Ce bonheur algérien !!!

Ce bonheur algérien !!!

ordures_853305_679x417.jpgA la surprise de beaucoup d’Algériens, ce sont eux qui seraient les plus heureux et les plus comblés de bonheur de toute la région, selon un sondage de Happy Planet Index «l’Index du bonheur planétaire», classement, publié par le Daily Mail, et concerne : l’Espérance de vie des populations, leur bien-être et l’environnement écologique dans lequel ils vivent.

Il est tout à fait vrai que l’espérance de vie des Algériens ne cesse de s’améliorer depuis 1962, quant à l’environnement : les villes algériennes restent des plus sales et hideuses au monde, la campagne comme les côtes sont des plus contaminées par les détritus, le plastique et les eaux usées. Les Algériens sont heureux, mais comment ne le seraient-ils pas ? Eux, les seigneurs du dernier quart d’heure, qui ont fait abdiquer la providence, pour s’introniser maitres du sol et de ce qui se trouve en son sein. Sans sacro-saint, ni prières, leur ciel pleut d’or mais pas de lumière.

Tout se déverse, ils n’ont qu’à se servir : il y en a assez pour tout le monde, mais pas pour longtemps, tous ne peuvent pas ramasser équitablement, la hiérarchie est respectée : comme dans la savane. A chacun son bonheur : le grand, le petit, l’insignifiant, c’est selon. Le Lichtenstein, Singapour, les Iles Caïmans…et autres paradis pour les uns, peut être le livret de la CNEP pour les autres.

Les berlines allemandes, contre les ‘’Losanges’’ d’Oued Tlelat. Les villas cossues de Nice, Alicante…, les appartements Haussmanniens, versus un probable F3 de l’AADL à Aïn-Guesba. Dans le cas où… une clinique parisienne plutôt que l’hôpital de Oued-El-gallal.

Les écoles suisses de rééducation pour les rejetons des fortunés et non une pseudo-université paumée de Sid-El-Bendir. Heureux aussi, sont ceux qui détiennent la mercuriale, et nous fixent le prix de la pomme de terre avec l’argent du trésor public. Heureux, sont ceux qui importent nos plaisirs et nos jouissances matérielles avec du fossile. Heureux encore, sont ceux qui empochent de l’ANSEJ et attendent une amnistie pour ne pas rembourser, ni demain ni son surlendemain.

Mais ne sont pas heureux, ceux qui ne sont pas encore des citoyens : les seniors oubliés qui chôment et sont sans revenu, les contingents de sortants certifiés des universités qui ne trouvent pas un vrai travail et un vrai salaire, ceux qui vivent quotidiennement le calvaire de l’injustice des super-citoyens, ceux qui sont inscrits au filet social qui les a piégés, comme de malheureux poissons qui ne savent pas ce qu’il leur arrive. L’instinct reptilien est plus profond dans l’Homme, survira celui qui peut, l’évolution darwinienne fait le reste, ou plutôt l’écologie alimentaire.

Les laissés-pour-compte ne sont pas indexés par ‘’Happy Planet’’, ils vivent cachés dans des taudis, mais pas heureux, ils ne profitent ni des bouchées ni des miettes, même pas du guano fertilisant : les volatiles les ignorent comme Novembre d’ailleurs. Mais eux aussi voulaient être heureux et depuis soixante ans déjà, ils n’ont rien vu venir.

Oh si ! Ils ont vu des choses quand même : le rouge du sang et les ténèbres du noir obscur. Fatigués, la peur collée à leurs dos, ils ne font plus de cauchemar la nuit, ils le vivent éveillés et à la lumière du jour, dans la rue, dans le souk, à la poste et ailleurs aussi. Ils se font rappeler que rien n’est gratis, «tuTCHIPes, sinon on te chipe le moral» tout à un prix, en plus ce qui est injuste, c’est qu’ils n’ont même pas de Black Friday pour solder la camelote.

