Accord de principe pour une trêve en Syrie,Brahimi, l’artisan de la paix

Accord de principe pour une trêve en Syrie,Brahimi, l’artisan de la paix

P121025-14.jpgMission accomplie pour M. Brahimi

S’exprimant hier devant le Conseil de sécurité, Brahimi a fait savoir que la trêve annoncée risquerait d’être contrariée par les réticences de certains groupes armés. Il réclamera par la même, un fort soutien de l’ONU, avertissant du risque d’une extension du conflit…

L’histoire se répète dit-on. Un siècle et demi après le geste de l’émir Abdelkader qui avait, en 1860, sauvé des milliers de chrétiens maronites d’un massacre certain, le destin aura voulu que c’est un autre Algérien qui réussira à mettre fin à la guerre fratricide en Syrie. Doucement, mais sûrement.

L’objectif semble être à la portée de l’émissaire international pour la Syrie, l’Algérien Lakhdar Brahimi, qui, au vu des derniers développements, serait en passe de gagner son pari. Celui de réussir une trêve entre les belligérants de la crise syrienne, à l’occasion de l’Aïd El Adha. Un pari qui, s’il venait à être tenu, ouvrirait des perspectives prometteuses, en vue d’une sortie d’un conflit, qui depuis son éclatement le 15 mars 2011, a fait près de 35.000 morts, selon l’ONG Osdh, basée en Grande-Bretagne.

Les premiers indices d’une détente sont encourageants. Ils ont été révélés par Brahimi en personne, qui a annoncé hier au Caire avoir obtenu l’accord du régime et de responsables rebelles sur une trêve. Alors que le ministère syrien des Affaires étrangères rendra publique sa décision finale aujourd’hui, les rebelles affirment qu’ils n’observeraient une trêve que si les troupes régulières cessaient en premier les hostilités, démentant, toutefois une telle trêve.

La trêve annoncée et voulue par Moscou et Téhéran, constituerait un prélude à un dialogue sérieux entre les parties en conflit. En effet, si les combats s’arrêtent durant les quatre jours de l’Aïd El Adha, il s’agira du premier cessez-le-feu respecté dans le conflit qui secoue la Syrie depuis 19 mois.

L’arrêt temporaire des hostilités est censé être consolidé afin de faire émerger un dialogue politique pour une sortie de crise. Aussitôt l’accord de principe d’une trêve arraché, l’Algérie a lancé, hier un «appel pressant aux frères syriens» pour la mise en oeuvre, à l’occasion de la fête de l’Aïd El Adha, de la trêve proposée par M.Brahimi.

«A 48 heures de la célébration de l’Aïd el-Adha, l’une des fêtes musulmanes les plus sacrées, nous réitérons notre appel pressant aux frères syriens et nous les exhortons à accepter la mise en oeuvre de la trêve proposée par M.Lakhdar Brahimi, envoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M.Amar Belani. Cette trêve permettra, ajoute le diplomate algérien, «au peuple syrien frère d’observer cette journée sacrée dans un climat de paix et de sécurité et de créer ainsi les conditions susceptibles d’ouvrir la voie à un processus politique visant à mettre fin au cycle de violences et à prendre en charge les aspirations légitimes du peuple syrien».

De son côté, la France a appelé à une «cessation durable des hostilités, avec un retour de l’armée syrienne dans ses casernes». Après donc, un mois de dénigrement et de campagne visant à saper sa mission, menée par les chaînes de télévision du Golfe (Al Jazeera et Al Arabiya) véritables caisses de résonance de l’Etat du Qatar et du Royaume d’Arabie Saoudite – Brahimi s’étant même permis des «sorties» très remarquées avec le Premier ministre qatari – l’«Algérien» parvient à tirer son épingle du jeu. Même le secrétaire général de la Ligue arabe, qui au début de la mission s’est montré sceptique quant aux chances de la réussite de Brahimi, est revenu à une plus juste lecture de la crise, appelant les deux parties à respecter la trêve annoncée.

«En cas de succès de cette initiative modeste, on pourra mettre en place un cessez-le-feu d’une plus longue durée et lancer un processus politique», a déclaré M. Brahimi, à l’issue d’un entretien avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. Une fois la trêve respectée par les deux parties, il ne resterait plus qu’à dépêcher des forces de maintien de la paix et de la surveillance du respect de ladite trêve.

L’ONU a annoncé travailler sur un projet de force de maintien de la paix, qui doit être approuvé par les 15 membres du Conseil de sécurité, profondément divisés, Moscou et Pékin protégeant leur allié syrien en utilisant leur veto. A noter qu’après la communauté internationale, Etats-Unis en tête, qui a accusé Moscou d’armer son allié le président Assad, le chef d’état-major russe, le général Nikolaï Makarov, a accusé, hier les rebelles d’utiliser des lance-missiles de fabrication américaine Stinger.

N’est-il donc pas temps que tous les pays qui approvisionnent les parties en conflit, en armes et en logistique, cessent de mettre le feu aux poudres? En somme, la réussite de la mission de Lakhdar Brahimi, outre l’exploit personnel de l’homme, est annonciatrice du retour de l’Algérie sur la scène internationale.