Ce qu’il a fait restera gravé dans l’esprit des jeunes et dans la mémoire des algériens, Mohamed Boudiaf est revenu cette semaine

Ce qu’il a fait restera gravé dans l’esprit des jeunes et dans la mémoire des algériens,  Mohamed Boudiaf est revenu cette semaine

boudiaf.jpgEternel Boudiaf

Une belle revanche que prendra à titre posthume l’auteur de «Où va l’Algérie?» sur ceux qui pensent s’être débarrassés de lui. Alors qu’il est toujours vivant…

Certes, ils n’étaient pas nombreux à avoir pris part hier à El Alia à la cérémonie de recueillement organisée à la mémoire du militant Mohamed Boudiaf. Beaucoup d’émotion et de sincérité seront au rendez-vous, cependant, de la commémoration du 23ème anniversaire de l’inqualifiable autant que lâche assassinat du président défunt.

De celui qui aurait pu permettre à l’Algérie de s’assumer pleinement et d’être moins fragilisée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Un homme qui aura consacré pourtant toute sa vie à la libération plurielle de son peuple et été l’un des principaux artisans de la Révolution nationale du 1er Novembre 1954 sous la direction du Front de Libération nationale.

Alors que d’aucuns au niveau des forces intégristes autant religieuses que politiques ne le gratifiaient d’aucune chance de réussite dans un pays qu’il retrouvait après plusieurs décennies d’exil à l’étranger, Mohamed Boudiaf aura vite fait de restaurer dans ses droits historiques le nationalisme révolutionnaire, celui-là même qui permit le recouvrement de la souveraineté nationale avant d’être sacrifié sur l’autel des ambitions démesurées, actionnées alors par l’ancienne force coloniale qui allait prendre une sacrée revanche sur les enfants de Novembre.

Du reste, les quelques intervenants sauront mettre en évidence la personnalité ainsi que les efforts déployés par le Président Mohamed Boudiaf, dès son retour dans une République mise à mal d’abord, par les contradictions secondaires et ensuite, par la nébuleuse intégriste religieuse: «Ce que Boudiaf a fait pour un pays en perte d’identité, rongé qu’il était par le népotisme, le régionalisme, le tribalisme et l’effilochement de la veine patriotique, restera gravé dans l’esprit des jeunes et dans la mémoire des Algériens.»

Au FLN comme au Parti de la révolution socialiste (PRS) qu’il créera au lendemain de l’indépendance pour dénoncer la confiscation du processus révolutionnaire et le bonapartisme naissant, ce nationaliste révolutionnaire saura toujours accorder une place de choix à la jeunesse algérienne à laquelle il vouera un intérêt et un respect particulièrement profonds.

Il tenait tant à lui remettre le témoin d’authentiques révolutionnaires dans un pays où des pans entiers de l’Histoire ont été effacés ou voués au silence alors que militants et mouvements politiques ne sont pas appréciés en fonction de la place qu’ils ont occupée, mais en fonction de ce qu’ils sont devenus: «Le remodelage du passé à l’image du présent devient alors chose courante.»

Sont-ce ces raisons qui ont poussé en novembre 1974 Mohamed Boudiaf, alors président du PRS, à sortir de sa réserve pour vouer aux gémonies ceux-là mêmes qui ont écrit et continuent de le faire en déformant par intérêt ou par ignorance les faits, en attribuant à des gens des rôles qu’ils n’ont pas joués, idéalisant certaines situations et passant d’autres sous silence, refaisant l’Histoire après coup? La réponse à un tel questionnement est aisé surtout lorsque l’un des principaux artisans de la Révolution nationale du 1er Novembre 1954 faisait remarquer, non sans pertinence, que le résultat le plus clair de ces manipulations, est d’entraîner une méconnaissance d’un passé pourtant récent chez les millions de jeunes Algériens qui n’ont pas vécu cette période et qui sont pourtant avides d’en connaître les moindres détails. En allant à la rencontre de l’incarnation du nationalisme révolutionnaire et de l’idéal tel qu’esquissé par le serment de Novembre, cette jeunesse a démontré, en son temps, qu’elle était prête à tous les défis et à tous les sacrifices.

Une belle revanche que prendra à titre posthume l’auteur de «Où va l’Algérie?» sur ceux qui pensent s’être débarrassés de lui. Alors qu’il est toujours vivant…