A l’APN, les islamistes rentrent dans les rangs

A l’APN, les islamistes rentrent dans les rangs

2231719.jpgC’est une décision renversante que vient de prendre aujourd’hui l’alliance de l’Algérie verte (AAV) à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du parlement.

Ce conglomérat de partis essentiellement islamistes dits d’opposition, emmenés par le MSP de Abderrazak Mokri, a en effet décidé d’intégrer les instances de l’APN ; c’est-à-dire les présidences des commissions spécialisées et les vices présidences. Une décision pour le moins surprenante surtout que ces partis dont figurent notamment le MSP, Islah et Ennahda avaient auparavant déclaré publiquement qu’ils allaient boycotter les structures du parlement.

C’était au début de l’été, juste après la fameuse réunion de la conférence nationale de l’opposition sur la transition démocratique initié par la coordination éponyme dont ces partis constituent le noyau dur. On pensait alors qu’ils allaient radicaliser leurs positions conformément à leur ligne de conduite depuis la présidentielle d’avril qu’ils avaient boycotté.

Coup de théâtre, puisque Abderazak Mokri et ses amis ont décidé de reprendre leur politique d’entrisme en occupant les strapontins de l’APN. Ce dernier, qui a promis une rentrée politique fracassante, vient ainsi de prendre tout son monde à contre-pied en envoyant ses députés dans les différentes commissions de l’Assemblée.

Opposant mais je participe !

Il n’est certes pas interdit de siéger dans ces commissions dés lors que les députés islamistes gardent encore leur mandat. Sauf que les dirigeants de l’alliance de l’Algérie verte se sont pris dans leur propre piége après avoir exclu toute participation dans les structures de l’APN.

Politiquement cela relève au mieux de l’inconséquence ou pire de l’opportunisme.

Prétendre jouer les chefs de l’opposition puis aller manger dans la soupe du pouvoir qu’on prétend critiquer n’est pas forcément une bonne ligne de conduite pour un parti politique. Qu’est ce qui a bien changé en effet depuis le moins de juin dernier pour que l’AAV calme son jeu et décide de rentrer dans les rangs ? Mystère. Par ce revirement, Abderrazak Mokri qui était un pourfendeur acharné de la politique participationniste de son prédécesseur, a prouvé ses limites.

C’est là une cuisante défaite de «l’opposition islamiste» et forcément une belle victoire du pouvoir qui a su attirer vers lui ceux qui lui menaient la guerre il y a quelques mois.

L’appel de Ould Khelifa

Le président d’APN M. Mohamed Larbi Ould Khelifa n’a d’ailleurs pas manqué aujourd’hui de faire un petit clin d’œil. «L’Assemblée poursuivra, lors de cette session, ses activités à l’effet de consolider le dialogue et la concertation entre les groupes parlementaires, majorité et opposition, la dynamisation de la diplomatie parlementaire au niveau des relations bilatérales et multilatérales», a-t-il déclaré dans une allocution à l’ouverture de la session d’autonome 2014.

Il a même invité les nouveaux ralliés à soutenir le projet de révision de la Constitution.

«Après plusieurs semaines de concertations, la porte demeure ouverte et l’objectif très clair, à savoir s’accorder autour d’une même Constitution consensuelle qui répond aux attentes des Algériens et fidèle à la déclaration du 1er novembre 1954», a-t-il lancé.

Qui sait, peut être que Mokri va mettre d’avantage d’eau dans son «leben» prochainement en décidant de reprendre langue avec le gouvernement. C’est connu, les islamistes en Algérie sont passés maîtres dans les retournements de vestes.