«Algérie – France» ou en sommes nous ?

«Algérie – France» ou en sommes nous ?

7066756-10816910-620x330.jpgDans les rapports qui se sont établis entre nos deux peuples, algérien et français, avant-hier amis, puis ennemis et de nouveaux amis, pourrait apparaître une évolution qui les ferait être de nouveaux ennemis, si tous deux n’arrivent pas à entretenir l’amitié.

Et çà, il ne faut jamais l’oublier !

En ce qui nous concerne, la France est un pays qui nous connaît mieux que d’autres ; elle a une connaissance du terrain et plus de cinquante ans de rapports d’indépendance dans l’interdépendance. Et dans ce mode de relations, la triple vérité culturelle «historique, humaine et morale» de l’un et de l’autre s’imbriquent et s’étend chacun selon sa nature. Dans tout cela, les risques de conflits existent, car le fond est celui d’une histoire qui a engendré la naissance d’une catégorie sociale inexistante auparavant, à savoir les victimes civiles de la guerre d’Algérie, dans lequel il y a :

•des orphelins de leur pays : les enfants de harkis (Français).

•Et il y a des orphelins de guerre : les enfants de chouhadas (martyrs algériens). Il faut souligner ces deux cas.

La France pendant 130 ans, par le fer, le feu, le sang et les larmes, a tout fait pour assimiler les indigènes, pour finalement n’aboutir qu’à créer «la nationalité français musulman» pour certains.

Par contre la majorité des autochtones, sont restés ce qu’ils étaient: des indigènes, et ont lutté par les armes, contre cette assimilation, pour se proclamer Algériens et fiers de l’être.

Mais à ce jour, combien d’Algériens sont Français ?

Force est de constater que la «nationalité Français musulman», a fini par exister, et à s’imposer, même à ceux qu’elle contrarie. Cette nouvelle nationalité, faute de ne s’être faite sur la terre d’Algérie, a rejoint sa terre d’asile, en laissant derrière elle en Algérie, un relais assez important pour faire le travail nécessaire au profit de l’un et au détriment de l’autre. Ce qui nous est arrivé en cinquante ans à nous Algériens, qui étions tellement de fois fait massacrer par les événements, presque huit ans de combat contre l’occupation coloniale française. Plus de dix ans de guerre contre le terrorisme intégriste. Et tout cela a fait que l’on n’a pas eu le temps de nous préoccuper de cette catégorie sociale que sont les Français musulmans. Les Français d’origine Algérienne, qui pourtant, qu’on le veuille ou non, ont les mêmes racines que nous. Et oui ! Ce sont des Algériens d’origine, pouvant obtenir leur certificat de nationalité algérienne comme tout Algérien qui se respecte, en fournissant les mêmes justificatifs : naissance de l’intéressé, naissance du père et du grand père. Si vous êtes nés en Algérie, vous êtes Algérien même si vous avez la nationalité Américaine ou Israélienne. A moins d’une décision de justice qui vous en déchoit.

Donc, cette catégorie sociale d’Algériens existe, et parmi eux, les enfants de ceux qui sont pour nous, des collaborateurs, des harkis, des criminels de guerre de l’OAS, auxquels se sont ralliés les fossoyeurs de l’Algérie, voleurs en tout genre, qui ont dilapidé les deniers publics pour aller les investir à l’étranger, et en particulier en France, dont ils ont pris la nationalité avec plus de facilité. Tous ces gens-là, ont mis au monde des enfants, filles et garçons convaincus de leur nationalité de Français Musulmans ; devenus la cellule mère, d’un Islamisme exacerbé, pour ainsi dire, par le déracinement et le déséquilibre que provoque, chez les musulmans, le manque du pays d’origine.

Le premier cercle de Français qui se forme autour de cette couche sociale que sont les Français d’origine algérienne, ce sont les enfants de pieds noirs, dont les parents, émigrés de la colonisation qui ont quitté le pays à son indépendance, se réclament de leur origine Algérienne aussi. Ceux-ci Français, sont de religions différentes, et ne réclament pas la nationalité Algérienne, et ne sont pas Français musulmans. Ni Français chrétiens, mais «Français»tout court.

Combien sont-ils, tous ces Français musulmans, et autres émigrés qui ex-algériens, vivent en France actuellement ?

Ils approcheraient les huit millions

Beaucoup de politiques français auxquels De Gaulle a laissé un tracassin, à savoir : «Eviter que Colombey les deux églises ne deviennent Colombey les deux mosquées», se préoccupant de l’avenir de leurs pays, se disent à ce jour : «Si seulement on pouvait réinjecter ces ‘’Français musulmans’’ dans leur pays d’origine». Bien sûr, il est évident qu’il faudra encore un siècle pour que l’assimilation à la société française soit possible. D’ici là, les gens se côtoient, vivent ensemble, mais au fond d’eux, chacun est relié à ses origines. D’où la fixation des Français sur tout ce qui se passe en Algérie et vice versa.

Que voit l’Algérien dans la France, autre les bienfaits de la vie et des commodités matérielles qu’offre ce pays. Il y a une crise économique, et une crise de crédibilité. La crise de confiance court aussi en France et sans s’arrêter au calcul macabre des morts, entre banditisme et différents fléaux sociaux, il y en a autant de morts en France qu’en Algérie. Il reste que ce qui est admirable en France, c’est qu’elle se bat, qu’elle lutte à sa façon. Sur le plan scientifique, elle est en bonne position, par rapport à ses anciennes colonies qui, elles, se battent contre la faim et les assassinats avec des moyens de fortune; même à terre, les Africains continuent à se bagarrer, malgré tous les fléaux qui les rongent de toutes parts. Quant à la France, l’abcès qui se propage à son flanc, pullule du fer de lance algérien, il est composé de français musulmans maghrébins, dont une importante composante tend à vouloir établir en France, la continuité de leurs us et coutumes. Mais pour une grande partie de cette communauté, règne la haine de ce qui a été fait aux colonisés maghrébins dans leur ensemble. Ceci est particulièrement vrai pour ce qui concerne le peuple Algérien, dont le malheur de la guerre coloniale – qui a duré presque huit ans – sert de force motrice à l’entretien de la vengeance n

Par Nordine Chabane .

Auteur écrivain