Belkhadem y avait réuni ses troupes,Insultes et coups de poing à Constantine

Belkhadem y avait réuni ses troupes,Insultes et coups de poing à Constantine

18062011.jpgC’est à couteaux tirés que s’est tenue hier à Constantine la conférence régionale des cadres du FLN de l’est du pays en présence du secrétaire général du parti.

Abdelaziz Belkhadem n’a dû son salut, oserions-nous dire, qu’aux renforts de policiers dépêchés sur les lieux pour lui frayer un passage jusqu’au portail du Théâtre régional de Constantine qui a abrité la rencontre. Des scènes obscènes, d’une rare violence parfois, où les belligérants en sont arrivés aux mains dans des empoignades et mêlées où tous les coups étaient permis.

Des dizaines de «militants», venus de plusieurs wilayas de l’Est (Mila, Annaba, Batna, Skikda…) défendre la cause des redresseurs, se sont accrochés aux «videurs» du FLN qui ont fait preuve d’un zèle inégalé pour soumettre, y compris les journalistes et autres invités de marque du parti, à des écarts intolérables et indignes d’une formation politique de l’envergure du FLN. Des banderoles et des slogans hostiles à Belkhadem et aux «dinosaures qui ont confisqué le parti» ont été brandis par ces «redresseurs» qui semblaient décidés à en découdre avec les pro-Belkhadem, bravant les menaces et les agressions physiques du clan de ce dernier. Belkhadem s’est aperçu, d’ailleurs, du climat délétère qui régnait aux alentours du théâtre malgré le balayage opéré par les forces de l’ordre quelques minutes avant son arrivée. Il préfèrera même répondre à ses détracteurs dès l’entame de son allocution : «J’ai entendu à l’entrée de cette salle des gens qui me disaient irhal (dégage). Une parole indigne car si c’étaient de vrais partisans qui me l’avaient demandé, j’aurais renoncé à la responsabilité mais jamais au militantisme. Par ces agissements, certains croient qu’ils sont porteurs d’idées mais en vérité, ils ne s’agitent que pour leurs propres intérêts et ambitionnent d’occuper des postes de responsabilité sans avoir le moindre mérite».

Cette rencontre, qui est la première d’une série de conclaves régionaux avant, vraisemblablement, une session extraordinaire du comité central dans les prochaines semaines, n’a bénéficié, en effet, d’aucune annonce médiatique, sans doute, par appréhension au vu de ce qu’a été la réaction des redresseurs qui ne semblent pas près de lâcher prise. Une occasion peut-être de découvrir les «aménagements» perceptibles dans le nouveau discours d’un Belkhadem qui ne fait presque plus référence au président Bouteflika. Est-ce le début d’une démarcation d’un futur candidat potentiel à la magistrature suprême ? Tout porte à le croire car Belkhadem se présente désormais, à l’instar de son parti, comme l’inspirateur des différents chantiers politiques auxquels aurait adhéré le président de la République. Il en est ainsi, laisse-t-il entendre, de la révision partielle de la Constitution en 2008 et des réformes annoncées. «Le FLN est une école qui n’a pas besoin qu’on lui rappelle son rôle de locomotive.

Nous ne sommes pas surpris par les réformes annoncées car nous en étions les précurseurs. Notre dynamique a permis d’initier une première révision partielle de la Constitution et autant nous avions exprimé notre satisfaction à l’époque autant nous avions également nommé les insuffisances de la loi fondamentale». Et si Belkhadem considère que la quatrième session du CC du FLN a déjà tranché la position de son parti à propos des différents volets des réformes en cours d’élaboration, il estime par contre que la révision de la Constitution n’est pas une mince affaire, qu’elle engage le devenir du pays et devra, par conséquent, bénéficier d’une large concertation au même titre que la loi organique sur les partis politiques. «Nous avons suffisamment de temps, dira-t-il, car la nouvelle Constitution sera soumise au Parlement qui sera issu des législatives de 2012.»

Il s’interrogera, à titre d’exemple, sur l’utilité de la limitation du nombre de mandats présidentiels si la nouvelle Constitution venait à adopter un régime parlementaire. Revenant sur «les attaques dont le FLN serait la cible», Belkhadem évoque, en sus de l’approche de l’échéance des législatives de 2012, «la main de l’étranger». Le cinquantenaire de l’indépendance du pays qui sera fêté l’année prochaine en serait le mobile à ses yeux. Dans le même sillage, il égratignera y compris son partenaire dans l’Alliance présidentielle. «Nous ne sommes pas la Tunisie pour qu’on nous compare au RCD ni l’Egypte pour qu’on nous compare au PND (parti au pouvoir en Egypte, ndlr)», ironisera-t-il.

K. G.