Dans un entretien au quotidien Asharq Al Awsat, M. Sellal : « L’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste une référence ».

Dans un entretien au quotidien Asharq Al Awsat, M. Sellal : « L’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste une référence ».

« En dépit d’un violent choc pétrolier qui a réduit ses ressources de plus de la moitié, l’Algérie maintient des indicateurs économiques stables et réalise une croissance annuelle de l’ordre de 4% grâce à plus de 25.000 nouveaux projets lancés au cours des trois dernières années », a indiqué M. Sellal dans un entretien au quotidien Asharq Al-Awsat.

Le Premier ministre a expliqué que l’Algérie continuait de hisser le niveau des crédits à l’économie (une hausse annuelle moyenne de 10%) ajoutant que cette démarche avait permis de résorber le taux de chômage, notamment parmi les jeunes, à 9,9%. M. Sellal d’ajouter qu’un nouveau cadre budgétaire a été mis en place dans le sillage du nouveau modèle économique lancé par le gouvernement afin de préserver les équilibres macro-économiques et lancer des réformes pour adapter nos procédés de gouvernance économique aux standards internationaux en termes d’efficacité et de rationalisation.

« Les premiers résultats de ces mesures sont encourageants, mais nous avons encore beaucoup à faire », a-t-il soutenu soulignant que l’ économie nationale était près d’atteindre l’autosuffisance et de diriger vers l’exportation dans certains domaines tels le ciment, les matériaux de construction et les industries pharmaceutiques. Il a fait savoir à cet égard que la valeur des exportations de produits agricoles dépassait 800 millions de dollars annuellement. Il a rappelé que 2,8 millions de logements sociaux ont été réalisés au profit des catégories démunies entre 1999 et 2015 annonçant la distribution avant la fin de l’année en cours de 350.000 unités.

Il a également fait état de la réalisation en cours de 1,2 million de nouveaux logements. Concernant les partenariats économiques, M. Sellal a évoqué d’importants succès réalisés dans le domaine de la construction automobile, la sidérurgie, les technologies de l’information et de la communication, les industries agro-alimentaires et chimiques et les énergies conventionnelles et renouvelables.

« Lutte antiterroriste : l’Algérie, un exemple à suivre »

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé que l’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste « est un exemple et une référence » de l’avis même des institutions des Nations unies et des centres de recherches et d’études spécialisées dans ce domaine. Dans un entretien au quotidien panarabe Asharq Al-Awsat paru dans son édition de vendredi, M. Sellal a précisé que « la lutte antiterroriste en Algérie menée sur le terrain et sur les fronts populaire, politique et intellectuel est une référence selon les institutions des Nations unies et des centres de recherche et d’études spécialisées dans ce domaine ».

Il a ajouté que « l’Algérie est désormais sollicitée pour son expérience en matière de lutte antiterroriste par les gouvernements et exécutifs de nombreux pays ». M. Sellal a rappelé dans ce sens que « la réconciliation nationale pour laquelle a plaidé le Président de la République et dont il a convaincu le peuple algérien, a permis en un temps record de panser les blessures profondes et douloureuses d’une décennie sanglante et de consacrer dans notre conscience collective les valeurs du vivre-ensemble, de tolérance et de rejet de la violence verbale et physique ».

« Et pour preuve, a-t-il soutenu, le nombre d’Algériens qui rejoignent les groupes armés dans les différents foyers de tension est le moins important dans les pays musulmans et même européens », soulignant que le terrorisme « est un phénomène international dangereux que nous devons combattre et ne pas juste en parler ».

« Soutien au processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario »

L’Algérie a réaffirmé son soutien au processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario en vue de trouver une solution définitive au conflit du Sahara occidental, qui garantisse au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination. M. Sellal a indiqué que « le dossier de la question du Sahara occidental est entre les mains de l’ONU et fait l’objet actuellement d’un processus politique de négociations entre le royaume marocain et la République arabe sahraouie démocratique, sur la base du principe du droit à l’autodétermination ».

Il a précisé que l’Algérie « soutient ce processus et espère une fin rapide des négociations et un règlement définitif et juste du conflit ». Concernant la fermeture des frontières communes avec le Maroc et la possibilité de construire des relations normales avec ce pays « loin du conflit du Sahara occidental », M. Sellal a souligné que « le Maroc est un pays voisin et frère. Il y a entre nous des points de désaccord en suspens autour desquels les vues divergent ». « La fermeture des frontières terrestres est intervenue en réponse à la décision unilatérale des autorités marocaines d’imposer un visa d’entrée aux ressortissants algériens », a précisé M. Sellal ajoutant que les relations internationales « sont régies par les principes de convenances et de bon voisinage ».

Il a affirmé à ce propos que l’Algérie « penche pour une approche globale où les questions sont traitées à travers un dialogue direct », d’autant qu’il s’agit, a-t-il dit, « de questions précises que notre pays est entièrement disposé à régler sérieusement et pacifiquement afin que les pays puissent se consacrer à l’objectif suprême, celui de l’édification de l’Union du Maghreb arabe à laquelle aspirent nos peuples ».

