Alors que le salafisme a perdu du terrain, Le chiisme aux portes d’Oran?

Alors que le salafisme a perdu du terrain, Le chiisme aux portes d’Oran?

P150201-03.jpgUne vue d’El Bahia

Comment interpréter le fait que 200 imams soient recrutés dans le cadre du pré-emploi?

L’intégrisme religieux revient en rangs certes divisés mais prenant deux formes aux idéaux divergents: le salafisme et le chiisme. Si le premier tente de prendre vainement du poil de la bête après avoir perdu du terrain, le deuxième fait ses premiers pas en tentant de s’imposer comme alternative dans la société algérienne qui n’est favorable ni pour le premier ni encore moins pour le second. La doctrine chiite tente de gagner du terrain en se propageant dans plusieurs wilayas de la partie ouest du pays en particulier dans la wilaya d’Oran.

L’alerte est tirée. Elle est donnée par le représentant du syndicat des imams de la wilaya d’Oran, Mustapha Kadoum, mettant en garde contre la prolifération, ces dernières années, des idéaux religieux fondamentalistes et extrémistes totalement étrangers à la société algérienne. «Nous sommes tout simplement musulmans algériens, ni ikhounani, ni salafiste ni chiite», dira Mustapha Kadoum ajoutant que «les enquêtes que nous avions effectuées ont été négatives: nos mosquées n’abritent aucun cas de chiisme».

Sur sa lancée, il dira que «les imams d’Oran ont prêté serment de ne servir rien d’autre à part l’islam et ses bons préceptes». Le chiisme n’est plus un simple point de vue. Il suffit de méditer à partir des conflits religieux opposant les sectes religieuses faisant des centaines de victimes dans plusieurs pays arabo-musulmans comme l’Irak. A ce chiisme rampant s’ajoute l’offensive timidement lancée ces dernières années par le salafisme en tentant vainement de tirer les dividendes politiques à chacun des événements, tel a été le cas récemment lors de la manifestation échouée organisée par des islamistes radicaux dans le but de dénoncer les caricatures du journal satirique français Charlie Hebdo.

L’embrigadement commence à l’université

Rien n’augure donc de bon si ces deux franges religieusement hétéroclites poursuivent leur endoctrinement en sourdine des jeunes, notamment des universitaires. L’université, ayant été catalyseur de tous les mouvements, démocrates et religieux, constitue l’un des importants fiefs infectés par l’intégrisme religieux en étant la cible privilégiée des campagnes d’embrigadement des étudiants.

Le choix est porté sur les jeunes n’ayant aucune culture politique. Ceux-là constituent la meilleure matière fraîche et pâte facile à modeler. Ces jeunes sont aisément repérables vu leur vulnérabilité sociale. Leur convertibilité se fait grâce à des discours endoctrinants injectés sournoisement à petites doses.

Les meneurs de ces campagnes misent sur la «chiitisation» des jeunes Algériens en les détournant d’abord, des précepts religieux malékites avant de créer, à des desseins inavoués, des petites minorités religieuses. «Les cas de cet embrigadement sont légendaires», parle-t-on avec insistance à Oran affirmant qu’ «une professeure universitaire, enseignante à la faculté des sciences juridiques et de civilisation islamique de l’université d’Oran, n’a pas dissimulé son appartenance à la secte religieuse chiite en l’annonçant récemment publiquement». Si ce cas existe réellement, où est donc le ministère des Affaires religieuses? s’interroge le responsable des imams d’Oran, Mustapha Kadoum. Ce cas nécessite l’ouverture d’une enquête judiciaire. Rien n’a été fait sachant que les musulmans de l’Afrique du Nord sont des sunnites.

Plusieurs étudiants ont confirmé avoir été approchés par des propagandistes de la secte chiite, d’autres affirment avoir été invités par les salafistes quant à participer à des activités religieuses organisées par une organisation estudiantine.

Le danger est imminent étant donné que les partisans du précepte chiite basant leur activisme religieux sur la radicalisation de leurs idéaux allant jusqu’à l’utilisation de la force. L’unité nationale est autrement dit menacée si des mesures à la hauteur de l’événement tardent à être prises en vue de juguler l’étendue du phénomène.

