Accidents de la route, et si on parlait vrai..

Accidents de la route, et si on parlait vrai..

Accident_de_la_route_506657152.jpgLes responsables du secteur se sont succédé, emportant avec eux leurs vaines promesses, et les commis sont toujours là pour servir la même mixture, sans cesse présentée comme la dernière trouvaille du genre.

L’hécatombe continue, sans l’ombre d’une accalmie. Chaque jour apporte son lot d’accidents de la route au point que, ces derniers mois, on compte entre 20 à 30 morts par semaine. Une moyenne macabre qui est parfois dépassée, puisqu’on a vu le pic atteindre plus de 80 victimes pour la période indiquée.

Encore faut-il ajouter qu’il ne s’agit là que des morts enregistrés sur les lieux mêmes de l’accident et que les blessés évacués vers les hôpitaux dont malheureusement beaucoup décèdent peu après ne sont pas recensés par les services compétents.

Rien que pour la journée du vendredi dernier, l’accident survenu au niveau de l’échangeur de Sidi El Bachir, à l’entrée de la ville d’Oran, a ému toute l’Algérie parce qu’il a coûté la vie à une famille entière alors que d’autres drames ont également plongé dans la détresse d’autres personnes, à Tlemcen et à Alger, notamment. Cycliquement, des effets d’annonce sont consentis par les pouvoirs publics, en particulier le secteur des transports qui «gère», à travers le Centre national de prévention et de sécurité routière (Cnpsr), plutôt cahin que caha, cette tragédie annoncée: tantôt on parle d’un permis à points qui, depuis sa mise en oeuvre en 2012, s’est emmitouflé dans les oripeaux d’un simulacre soi-disant pédagogique, faute de disposer des fichiers nationaux de cartes grises et de permis tout court, d’ailleurs insuffisants en l’absence d’un autre fichier, bien plus décisif, celui des infractions, tantôt on agite la muleta d’une arme absolue nommée chronotachygraphe, le mouchard pour le parler vrai désormais de rigueur… Toutes ces belles idées, ces annonces tambour battant remontent à deux ou trois ans, sinon plus.

On attend toujours leur mise en oeuvre effective car, entre-temps, les responsables du secteur se sont succédé, emportant avec eux leurs vaines promesses, et les commis sont toujours là pour servir la même mixture, sans cesse présentée comme la dernière trouvaille du genre. En attendant, les Algériens vivent et meurent tous les jours sur les routes, les statistiques établies par la gendarmerie, la Dgsn dans les agglomérations urbaines et la Protection civile faisant l’objet de synthèses au niveau du Cnpsr dont les ambitions et les missions se limitent à quelques campagnes de sensibilisation dont chacun mesure aisément l’impact réel. Comme pour d’autres sujets qui fâchent, en particulier celui de l’autoroute Est-Ouest dont l’effet sur les accidents ne saurait être sous-estimé, les signaux d’alarme sont au rouge vif sans qu’aucun espoir de voir l’hécatombe s’estomper graduellement ne se dessine.

Tout au plus, le fait de mettre en garde contre le terrorisme routier et l’inertie patente des instances et des responsables chargés de son éradication suscitent-ils une défiance, sinon une rancoeur de quelques-uns habitués aux alcôves discrètes et enrichissantes des structures qui sont à l’origine du drame national: les auto-écoles, tributaires de normes et de règles surannées, d’une part, et les fameux «ingénieurs» du permis de conduire qui s’ingénient à perpétuer un système de corruption et de passe-droits, avec pour conséquence directe plus de 4500 morts sur les routes, publiquement proclamés chaque année.

Y a-t-il seulement une once d’espoir quant à la volonté des pouvoirs publics de nettoyer les écuries d’Augias?

Apparemment non, mais ne dit-on pas que tant qu’il y a de la vie…