« L’Algérie et l’Arabie saoudite aspirent à une coopération bilatérale »

« Nous aspirons à hisser la coopération algéro-saoudienne à la hauteur du partenariat stratégique, eu égard aux moyens et aux opportunités de complémentarité disponibles dans les deux pays ainsi qu’à la forte volonté politique du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et de son frère le Serviteur des deux Lieux saints de l’islam, le roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud », a indiqué M. Sellal. Cette volonté vise à « développer et diversifier nos relations bilatérales de façon à concrétiser les aspirations des deux peuple frères », a ajouté le Premier ministre.

« Les domaines de coopération et de partenariat entre les deux pays sont nombreux et comptent, entre autres, les hydrocarbures, la pétrochimie, l’agriculture, l’industrie, l’économie du savoir et le tourisme », a-t-il précisé. « Dans tous ces secteurs, le gouvernement appuie l’investissement par des facilités multiples, les meilleures dans le bassin méditerranéen », a-t-il dit, soulignant que les deux pays « veulent examiner les voies à même d’augmenter le volume des échanges commerciaux et réaliser une interactivité directe entre les hommes d’affaires des deux pays, à travers des mécanismes permanents en mettant l’accent sur le développement de l’échange culturel et le renforcement de la coordination dans le dossier de la Omra et du Hadj ».

Dans ce contexte, M. Sellal a souligné que les relations politiques entre les deux Etats « sont excellentes dans le cadre de la concertation et la coordination continue autour des questions d’intérêt commun dans les espaces arabe, musulman et international ». Concernant le rôle de l’Algérie dans l’aboutissement du dernier accord pétrolier, le Premier ministre a précisé que « l’Accord d’Alger a lancé des indicateurs positifs aux marchés pétroliers internationaux, des indicateurs à appuyer et à renforcer », rappelant le rôle de « facilitateur et de médiateur » que l’Algérie avait joué dans ce sens. L’Algérie « milite pour un prix raisonnable et juste qui permettrait de réinvestir en matière d’énergie, de valoriser la production et d’assurer l’approvisionnement des consommateurs », a-t-il dit, ajoutant qu’elle « a toujours veillé à consacrer un véritable esprit de dialogue et de concertation entre les différents acteurs internationaux dans ce domaine ».

A une question sur la situation sécuritaire prévalant dans la région, d’autant que l’Algérie est entourée de pays où sévissent des guerres et des soubresauts en particulier la Libye et le Mali, le Premier ministre a indiqué : « Nous avons longtemps reproché aux politiques et aux médias occidentaux de vouloir attribuer aux groupes terroristes les qualificatifs d’‘‘islamique’’ et d’‘‘Etat’’ et voilà qu’aujourd’hui, les médias arabes tombent dans ce piège et reproduisent la même erreur ». « Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit de criminels dont l’implication dans des réseaux de contrebande, de trafic de drogue et de traite humaine est établie et dont les objectifs sont aussi vils qu’infâmes, en ce sens qu’ils veulent asservir les populations, par la terreur et la violence, pour spolier leurs richesses », a-t-il estimé.

« Les vaillants éléments de notre Armée nationale populaire (ANP) et des autres corps de sécurité sont prêts à accomplir leur mission dans toutes les situations et en toutes circonstances aux fins de garantir la sécurité des citoyens et de leurs biens, sur tout le territoire national, dans les espaces terrestre, maritime ou aérien », a-t-il soutenu. Dans ce contexte, le Premier ministre a précisé que la situation qui prévaut dans certains pays de la région « ne nous a jamais amené à considérer nos frontières communes comme étant une source de préoccupation ou de risques. Bien au contraire, nous sommes fiers de les avoir pour voisins et nous restons confiants que nos frères en Libye et au Mali surmonteront cette difficile épreuve à travers de réels processus de dialogue national qui préserveraient l’unité de leurs peuples, l’intégrité territoriale de leur pays et la souveraineté de leur décision ».

« La révision constitutionnelle a conforté les libertés et consacré le principe d’équité »  

Concernant la révision constitutionnelle de février dernier, M. Sellal a affirmé que la Constitution « a conforté les libertés individuelles et collectives et proscrit l’application de peines privatives de libertés dans les affaires d’édition, tout en consacrant le principe d’équité devant la loi et l’obligation du respect de la vie privée ». Evoquant la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), instituée par la Constitution, M. Sellal a indiqué qu’« elle a été revendiquée par l’ensemble de la classe politique nationale, sans exclusion aucune».

A une autre question sur « le danger que représente le chauvinisme religieux sur le référent religieux de l’Algérie », le Premier ministre a affirmé « nous respectons toutes les doctrines musulmanes et nous nous gardons d’émettre des jugement quelconques sur la compréhension, voire l’interprétation par certains des textes religieux ou leur lecture de certaines étapes de l’histoire de la civilisation musulmane ».

« Nous estimons que ce domaine relève de la compétence des spécialistes et des ulémas (théologiens) », a-t-il ajouté. Pour M. Sellal « il serait vain d’impliquer le citoyen lambda dans des débats qu’il ne pourra tenir, ni assimiler à défaut de connaissances spécialisées et d’outils scientifiques. Si ces débats utilisent un discours subversif, ils pourraient sérieusement entamer la paix civile et remettre en cause la sagesse de l’acte religieux, censé véhiculer la piété et la ferveur ». « C’est pourquoi nous nous refusons à verser dans des conflits dont les conséquences seraient désastreuses. En Algérie, nous sommes déterminés à rétablir et à promouvoir la véritable image de l’islam, religion d’ouverture et de tolérance », a conclu le Premier ministre.