Avec huit longues semaines de coupure,Les vacances scolaires pénalisent-elles l’élève?

Avec huit longues semaines de coupure,Les vacances scolaires pénalisent-elles l’élève?

P120718-15.jpgLes colonies de vacances étaient une véritable institution, dotées de structures opérationnelles avec encadrement et plans de formation.

Les parents peuvent habituer l’enfant à organiser ses journées de vacances avec un emploi du temps. Mais il ne s’agit pas de transformer la maison ou le lieu de vacances en seconde école.

Ils l’ont bien mérité, nos élèves: deux mois de repos avant d’attaquer de front une nouvelle année scolaire. Recharger ses batteries, profiter des grasses matinées et des siestes, s’adonner à de saines activités de détente (musique, sports, jeux de société, etc.), à domicile ou en plein air: autant d’opportunités qui participent à leur développement tant physique qu’intellectuel et psychologique.

A cet âge, un tel programme de vacance ne relève pas du luxe mais d’un besoin quasi vital, indispensable à l’équilibre de leur personnalité. Si les enfants de parents aisés peuvent s’offrir des vacances dorées, les autres ne pourront que s’adapter aux conditions de vie qui sont les leurs. Est-ce pour autant que les longues vacances d’été pénalisent ces derniers? Il est certain que sous 45° à l’ombre, dans un village du Sahara, ou dans une dechra de l’Ouarsenis enclavée, à flanc de montagne, la vie n’est pas rose. Certes, avec les efforts déployés ici et là par des associations ou des institutions de l’Etat, cette catégorie d’élèves – pas tous, malheureusement – arrive à goûter aux joies de la plage ou de la piscine. Le temps d’une session de vacance d’une quinzaine de jours.

Dans le domaine des loisirs, notamment des vacances, il y a lieu de souligner le recul que connaît notre pays comparativement aux années 1970. A l’époque, les colonies de vacances étaient une véritable institution dotées de structures opérationnelles avec encadrement et plans de formation.

L’utile qui sauve

Revenons à notre propos premier ou comment ces huit longues semaines, voire davantage, vont impacter la vie scolaire des élèves. Effectivement, dans la littérature spécialisée concernant les rythmes scolaires, la sonnette d’alarme est tirée quant à la nocivité d’une longue coupure avec les études. Afin de parer aux effets néfastes, les pédagogues recommandent des activités dites d’entretien. Elles viendront en complément des activités ludiques et des moments de repos/détente.

En quoi consistent-elles? Comme leur nom l’indiquent, elles servent à entretenir des réflexes liés à la vie scolaire, plus particulièrement sur le plan des connaissances scolaires.

Ces dernières s’emmagasinent dans la mémoire avec une qualité de rétention conditionnée par le temps (durée) et le type d’activités intellectuelles déployées. Elles (ces connaissances) peuvent sombrer dans l’oubli, dans le cas d’une longue période d’inactivité intellectuelle appropriée. Cela est prouvé scientifiquement avec le fameux concept d’analphabétisme de retour ou quand le volume de connaissances décroît gravement.

Et c’est là tout l’enjeu des vacances scolaires d’été. Il revient aux parents de prendre conscience de ce danger et d’en sensibiliser leur enfant.

La prévention demeure la solution idoine. Par exemple, habituer son enfant à organiser ses journées de vacances avec un emploi du temps à respecter. Il ne s’agit pas de transformer la maison ou le lieu de vacances en seconde école. L’enfant n’en voudra pas. Il n’acceptera pas de rogner sur ses activités ludiques ou sur son temps de repos.

Et il a raison. Seulement, quand le courant passe bien au sein de la famille, les parents peuvent convaincre leur enfant de réserver un temps – celui qu’il veut, lui – à des activités d’entretien. Elles se déclinent en lectures de livres de jeunesse ou pour enfants, révisions de leçons et reprise d’épreuves de compositions, de devoirs de l’année scolaire écoulée. Le choix de ces révisions portera plus particulièrement sur des disciplines qui lui ont posé problème. Avec le recul et le climat ambiant, de préférence accompagné avec un camarade de classe, ces activités centrées sur les leçons et les devoirs constituent un formidable tremplin. En agissant de la sorte, l’enfant/élève comble ses lacunes, consolide ses bases et ses acquis et se prépare aux échéances futures en classe supérieure.

S’il a redoublé sa classe, ces activités d’entretien vont le motiver encore plus; il aura à coeur d’effacer le douloureux souvenir de cet échec. Sur ce point précis, il y a lieu de positiver cette sanction (le redoublement) afin de l’encourager à surmonter sa déception et aller de l’avant. Il faut savoir que la vie scolaire, comme la vie tout court, n’est pas un long fleuve tranquille. Les exemples sont nombreux d’élèves terrassés par un redoublement et qui se ressaisissent pour dépasser, par la suite, des camarades admis.

L’épreuve du redoublement

L’élève redoublant a besoin d’être rassuré et entouré d’un climat de confiance. Aux parents de le sécuriser en communiquant avec lui – sans le juger – et de lui offrir des opportunités pour rebondir. Les activités d’entretien décrites ici s’inscrivent dans cet esprit positif de reconquête d’une assurance perdue momentanément. Si elles sont très utiles aux élèves en difficulté, il n’en demeure pas moins que ceux qui ont brillé dans leurs études en ont aussi besoin.

A l’instar de ce sportif en route vers l’exploit individuel ou collectif, tout élève doit se préparer intellectuellement et psychologiquement pour asseoir sa réussite scolaire.

Et cette incontournable préparation ne peut se mettre «en vacance» sans porter préjudice. Une chose élémentaire que tout parent et tout élève doit méditer.