Abdelaziz Bouteflika invité à quitter le pouvoir avec “fierté et dignité”

Abdelaziz Bouteflika invité à quitter le pouvoir avec “fierté et dignité”

bouteflika-malade-930_scalewidth_630.jpgDans un entretien accordé à la presse algérienne mercredi, l’ex-général Hocine Benhadid a appelé le président Abdelaziz Bouteflika à ne pas briguer un quatrième mandat. Il juge l’actuel chef de l’État incapable de garantir la « stabilité » du pays.

La guerre des clans n’en finit plus en Algérie. Le général à la retraite Hocine Benhadid, un ancien haut responsable militaire en Algérie, a appelé le président algérien Abdelaziz Bouteflika à partir « dignement » sans briguer de 4e mandat, dans un entretien publié mercredi 12 février dans deux journaux algériens.

« Voilà ce que je demande au président Bouteflika : il est venu avec le slogan […] « fierté et dignité », alors qu’il se retire avec (ce) slogan […], dignement et laisse l’Algérie reprendre son souffle », déclare Hocine Benhadid, ancien patron d’une des régions militaires, dans un entretien avec les quotidiens francophone « El Watan » et arabophone El-Khabar.

« Aucune crédibilité »

Le président, affaibli des suites d’au moins un AVC, a été hospitalisé 80 jours en avril 2013 à Paris. Appelé par ses proches et des chefs de partis à se représenter, Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, a jusqu’au 4 mars minuit pour briguer un 4e mandat après 15 ans de pouvoir.

Pour Hocine Benhadid, qui dit s’exprimer au nom de plusieurs collègues, le président « malade » et « otage de son entourage […] ne peut garantir la stabilité » du pays.

Il s’en prend particulièrement au frère du président, Saïd Bouteflika, « premier et principal acteur » du clan présidentiel, ainsi qu’à un de ses membres, le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major le général Ahmed Gaïd Salah. « Le chef d’état-major n’a aucune crédibilité et personne ne le porte dans son cœur », assène-t-il.

Le général Benhadid accuse ce clan « de jouer avec le destin de l’Algérie » afin de « sauver sa peau car la corruption a atteint des niveaux dangereux ».

Démissionnaire en 1996 en pleine guerre civile, Hocine Benhadid juge ce clan coupable de « trahison » pour s’en être pris, via le secrétaire général du parti présidentiel Front de Libération nationale (FLN) Amar Saïdani, au tout puissant chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Mohamed Toufik Mediene.

Le général « Toufik », ainsi surnommé, a diligenté des enquêtes approfondies sur la corruption et la presse regorge d’affirmations sur des centaines de dossiers en sa possession incriminant le cercle présidentiel.

« Toufik » appelé à démissionner

Partisan d’un 4e mandat pour le président Bouteflika, Amar Saïdani avait appelé « Toufik » à démissionner pour avoir failli à sa mission sécuritaire, une première en Algérie.

« Le DRS est une institution militaire et l’armée est l’ultime protecteur du pays. Si on porte atteinte à l’armée, le pays est en danger, donc c’est une trahison », estime M. Benhadid.

Après le crash meurtrier d’un avion militaire mardi 11 février, le président Bouteflika avait dénoncé des « tentatives de porter atteinte à l’unité de l’armée », dans un message adressé à la nation.