Dernier délai du dépôt des candidatures: Les listes électorales pour les législatives ne font pas l’unanimité.

Dernier délai du dépôt des candidatures: Les listes électorales pour les législatives ne font pas l’unanimité.

Dernier délai de dépôt des dossiers de candidatures pour les législatives 2017, demain, dimanche 5 mars, à minuit. Les listes sont finalisées aussi bien au niveau local que national et validées par les chefs des partis. Les formations politiques qui ont décidé de prendre part au rendez-vous électoral ne manifestent toutefois ni de l’empressement ni de l’enthousiasme.

Pas d’empressement pour la simple raison que toutes les listes sont prêtes depuis au moins trois jours chez l’ensemble des participants. Pas d’enthousiasme du fait que ces listes définitives sont loin de susciter l’unanimité. Ce qui ne manquera pas de déteindre sur la campagne électorale et sur le fonctionnement interne des partis, une fois les législatives passées.

Au FLN, beaucoup de militants attendent avec impatience l’annonce des noms des candidats retenus. Ils craignent d’être «lésés» dans leur droit malgré «les services rendus» au parti sous forme matérielle ou autre. Certains parmi ceux-là qui se savent écartés commencent à exprimer leur mécontentement. Le FLN a reçu plus de 6 200 candidatures mais n’en a sélectionné que 462.

Ce qui explique l’élimination d’un grand nombre de candidats. Ajouté à cela la décision de la direction du parti d’interdire la candidature de ceux qui ont déjà assuré deux mandats de députation, dans un souci de permettre l’émergence de nouvelles compétences et la candidature de jeunes cadres.

La direction du parti a également insisté pour que le choix des candidats soit fait par les militants de la base et non par la centrale. Même pour les ministres, Djamel Ould Abbès, dans une récente déclaration à la presse, a déclaré : «Pas de tapis rouge pour les membres du gouvernement, c’est la base qui décide.» Durant des jours, des rumeurs circulaient sur la candidature du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ainsi que d’au moins huit ministres.

C’est Ould Abbès lui-même qui avait évoqué la candidature des huit ministres, en donnant leurs noms, alors qu’en ce qui concerne Sellal, il a affirmé que sa candidature relève des prérogatives du président Bouteflika qui est aussi le président du parti.

Depuis, on n’entend plus parler de la candidature de Sellal. Autrement dit, c’est chose exclue, alors que pour les ministres, le flou persiste encore, exception faite de Tebboune, le ministre de l’Habitat, également ministre du Commerce par intérim. Retenu par sa double mission au gouvernement, Tebboune n’est pas candidat aux législatives 2017. Pour les autres, des voix affirment que certains ministres candidats ne sont pas les bienvenus dans leurs wilayas.

D’autres craignent simplement de ne pas remporter l’élection pour la simple raison que le chef de l’Etat, en sa qualité de président du FLN, n’a décidé de «cautionner» aucun ministre. Ils auraient donc décidé de renoncer à la candidature. Parallèlement, d’anciens ministres seraient de retour. On cite, entre autres, Rachid Harraoubia, ancien ministre de l’Enseignement supérieur.

Il était dans le camp des redresseurs avant qu’Ould Abbès ne soit désigné SG du parti et opère un réaménagement en profondeur dans la maison FLN. Harraoubia serait tête de liste à Alger. Larbi Ould Khelifa, tête de liste aux législatives 2012, serait fortement contesté et sanctionné pour plusieurs «bourdes».

Au RND, comme à son habitude, le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, fait montre d’une grande sérénité. Jeudi, il a affirmé avoir validé les listes de 32 wilayas et que l’opération de validation des listes se poursuit pour d’autres wilayas. Seddik Chihab, très proche d’Ouyahia, est tête de liste d’Alger.

L’homme d’affaires, Smaïl Benhamadi, frère de l’ancien ministre, Moussa Benhamadi, est tête de liste RND à Bordj Bou Arreridj. Pour éviter la confrontation électorale entre les deux frères, Moussa Benhamadi a décidé de se porter candidat FLN à Boumerdès et non à Bordj Bou Arréridj. Il est donné tête de liste dans cette wilaya où il s’est inscrit très tardivement pour une résidence, après avoir procédé à sa radiation de la wilaya de Bordj Bou Arréridj.

Chose qui a suscité l’ire de nombreux militants FLN de cette wilaya. Dans sa déclaration, jeudi, Ouyahia a affirmé que le RND part confiant aux législatives parce que ses listes sont confectionnées par la base et les candidats sont tous connus sur le terrain, donc très proches des citoyens qui les ont désignés. Parlant du RND, et pour ne citer que la wilaya de Tizi Ouzou, le choix du candidat tête de liste n’a pas été sans susciter de grands remous. Deux cadres dirigeants du parti ont évoqué leurs différends en public : le coordinateur local, Tayeb Mokadem, et le vice-président à l’APW, Sid Ali Zemirli.

Le MPA, le parti d’Amara Benyounès, l’ancien ministre du Commerce, s’est distingué plus que d’autres par les démissions collectives de ses militants parmi les plus influents à l’approche du rendez-vous électoral. C’est carrément l’implosion du parti après que l’un de ses piliers, Abdelhakim Bettache, le maire d’Alger-centre, très populaire et proche des citoyens aussi bien que de certains décideurs, ait décidé de claquer la porte pour cause «d’ingérence de la direction du parti» dans la confection des listes d’Alger. Donné tête de liste MPA à Alger, son nom serait remplacé par un autre parmi les proches de Amara Benyounès. La démission de Bettache a été suivie par une série d’autres, non seulement à Alger mais dans plusieurs wilayas du pays.

Chez les islamistes, les chefs de parti semblent avoir une certaine appréhension à se porter candidats eux-mêmes. Ils délèguent alors d’autres responsables. Et la confection des listes communes dans la fusion MSP-FC et l’alliance Ennahda-FJD-El Bina n’a pas été sans grandes contestations au niveau local. La désignation de Hassan Aribi comme tête de liste d’Alger pour l’alliance Ennahda-FJD-El Bina, pour ne citer que cet exemple, menace sérieusement l’alliance. Raison pour laquelle, beaucoup prédisent son éclatement.

Mêmes contestations chez les partis de l’opposition, le FFS et le RCD. Le FFS, pour reprendre les déclarations d’un des membres de l’instance dirigeante du parti, Abdelaziz Baloul, en l’occurrence, dans un entretien accordé à un confrère, participe aux législatives par «nécessité» et non par «choix» en raison des dispositions de la nouvelle loi électorale. En 2010, sa participation était «tactique», celle fois-ci, elle sera «stratégique».

C’est Salima Ghezali, ex-conseillère du défunt Hocine Aït Ahmed, qui est tête de liste d’Alger. Au RCD, c’est le président du parti, Mohcine Belabbas, qui mène le parti aux législatives. Contestés ou non, l’on ne sait trop. En revanche, dans les autres wilayas où les deux formations sont fortement présentes (Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira), les contestataires ne se sont pas cachés et ils ont exprimé leur opposition. Au RCD, par exemple, 12 cadres, dans une lettre adressée au président du parti, se sont élevés contre «des dérives constatées au bureau régional du parti à Tizi Ouzou».