Des montagnes de pain sont jetées chaque matin par des algériens qui mangent avec les yeux, Criminel gaspillage !

Des montagnes de pain sont jetées chaque matin par des algériens qui mangent avec les yeux, Criminel gaspillage !

b1-16af7f7.jpgParticulièrement pendant le mois de ramadan, et malgré la hausse des prix, certains commerces et autres grands espaces connaissent un afflux considérable de ménages.

Le pain étant un aliment incontournable pour accompagner les plats lors de la rupture du jeûne, les boulangeries se retrouvent, de ce fait, fortement sollicitées notamment par ceux qui ne peuvent préparer le pain chez eux. En file indienne à l’entrée de la boulangerie, certains ménages, épris de boulimie, y vont jusqu’à acheter, par moment, dix ou vingt baguettes à la fois.

Certes c’est un aliment de première nécessité et indispensable pour certains, quoi qu’au lendemain et dans chaque recoin de la ville, des sachets remplis, laissant transparaître des baguettes de pain, empilées les unes sur les autres au milieu des trottoirs, et même côtoyant les bennes à ordures et ce, au su et au vu de tous.

Des quantités énormes de pain sont, de ce fait, jetées à la poubelle. Une pareille scène fait peine à voir, en effet, et reste difficile à admettre par les contrevenants. C’est ainsi que les citoyens, qui ont contesté l’augmentation du prix de la baguette, se retrouvent à la gaspiller sans scrupules et ce, même durant le mois sacré.

Aussi alarmant qu’ahurissant, cet acte appelle, par ailleurs, à l’interrogation. Concernant les répercussions du gaspillage du pain sur l’économie algérienne, l’économiste Belkacem Boukhrouf, que nous avons joint hier, dira que le «gaspillage est un fait culturel plus qu’il n’est économique. Son impact est donc peu visible».

Le volet économique réside, toutefois, selon notre expert en économie, dans «l’incapacité de l’Algérie à rationaliser sa consommation ». «Nous sommes d’ailleurs dans l’incapacité de créer un mode de consommation propre à nous», dira-t-il encore. Le gaspillage en lui-même, estimera, en outre, notre interlocuteur, «est propre aux sociétés de surconsommation. Et l’Algérie en fait malheureusement partie».

Il importe de rappeler, à cet effet, selon une étude établie à la fin de l’année 2010, que près de 27 millions de baguettes de pain sont consommées en Algérie. Dans ce sens, ce gros chiffre classe les Algériens à la quatrième place du classement concernant les plus grands consommateurs de pain.

Concernant la récente étude menée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le gaspillage de nourriture, notamment le pain, à l’échelle mondiale est estimé à 1,3 milliard de tonnes par an. Le gaspillage du pain n’a jusqu’à présent jamais fait l’objet d’une étude en Algérie.

Il n’a, pour ainsi dire, pas encore été pris au degré du sérieux. Aucune campagne de sensibilisation n’a été menée et aucun indicateur n’a été donné, à cet effet.

C’est le black-out. Les ménages algériens, qui dépensent des sommes phénoménales pour cette denrée alimentaire, ne mesurent pas l’ampleur de la situation et ses conséquences. Est-ce par mégarde ou par mépris ? Cela reste à méditer.

Hiba Benfarès