Des nantis futés et ‘’magnanimes’’, pour les rendre heureux, leurs déversent des tonnes de ‘’Délirant Marocain’’ et des milliers d’hectolitres de casse-gueule, de toute sorte : la blonde, la rousse et la belle adorable brune amère, venues de Hollande et d’Allemagne…et autres eaux-de-mort, Marseillaises et Écossaises…

D’autres fripouilles, distributeurs de médicaments, leurs balancent de la psychosaloprie en pastilles comprimées d’extase et d’ecstasy, pour qu’ils sortent d’eux même et du sensible. Les malheureux sont plongés plus dans le désir que dans le plaisir, c’est l’addiction mortelle pour les uns et l’oseille pour les vampires. Ainsi tout ce beau monde soustrait du réel cadre bien avec l’instrument de mesure qu’adopte Happy Planet ; and all are happy, comme le veut bien la voix de son maitre.

Si cela est le bonheur : on préfère qu’on soit malheureux. Le bonheur d’un peuple est la somme des bonheurs des individus qui le composent, il correspond au bien être stable et durable du corps et de l’esprit. L’argent facilite la Vie, affrète la paix sociale, mais en aucun cas il ne peut l’acheter définitivement, par contre il corrompt l’esprit et rend le bonheur inachevé.

Curieusement ce sondage rappelle ‘’Le défi Algérien’’«narcissique et prétentieux» de Peter Ustinov, diffusé en juillet 1988 à la gloire du Président Chadli, la fin de l’épisode est connue, d’aucun ne la souhaite, ni aujourd’hui ni demain le jour ou sa nuit. Comme par malheur, le bonheur algérien est étroitement lié aux humeurs des uns et des autres, surtout celles d’Uncle Sam.

Hier l’Algérien a fait les frais de la partie de poker menteur, entre le bluffeur Ronald Reagan et son bouclier de la guerre des étoiles, avec les séniles présidents Soviétiques : Léonide Brejnev, Youri Andropov, Vassili Kouznetsov, Konstantin Tchernenko, Andrei Gromyko, Mikhaïl Gorbatchev ; tous furent balayés en moins de cinq ans par la biologie, le dernier par sa Glasnost et sa Perestroïka.

Aujourd’hui, le remake saute aux yeux, sauf à celui qui feint de ne rien voir, Obama veut couler l’ours Poutine en Ukraine et ailleurs chez lui, la guerre froide rappelle au Monde qu’elle est encore là. Le nerf du conflit est le combustible, alors autant le contrôler par les monarchies vassales du Golfe. L’OPEP se plie au diktat saoudien comme le décrit si bien Kharroubi Habib (Q.O.29/11/2014).

L’Algérien ne crée pas de richesses, ne sait faire que flamber le pétrole, quasiment aucun riche Algérien n’est capable de faire rentrer un petit Sou en devise étrangère au trésor public. Fraichement riches et parfois prête-noms de leurs mentors, ne sont ni des aristocrates ni des bourgeois de lignée pure, grisés, ne réalisent pas ce qu’il leur arrive. Savent-ils créer des dollars ? Veulent-ils apprendre à le faire ?

Ils s’en moquent ! Eux seuls comptent, contrairement à leurs voisins immédiats qui, eux sont de tradition capitaliste et aristocratique. Le matin en se levant, l’Algérien oublie de voir la réalité en face de son petit déjeuner, qui lui vient de l’étranger en monnaie forte (Le café, le lait, le sucre, le beurre, la confiture, le farine de son pain et de ses viennoiseries, le jus de fruits et le cacao de son chocolat), la suite aussi…

Le bazar se fait visible à l’horizon, espérons que ce n’est qu’une brume matinale (pas un cumulonimbus, dévastateur), que le bonheur artificiel de l’Algérien ne soit pas compromis par la chute sévère des cours du baril, qui annihilerait tous les rêves et qui mettrait fin à l’opulence extravagante, grisante et étourdissante des nantis et de ceux qui aspirent à l’être. Toutefois, la régression espérée féconde, des années rouges et noires, a peut être rendu l’Algérien plus attentif à son sort, pour ne pas se jeter dans l’abime et se faire hara-kiri.

C’est l’espoir et le vœu, de la majorité parmi eux qui le murmure en hurlant haut et fort, du fond de leurs entrailles, pour rester debout et ne pas périr, même accrochés aux Altostratus les plus inaccessibles. Mais l’espoir reste seulement un espoir, car les mêmes causes génèrent presque toujours les mêmes effets.

Ahmed Farrah