Occulter les deux phénomènes ou tout au moins les négliger est un acte criminel vu leur dangerosité.

L’argent ne manque pas!

Des hommes d’affaires et des intégristes de tout bord imposent leur diktat dans plusieurs mosquées de la wilaya d’Oran. Ils les gèrent, tout en gérant les prières et autres rites religieux, selon des convictions et des perceptions loin des traditions religieuses algériennes basées sur la tolérance et la piété.

Les premiers, en finançant l’activisme religieux intégriste, agissent comme dans leurs propres propriétés imposant des visions des choses ponctuées par un intégrisme et conditions tout à fait semblables à celles des mosquées irakiennes. Les deuxièmes, eux, ne rechignent pas en profitant de l’argent des hommes d’affaires en l’investissant dans l’importation et la mise en place graduelle des rites religieux étrangers à la société algérienne comme l’observation des «halaqate», rencontres entre groupes où l’on discute religion.

Pour convaincre tout en dissimulant les desseins de leur activisme religieux, ces groupuscules s’organisent en se structurant dans des comités religieux, des mosquées sous prétexte de «servir la mosquée en assumant son nettoiement et son entretien.

Dépassant leurs prérogatives et les objectifs qu’ils ont affichés, ils dotent ces lieux de culte de livres et de CD contenant des prêches et fetwas jusqu’au-boutistes importés des pays orientaux, du Golfe et de la Péninsule arabique comme l’Egypte, le Yémen, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Syrie etc. «Ils contiennent des fetwas à la fois dangereuses et intégristes faites par des imams inconnus appelant à la violence», affirme un fidèle d’une mosquée du centre-ville d’Oran.

Les salafistes ne lâchent pas prise!

Des vieux et jeunes se font passer pour être des descendants du Prophète (Qsssl). En réalité, ils n’ont rien de cela tant que leur fanatisme et intolérance sont illimités. Ils portent des barbes mal entretenues, habillés de demi-pantalon identique au pantacourt occidental et une gandoura de petite taille camouflée par des blousons en cuir. Ils sont partout, occupant tous les secteurs. Leur activité préférée est le commerce de la lingerie et habits féminins. Ils dominent le marché commercial géant de Mdina Djedida.

D’autres exercent dans la vente des améliorants de la cuisine alors que plusieurs autres investissent dans la réparation et vente de téléphones portables etc. Ils sont facilement repérables dans les alentours du CHU Benzerdjeb.

Leur solidarité est infaillible. Ils viennent à la rescousse du petit commerçant se trouvant aux abords de la faillite en lui apportant l’assistance financière nécessaire lui permettant de refaire surface de nouveau. Ils n’investissent jamais avant d’être convaincus que leurs petits projets sont à l’avance rentables. Chez ces salafistes, le vocable haram est un simple sport de routine prononcé au moindre «glissement» de communication commis par l’acheteur ou le passant. Le mot «haram», accompagné d’une série de recommandations sous forme de conseils religieux revient comme un leitmotiv sur leurs lèvres.

Des imams dans les bidonvilles

Le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs a-t-il failli à ses missions? Plusieurs imams confirment une telle évidence que d’aucuns ne peut contredire ni encore moins ignorer. La situation échappe à tout contrôle! Ajouter à cela la négligence et le laisser-aller que connaît le secteur, tolérant que ses affaires, notamment celles des mosquées, soient prises par des bénévoles.

«Il aurait été judicieux de ne pas laisser les mosquées sous la solde de ces volontaires aux desseins inavoués», dira un sociologue ajoutant que «la tutelle aurait mieux fait d’améliorer les conditions de vie des imams afin que ces derniers puissent jouer pleinement leur rôle».

Comment interpréter que 200 imams soient recrutés dans le cadre du pré-emploi? Le représentant du syndicat des imams d’Oran indique que «la situation socio- professionnelle des imams est en dégradation constante, dépassant tous les seuils de l’entendement».

La même source avance, chiffres à l’appui, que près d’une cinquantaine d’imams vivent dans des bidonvilles et 80 autres, employés du secteur des affaires religieuses, occupent des habitations menacées d’effondrement, d’autres n’ont aucunement de domiciles fixes.