Chute en roue libre des importations de véhicules : les raisons d’une baisse drastique

Chute en roue libre des importations de véhicules : les raisons d’une baisse drastique

automobile_847018_679x417.jpgL’importation de voitures continue sa chute durant ce semestre, amorcée déjà durant l’année dernière. Elle devra se confirmer à la fin de l’année en cours. Cela était tout à fait prévisible, la facture des importations de véhicules a chuté de 27,02% durant les sept premiers mois de 2015.

 Fruit de nombreux facteurs, dont, essentiellement, le nouveau cahier des charges, pour recadrer l’activité de concessionnaires, la facture algérienne des importations de véhicules a poursuivi sa baisse durant les 7 premiers mois de 2015. Le marché des véhicules est marqué, depuis quelques mois, par une hausse significative des prix qui a, décidément, dissuadé les Algériens à posséder leur véhicule.

Aussi, le blocage des importations de véhicules et la hausse des prix des voitures, en raison de la chute du Dinar, profitent au marché automobile de l’occasion.

En gros, neuf ou ancien, les Algériens ont, de plus en plus, du mal à acquérir un véhicule. Selon l’APS, qui cite comme source Sefiane Hasnaoui, président de l’Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A), les raisons de la baisse se résument à quatre principales raisons.

En premier lieu, souligne Hasnaoui, « il y a le changement de direction de l’épargne des Algériens vers d’autres requêtes d’achats, notamment pour l’immobilier, surtout que les échéances de livraisons des logements de type location-vente (Aadl) et autres s’approchent ». Il y a, aussi, poursuit-il, le recadrage du marché algérien de véhicules lequel « avait grossi de manière assez artificielle, ces dernières années, en raison de la méconnaissance de la taille réelle du marché par les concessionnaires ».

L’offre avait, ainsi, été plus importante que la demande, selon le président d’AC2A qui estime que certains concessionnaires anticipaient même une croissance de la demande sans prendre en considération l’ensemble des données du marché et se sont retrouvés, par conséquent, « incapables de faire écouler leurs stocks ». Une étude du ministère du Commerce avait, d’ailleurs, averti que le pays s’est transformé en « un vaste espace de stockage » de voitures. Près de 2 millions de véhicules ont été importés par les concessionnaires entre 2010 et 2014, rappelle-t-on.

Afin de mettre fin au dysfonctionnement du marché des importations de voitures, la Loi de finances 2014 avait introduit plusieurs mesures portant notamment sur la limitation de l’importation des véhicules aux concessionnaires automobiles, l’interdiction à ces derniers d’importer pour le compte d’autres concessionnaires en dehors de leurs réseaux de distribution, et l’obligation d’installer une activité industrielle ou de service dans un délai de trois ans.

L’entrée en vigueur des nouveaux cahiers des charges a, en outre, participé à la réduction du nombre des voitures achetées de l’étranger, selon Hasnaoui. « Les délais d’adaptation des concessionnaires à cette nouvelle réglementation doivent se compter en plusieursmois », ajoute-t-il. Afin de rationaliser l’importation et d’assainir le marché des véhicules, un nouveau cahier des charges a été élaboré par le ministère de l’Industrie, imposant de nouvelles normes de sécurité pour les véhicules importés.

À cet effet, un arrêté ministériel, daté du 12 mai 2015, a modifié les dispositions relatives aux cahiers des charges sur les conditions d’exercice des activités des concessionnaires de véhicules neufs. « Nos importations ont été bloquées dans les ports dès le mois de mai », note Hasnaoui en soulignant que ce blocage est l’autre facteur qui a participé à la réduction des importations ultérieures des véhicules. Il est à préciser, par ailleurs, que dès 2016, des licences d’importation concerneront, entre autres, les véhicules dont les importations devraient être plafonnées à 400 000 véhicules/an.

La LFC-2015 est venue pour durcir davantage les conditions dans lesquelles évolue le marché, en instituant de nouvelles taxes à l’acquisition de véhicules neufs. Instituée en 2008 avant qu’elle ne soit modifiée par la LFC-2009, la taxe sur les véhicules neufs viserait à réduire davantage les importations de véhicules, puisqu’elle induira inévitablement une hausse des prix qui serait insoutenable pour les petites et moyennes bourses.

La tendance baissière confirmée par le CNIS

En chiffres, de janvier à fin juillet 2015, le coût des importations de véhicules a reculé de 27,02% pour s’établir à 2,388 milliards de dollars (mds usd) contre 3,272 mds usd sur la même période de 2014, a appris lundi l’APS auprès des Douanes.

Cette tendance baissière est également perceptible dans le nombre des véhicules importés par les 51 concessionnaires activant actuellement sur le marché algérien: 202 635 véhicules importés contre 254.302 unités sur la même période de comparaison de 2014, soit une baisse de 20,32% en terme de quantité, précisent les données du Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). Durant les sept premiers mois de l’année en cours, les marques européennes, notamment françaises et allemandes, ont continué à occuper la tête de la liste des importations des véhicules, suivies des marques japonaises et sud-coréennes.

Il est constaté que les baisses des importations sont enregistrées chez la plupart des gros concessionnaires, alors que de petites hausses sont observées chez les petits concessionnaires. Ainsi, le concessionnaire de marque allemandes a baissé ses importations de plus de 48% à 260 millions de dollars (17.951 véhicules importés), contre des importations de 500 millions de dollars (32.901 unités) durant les 7 premiers mois de 2014.

Le concessionnaire d’une marque française, qui est le plus gros importateur en Algérie, a baissé ses importations à hauteur de 42,6% à 374,79 millions de dollars (41.932 véhicules), contre des importations de 653 millions de dollars (61.746 unités) durant les 7 premiers mois 2014. En 2014, la facture des importations de véhicules a poursuivi son recul en s’établissant à 6,34 mds usd (-13,56%).

Lamia B.