Des mercenaires algériens au service du colonel Kadhafi : Accusations et contre-accusations

Des mercenaires algériens au service du colonel Kadhafi : Accusations et contre-accusations

kedafi_boutef_353137578.jpgLe régime de Kadhafi a-t-il recruté des mercenaires algériens pour combattre au sein de ses milices opposés aux révolutionnaires libyens ? Le gouvernement algérien a-t-il prêté assistance à Kadhafi en mettant à sa disposition des avions ? Kadhafi a-t-il recruté des pilotes et des mercenaires algériens pour mater les insurgés? Devant la multiplications des accusations, Alger continue de démentir.

Depuis le début de l’insurrection en Libye, diverses sources libyennes et étrangères ainsi que des journaux soutiennent que Kadhafi a obtenu le concours de l’Algérie pour mater la rébellion.

Pilotes de chasse, mercenaires et soutien logistique à travers des avions miliaires, ce concours présumé des Algériens se présente sous diverses formes.

Pour sa part, le gouvernement algérien a démenti par deux ces informations. D’abord par le biais du ministère des Affaires étrangères ainsi par la voix de Halim Benatallah, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger.

Les accusations

Vendredi 25 février. El Husseini, deuxième secrétaire de l’ambassade de Libye à Pékin, qui a rejoint les rangs de l’opposition contre le régime de Kadhafi, accuse sur la chaîne Al Jazeera le président algérien d’avoir mis à la disposition du colonel Kadhafi des avions militaires algériens pour le transport des mercenaires vers la Libye.

Mercredi 2 mars. Dans une conférence de presse, Abdelhaffif Gouga, porte-parole du Conseil national libyen (CNL), accuse lui aussi ouvertement l’Algérie de porter assistance au régime de Kadhafi en envoyant des mercenaires combattre auprès des forces loyales restées fidèles au colonel pour mater l’insurrection libyenne.

Dimanche 06 mars. L’écrivain et philosophe Bernard Henry Lévy (BHL) affirme dans le Journal du Dimanche (JDD) que des Algériens faisaient partie, à l’instar des Tchadiens et des Nigérians, d’une légion de mercenaires recrutés par le colonel Kadhafi. Extrait de l’article du JDD :

« J’ai posé la question, prés de Derna, à Ali Ramadan et Najib Ektet, deux paysans qui ont reconstitué, pour Gilles Herzog et moi-même, la bataille qu’ils ont livrée, avec trois cents de leurs camarades, le 28 février, pour le contrôle de l’aéroport d’Al-Abrag où le Guide avait fait atterrir huit avions chargés de troupe, de chars et de pick-up destinés à prendre de force, à quelques kilomètres de là, la ville d’Al Beïda : on voyait encore, le jour de notre passage, les centaines de douilles vides, témoins de la contre-attaque réussie des villageois ; les couvertures de laine abandonnées, dans les fourrés, par les mercenaires kenyans, nigérians, algériens et tchadiens auxquels leurs officiers n’avaient, comme à leur habitude, rien dit de leur mission avant que les gros porteurs n’aient décollé vers Tripoli… »

Lundi 7 mars. Le quotidien Al Sharq Al Awsat affirme, citant des sources libyennes non identifiées, que le colonel Kadhafi a engagé des dizaines de pilotes syriens, algériens, serbes, ukrainiens et roumains pour piloter les avions de chasse qui bombardent les bastions des insurgés . Extrait de l’article d’Al Sharq :

« Des sources libyennes concordantes affirment que Kadhafi utilise actuellement des dizaines de pilotes, des mercenaires syriens, algériens, ukrainiens, serbes et roumains pour diriger l’armée de l’air en Libye afin de lancer des attaques contre ses adversaires, dans une tentative de compenser la pénurie aiguë dans les rangs de l’armée libyenne de pilotes en raison de leur refus d’obéir aux instructions qui leur ont été adressées. »

Les démentis des autorités algériennes

Pour le gouvernement algérien, ces accusations relèvent d’allégations sans fondement. De la calomnie. A preuve, les informations rapportées aussi bien par les responsables de l’opposition libyenne que par les journaux ne reposent sur aucune preuve, sur aucun document sonore ou vidéo, aucun témoignage fiable. A ce jour, Il n’y a pas le moindre début du commencement d’une preuve que des Algériens servent comme chiens de guerre à la solde de Kadhafi ou que les autorités algériennes aient mis à la disposition de Kadhafi des avions ou tout autre assistance pour mater la rébellion.

Samedi 26 février. Le démenti du ministère algérien des Affaires étrangères

« Le ministère des Affaires étrangères dément, de la manière la plus catégorique, les allégations mensongères colportées par certains sites électroniques ainsi que par certaines chaînes de télévision satellitaires sur une prétendue utilisation d’avions militaires algériens pour transporter des mercenaires en Libye (…) Ces allégations insidieuses vont à l’encontre de la position doctrinale, bien connue, de l’Algérie qui récuse, de manière absolue, l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats ».

Jeudi 3 mars. Nouveau démenti de Halim Benatallah, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger :

« Je m’inscris en faux contre cette information. Elle est absolument inconcevable. (…)Au contraire, l’Algérie joue son rôle humanitaire en essayant d’aider autant qu’elle le peut ».

Bien qu’elles ne reposent sur aucune preuve, aucun document sonore ou vidéo, sur aucun témoignage fiable, ces accusations répétitives de collusion avec le régime de Kadhafi mettent à mal le gouvernement algérien.

C’est d’autant plus vrai que la voie de l’Algérie, s’est totalement effacée concernant la guerre qui secoue actuellement ce pays frontalier. Depuis le début de l’insurrection, l’Algérie n’a pas pris de position sur cette insurrection qui tourne à la guerre civile. Elle n’a pas condamné la répression des insurgés, pas plus que les bombardements.