement, pouvant créer des risques pour les travailleurs, les biens et l’environnement suite aux dangers d’incendie, d’explosion ou d’émanation de substances toxiques.

Les élus du peuple obnubilés par la seule logique économique semblent se cantonner à cette démarche, d’autant que leurs pairs des autres communes abritant de grandes zones industrielles, particulièrement Arzew et Béthioua affichent grâce à la présence de dizaines d’usines sur leurs territoires une santé de fer, à telle enseigne qu’elles sont aptes à budgétiser leurs actions de développement à hauteur de 60% à partir de leur propre matelas financier.

Belhouari Salim