Affaire Khalifa : Les Britanniques font monter les enchères

Affaire Khalifa : Les Britanniques font monter les enchères

Lejour2 (3).jpgIls prétendent que Khalifa risque sa vie en Algérie

Les Britanniques ne semblent pas vouloir lâcher «le morceau», à savoir l’ex-golden boy algérien, Abdelmoumène Rafik Khalifa, détenu depuis 2007 dans une prison londonienne.

Après avoir reporté à cinq reprises la décision de son extradition vers l’Algérie, après la demande introduite par le département d’Alan Johnson, cette fois-ci les Britanniques font monter les enchères pour la sixième fois. Selon le premier journal anglais, The Guardian, la vie de Rafik Khalifa serait en danger si la justice britannique décide dans deux jours de l’extrader vers l’Algérie.

Cette information, rapportée hier, est tirée d’une déclaration faite par un diplomate anglais dont le nom n’a pas été mentionné par ce quotidien londonien. Cette nouvelle sortie, bien que prévisible, confirme les enjeux de cette affaire. Les politiciens britanniques veulent plus «de cadeaux», sous forme de concessions, de leurs homologues algériens pour l’extradition de Rafik Khalifa.

Une affaire commerciale et politique à la fois. Les Britanniques veulent faire monter les enchères : plus de contrats en Algérie, vendre plus d’armements, avoir des milliards de dollars pour sauvegarder ce que la crise financière a infligé à leur pays. D’ailleurs, le gouvernement algérien a bien compris ce que les Anglais visent en contrepartie. Les visites répétitives ces derniers temps des ministres britanniques et algériens sont révélateurs.

La dernière visite du ministre de l’Energie à Londres rentre dans ce cadre, celle du ministre britannique de l’Intérieur à Alger aussi, même Abdelkader Messahal, ministre des Affaires maghrébines s’est rendu à Londres pour la même raison.

Cette intensification des visites obéit à une seule règle, à savoir négocier le prix de l’extradition de Khalifa vers l’Algérie. Rappelons également que les déclarations du ministre algérien de la Justice, Tayeb Belaïz, concernant l’extradition de Abdelmoumène Khalifa incitent à l’optimisme.

Il déclare, avant chaque décision du tribunal londonien, que cette fois-ci sera la bonne. Face à ces déclarations rassurantes, le ministre comme beaucoup d’Algériens ont été surpris par le énième report de la justice britannique. Cette fois-ci la surprise est de taille, on parle de la vie de Khalifa et on estime même qu’elle serait en danger s’il est extradé vers Alger.

Le prix de Rafik Khalifa est donc beaucoup plus important qu’on ne l’imagine. Les Britanniques sont malins, ils ont déjà tenté leur chance avec la Libye dans l’affaire de Lockerbie et la libération du Libyen Al Megrahi.

Ils ont bien négocié sa libération et tentent de faire de même avec l’affaire Khalifa. Un autre butin, d’autres milliards en jeu. Du côté de la justice britannique, l’affaire ayant pris un caractère politique, le juge lui-même n’a pas pu décider l’extradition.

A chaque report, les protagonistes dans l’affaire assurent, ou du moins espèrent, que c’est le dernier. A chaque fois, le ministère de l’Intérieur britannique demande et obtient le délai d’un mois. Les avocats de l’ancien milliardaire, actuellement en prison à Londres, et le gouvernement algérien étaient pourtant convaincus que le Home Office allait finalement se prononcer après avoir ajourné sa sentence plusieurs fois de suite.

En tout et pour tout, le département d’Alan Johnson a bénéficié de 5 reports, et le sixième sera dans deux jours. Depuis août 2009, soit deux mois après le verdict du tribunal de Westminster, favorable au transfert de Khalifa en Algérie, le Home Office devait se prononcer en confirmant ou infirmant la sentence du juge Timothy Workman.

Selon une source sûre proche du dossier, à la mi-mars dernier le département de Tayeb Belaïz a transmis au ministère de l’Intérieur britannique des notes comportant certains éclaircissements qu’il aurait demandés.

«Le Home Office veut s’assurer que Khalifa bénéficiera d’un procès équitable en Algérie», précise notre source. Si rien ne s’oppose à l’extradition de Khalifa, alors pourquoi le gouvernement britannique tarde-t-il à faire connaître son avis ?

Sofiane Abi