718 tonnes de blé, sion et maïs détournés par la mafia à Msila La sécurité alimentaire algérienne frappée en plein coeur

718 tonnes de blé, sion et maïs détournés par la mafia à Msila La sécurité alimentaire algérienne frappée en plein coeur

ble_983086264.jpgAprès avoir touché à toutes les formes de criminalité, les réseaux de malfrats se sont, cette fois, attaqués à la sécurité alimentaire du pays. C’est le cas à Msila où les gendarmes viennent d’alerter le wali du détournement de 718 tonnes de produits de base (blé, sion et maïs…).

La Gendarmerie nationale (GN) de Msila vient d’adresser une correspondance très importante dans laquelle elle alerte le wali en personne sur une nouvelle forme de criminalité, à savoir le détournement des moissons de produits de base, notamment de blé, le sion et le maïs, et ce vers des destinations inconnues.

C’est-ce qu’a dévoilé, jeudi passé, le colonel Mohamed Boussaid, commandant du groupement de la GN de Msila. C’est là une affaire d’Etat, car c’est la sécurité alimentaire algérienne qui est désormais en jeu.

Cela dit, les réseaux de trafic, tous genres confondus, ne reculent devant rien. Aujourd’hui, ils s’en prennent à l’économie nationale. Qui est derrière ces réseaux ? S’agit-t-il de lobbys ? Les réponses à ces questions seront dévoilées une fois que les enquêtes auront pris fin. Toutefois, cela prendre beaucoup de temps.

En attendant, revenons sur ce qui a été révélé sur cette affaire, lors d’un point de presse animé par le colonel Mohamed Boussaid.

Selon lui, ses unités ont saisi, lors des neuf premiers mois de l’année en cours, 4 263 quintaux de blé, 2 167 quintaux de sion, 450 quintaux de maïs et une autre quantité estimée à 297 quintaux de produits destinés à alimenter les poulets, tous détournés à des vocations mafieuses.

« Il s’agit d’une production stratégique subventionnée par l’Etat dans le cadre du développement du secteur de l’agriculture destiné aux agriculteurs, mais aussi pour assurer une meilleure sécurité alimentaire pour le peuple. Toutefois, il se trouve que cette production stratégique se voit détournée de sa vocation pour être livrée à des destinations toujours inconnues «, explique le colonel Boussaid.

Le conférencier ajoute : « Devant la montée du phénomène, nous avons très vite alerté le wali de Msila. Autrement dit, nous avons envoyé une correspondance au wali afin de l’interpeller sur le danger et, par la même occasion, demander une réunion urgente du comité sécuritaire afin de débattre le sujet et lui trouver des solutions rapides

«. En attendant, des enquêtes sont déjà lancées par les gendarmes afin d’élucider ces énigmatiques disparitions de moissons de blé, de maïs et de sion.

Aucune piste et aucune thèse ne sont écartées pour le moment, même celle d’un acheminement de cette marchandise en dehors du pays. Il se pourrait que d’autres pays de la région, notamment les pays voisins, aient bénéficié des produits de base algériens.

Cela dit, la sécurité alimentaire est désormais frappée de plein fouet par les réseaux de trafic. Et c’est justement à cause de cette nouvelle forme de criminalité que les prix des produits de base ont connu une nette augmentation sur le marché national. Cela arrive au moment où l’Etat a recouru à l’importation de blé afin de satisfaire la demande qui ne cesse d’augmenter chaque année.

On imagine aisément quelles peuvent être les conséquences de ce trafic sur l’économie nationale, que ce soit sur la sécurité alimentaire ou sur les prix de ces produits sur le marché algérien.

Msila, une ville à caractère agricole par excellence, est en train de subir les affres d’une mafia qui s’attaque désormais aux produits de base, et ce avec la complicité de certains agriculteurs, lesquels ont pourtant bénéficié de l’aide très précieuse de l’Etat, notamment dans le cadre des aides financières et des moyens à même de mener convenablement leur tâche (l’alimentation en eau, en électricité et en gaz, mais aussi des tracteurs et d’autres engins destinés à l’agriculture).

Cette wilaya, parmi les plus importantes dans le pays en matière de produits de base – le blé notamment – est en train, également, de subir une autre forme de criminalité. Il s’agit du vol de cheptel. En effet, 2 489 têtes de bétail ont été volées par des bandes de malfaiteurs bien structurées qui agissent, souvent, durant la nuit.

Toutefois, les opérations menées par les gendarmes ont permis de récupérer 2 276 têtes de bétail et de procéder à l’arrestation de 31 personnes impliquées. « Nous avons mis en place un plan sécuritaire spécial Aïd-el-Adha 50 unités de la Gendarmerie nationale ont été enrôlées pour surveiller et sécuriser la ville de Msila des multiples tentatives de vol de cheptel.

Grâce à ce plan, nous n’avons pas enregistré un seul cas de vol de cheptel depuis plus d’un mois, car nous avons resserré l’étau sur les voleurs «, indique le colonel Mohamed Boussaid. Il ajoute : « Nous avons démantelé il ya plus d’un mois un dangereux réseau de vol de cheptel qui agissait dans la wilaya de Msila.

Ce réseau, composé de 14 membres dont 9 ont été interpellés, ont volé, à un éleveur à Msila, 766 têtes de bétail. Au cours de notre enquête sur le réseau, nous avons découvert que ce dernier était à l’origine de 18 affaires relatives à des vols de moutons durant l’année 2012 et que le réseau en question agissait dans sept wilayas limitrophes de Msila.»

S. Abi